Côte d’Ivoire – En dépit de la propagande la plage de Bassam désespérément déserte

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Par Connectionivoirienne.net

Reportage – Grand Bassam

Il faut encore du temps pour que les plages de Bassam reprennent vie. Deux semaines après l’attaque djihadiste perpétrée dans la ville balnéaire, les convois en provenance d’Abidjan les weekends, les longues files de véhicules de particuliers qui créaient d’interminables bouchons à partir d’Abidjan, tout cela n’est plus d’actualité à Grand Bassam. Ce samedi 26 mars 2016, entre 11 h et midi, beau temps ensoleillé, temps des amoureux de la plage, seuls quelques curieux, des commerçants d’objets d’art et des jeunes qui vivent des activités de guide, de photographes et autres sont présents. Ils se tournent les pouces, faute de clients. Ces jeunes qui ont vécu les événements du 13 mars 2016, sont toujours prêts, chacun avec son art, à vous conter l’attaque dans les moindres détails.
L’hôtel « Etoile du sud » est ouvert, le personnel au complet, mais la clientèle traine encore les pieds. Pourtant la réceptrice qui se confie à nous, garde son optimisme de commerciale. « Les clients viennent », lâche-t-elle quand nous l’interrogeons sur la fréquentation. Le sous-sol de cet établissement avait sauvé des vies le 13 mars. Beaucoup en provenance de la plage y avaient trouvé refuge.

Aux entrées, du côté des vendeuses de maillots de bain et autres tenues de plage, les policiers veillent, assis dans des chaises, fusils kalachnikov en bandoulière. Ils ne veulent pas en rajouter à la peur de ceux qui ont encore le courage de venir en ce lieu. Donc pas de fouilles, pas d’entraves. « Je croyais que tout le périmètre serait occupé par les forces de l’ordre pour nous rassurer », s’étonne un abidjanais face à ce dispositif de sécurité. Toutefois, des patrouilles de la police nationale (Crs et Bae) sont visibles dans la ville. Elles vont et viennent de part et d’autre du pont qui relie le quartier France du reste de la ville.

Sur le sable chaud de la plage, bercé par un vent frais et la musique incessante des vagues, les paillotes faites en matériaux locaux attendent désespérément des clients. Le 13 mars, nombreux sont ceux qui avaient été surpris par les assaillants sous ces abris de fortune. Un jeune homme raconte que, avec l’ampleur des coups de feu, ceux qui ont eu le réflexe de courir jusqu’à la terre ferme ont pu se sauver. Par contre, ceux qui, fauchés par le sable, ont préféré se coucher, ont été les proies faciles des assaillants. Ils les ont abattus sans ménagement.
« Tout le monde a peur… c’est une affaire de fusil »

Les récits des témoins donnent froid dans le dos. Pourtant, ils sont loin de décourager Fanta Sidibé qui vient sur cette plage pour la première fois, par curiosité, selon elle. « C’est un peu calme, on ne sent pas trop de mouvements. Les gens ont encore peur mais bon… Je pense que petit à petit les gens vont se remettre. Moi je crois qu’il ne faut plus avoir peur, c’est fini, ça ne va plus recommencer », dit-elle. Des propos qui contrastent d’avec ceux d’un marchand d’objets d’art, Oumar Gueye. «Pour le moment nous n’avons pas de clients. J’étais à Modeste (banlieue de Bassam) et là-bas aussi tout le monde se plaint de la baisse des activités (liées au tourisme). Tout le monde a peur et pour pouvoir nous nourrir, on a des problèmes maintenant. Je souhaite que les choses reviennent à la normale, nous voulons la paix. Cependant, je ne peux pas dire à quelqu’un de venir ou de ne pas venir. C’est une affaire de fusil, on ne joue pas avec ça », fait savoir Oumar, l’air anxieux.

A Bassam, les appels des autorités et la grande communication positive pour rassurer, sont loin de produire leur effet. Les abidjanais se méfient encore de la plage, les bassamois aussi. Ce n’est pas pour rien. Les terroristes ont tué près de 20 personnes en quelques minutes le 13 mars 2016. Un souvenir douloureux que rappellent les nombreuses gerbes de fleur posées contre le mur de l’Etoile du Sud, à défaut d’une stèle digne de ce nom. De nombreuses gerbes de fleur parmi lesquelles, celle déjà fanée de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, l’homme pour qui la seule solution contre les djihadistes reste la force. Il l’a dit à Abidjan le 19 mars dernier.

SD de retour de Grand Bassam

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