Air Côte d’Ivoire San-Pedro – Malgré les dessertes la voie d’accès à l’aérogare suscite la peur

a1a48b783d9b9baacbd9bd1a7de067a0_XL

(MAGAZINE)

Par Manuella Yapi

Le 21 novembre 2014, Air Côte d’Ivoire a effectué le vol inaugural de ses dessertes reliant la capitale économique Abidjan à San-Pedro et jusqu’au 28 février ce sont 4.510 voyageurs qui ont été enregistrés sur cette ligne avec en moyenne 28 passagers par vols pour 67 sièges disponibles.

Bénédicte, habitante du quartier Jules Ferry situé près de l’aérogare de San Pedro dans le sud-ouest ivoirien, arrête un taxi pour rentrer chez elle après un quart d’heure d’attente: »je n’avais pas envie de marcher aujourd’hui mais je ne pensais pas en trouver aussi vite », dit-elle au chauffeur avec un sourire.

« C’est difficile d’avoir un taxi en passant par la zone industrielle. Ceux qui empruntent cette voie pour aller à l’aéroport ont tous les problèmes du monde », ajoute-elle, se moquant à l’idée d’imaginer des passagers des vols de la compagnie aérienne nationale, Air Côte d’ivoire, embarquer tout en sueur après une longue marche sous le soleil.

Pris d’un fou rire, le chauffeur, Hamed, soutient que ce scénario est improbable: « ils se débrouillent pour avoir un véhicule. Quelqu’un qui peut voyager par avion peut bien s’acheter ou louer une voiture », à défaut d’emprunter un taxi « en course » selon lui.

La voie non bitumée qui relie la zone portuaire à cette aérogare par le « Rond-point de l’aéroport », dont la distance est évaluée à plus d’un kilomètre selon Hamed, est très peu fréquentée par des véhicules de transport en commun pour diverses raisons.

« Je passe rarement par ici. Seulement quand je n’ai pas fait une bonne recette et que les clients me prennent pour une course (1.000 Fcfa au minimum contre 200 Fcfa le tarif normal) », affirme-t-il ajoutant qu’il espérait que cette rue serait bitumée lorsqu’il a appris que Air Côte d’Ivoire allait desservir la seconde ville portuaire du pays.

Motocycles et vélos comme moyens de déplacement

La voie qui mène à l’aéroport passe par des quartiers comme Jules Ferry, Plaque Air Ivoire ou encore Aéroport, où, habitués à ne pas voir des taxis circuler en masse, les habitants se déplacent la plupart du temps en motocycles ou en vélo, comme Vincent.

Cet habitant du quartier Aéroport âgé de plus d’une trentaine d’années qui rallie son domicile aux principales artères de la ville sur un vélo, avance que la seule gare où les taxis qui empruntent la rue de l’aérogare sont regroupés est située au grand-marché.

« Ici nous sommes tous habitués à marcher. Ceux qui ont des motos ou des vélos ont plus de chance », souligne Bénédicte qui s’était couvert le nez à l’aide d’un mouchoir pour ne pas aspirer la poussière que le taxi d’Hamed soulève sur son passage.

La crainte de l’insécurité

« La véritable raison pour laquelle je n’aime pas emprunter la voie de l’aéroport, c’est l’insécurité. Les gens agressent facilement dans cette zone », explique Hamed qui dit se préoccuper de la sécurité de ses clients : »je peux me défendre mais ce n’est pas le cas pour tout le monde ».

Vincent abonde dans ce sens et soutient que « plusieurs chauffeurs de taxi ont été victimes d’agressions sur cette voie », ajoutant que la cause de cette insécurité réside dans le mauvais état de la voirie et le manque d’éclairage dans cette zone.

Même s’il reconnait que les soldats de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI) « grattent par moment la route » et que la visite d’Etat du président ivoirien Alassane Ouattara a fait pousser un « ouf de soulagement », Vincent estime que ce n’est pas suffisant : « ce que la population recherche, c’est le goudron et le courant ».

Le bitumage n’est certes pas effectif mais des changements ont été constatés en ce qui concerne l’électrification de la rue principale qui mène à l’Aérogare, car elle a été mise sous tension « deux jours avant l’arrivée de M. Ouattara » le 04 mars, après « une décennie » dans l’obscurité, selon lui.

MYA

Commentaires Facebook