Affaire Alafé contre Assalé, le Procureur réclame 20 millions à l’Éléphant Déchaîné

tiemoko-asale

Par Assalé Tiemoko

Affaire Alafe réclame dix millions a Assale Tiemoko – Quand le procureur perquisitionne l’esprit d’Assalé Tiemoko.

Poursuivi par Alafé Wakili, patron du journal l’Intelligent d’Abidjan pur un article publié le 10 septembre 2013 dans les colonnes de « Éléphant Déchaîné ».

Le 6 juin, à l’ouverture du procès, la présidente du tribunal a demandé à Alafé Wakili, ce qu’il reprochait à Assalé Tiémoko.

Alafé Wakili a répondu, la main sur le coeur, que Assalé Tiémoko a écrit un article dans lequel il dit que le ministre Gnénéma Coulibaly lui a remis de l’argent. Et que cela a porté atteinte à son honneur, à sa dignité.

La présidente du tribunal a alors demandé à Alafé Wakili de lui montrer le passage dans l’article incriminé où il est écrit qu’il a reçu de l’argent du ministre.

Alafé Wakili a alors lu certains passages de l’article qui signifient selon lui, qu’il a reçu de l’argent du ministre. Notamment le passage suivant: « Devant ces révélations, l’éléphant est obligé de différer la parution de son article, le temps de laisser le ministre remercier comme il se doit l’intelligent d’Abidjan ».

A la suite de sa réponse, Prenant la parole, le procureur de la République, après les passages du texte lus par Alafé Wakili, a reposé de nouveau la question à ce dernier: « Madame le président, monsieur Alafé peut-il nous montrer dans le texte, le passage exact où il est dit qu’il a reçu de l’argent de la part du ministre? »

Et Alafé Wakili a voulu relire les mêmes passages qu’il venait de lire après la question de la présidente. Mais après un échange entre l’avocat d’Alafé et celui d’Assalé Tiémoko, puisqu’on tournait en rond sans retrouver le passage exact dans l’article où il est écrit le mot argent, l’Avocat d’Alafé a demandé à la présidente du Tribunal d’autoriser le passage direct aux plaidoiries et que dans sa démonstration, dans son commentaire de texte comme cela se fait en classe de terminale suivant ses propres termes, la présidente comprendrait tout.

A Assalé Tiémoko qui est le prévenu, qui est la personne poursuivie, aussi incroyable que cela puisse paraître, aucune question n’a été posée par le procureur, ne serait-ce que pour lui demander son avis sur le sens des passages lus par Alafé. Absolument aucune question.

Mais les plaidoiries n’ont pu avoir lieu ce 6 juin parce que le procureur a dit qu’il lui fallait un peu de temps pour se préparer avant de prendre ses réquisitions, c’est à dire, pour dire si oui ou non, les faits reprochés par Alafé Wakili à Assalé Tiémoko sont avérés ou non.

L’audience a donc été renvoyée au 27 juin pour que le procureur se prépare.

Le 27 juin, après le « commentaire de texte » de l’avocat d’Alafé, lequel a demandé des dommages et intérêts à hauteur de 10 millions de FCFA pour réparer le préjudice moral qu’aurait subi Alafé Wakili du fait de cet article de l’éléphant déchaîné, la parole a été donnée au procureur pour ses réquisitions. Mais ce dernier a sollicité un autre renvoi pour terminer sa préparation. Et l’audience, de nouveau, a été renvoyée au 11 juillet.

Ce jour, 11 juillet donc, le procureur a enfin pris ses réquisitions.

Pour lui, dans l’article incriminé, il y a un passage qui, démontre de son point de vue que Assalé Tiémoko a voulu dire que Alafé Wakili a pris de l’argent avec le ministre Gnénéma Coulibaly et que cela transparaît dans le mot « remercier’ qui se trouve dans le passage: « Devant ces révélations, l’éléphant est obligé de différer la parution de son article, le temps de laisser le ministre remercier comme il se doit l’intelligent d’Abidjan ».

Pour le procureur donc, Assalé Tiémoko, en employant le verbe « remercier », a voulu dire que Alafé Wakili « est corrompu », « qu’il monnaie ses articles ». « Quelle est la nature de ce remerciement? » S’est-il interrogé avant de conclure: « Peu importe la nature du remerciement, il y a diffamation, il y a atteinte à l’honneur de monsieur Alafé Wakili ».

Et sur la base de sa propre subjectivité, de sa propre interprétation de ce que Assalé Tiémoko a voulu dire par « remercier », alors qu’il aurait pu poser la question à ce dernier pendant l’instruction à la barre pour connaitre son interprétation à lui, il a demandé au tribunal de le déclarer coupable des faits de diffamation et de le condamner à payer 10 millions d’amende à l’Etat de Côte d’Ivoire. Cela fait donc 20 millions en tout. 10 millions pour laver l’honneur d’Alafé et 10 millions pour l’Etat.

Après la plaidoirie de l’avocat d’Assalé Tiémoko qui a demandé comment le procureur a fait pour savoir ce que pense Assalé Tiémoko sans lui avoir posé la moindre question pendant les débats, alors qu’on demande 10 millions, le délibéré a été renvoyé au 17 octobre 2014. Tous les détails (la réquisition complète du procureur et la plaidoirie de l’avocat d’Assalé Tiémoko), dans le journal du mardi 15 juillet.

 » Monsieur le procureur aurait pu poser la question à Assalé Tiémoko pendant les débats pour savoir sa version sur le sens du mot remercier. Peut-être même que le procureur aurait pu utiliser la réponse d’Assalé Tiémoko pour le piéger. Mais non, il ne lui a posé aucune question et aujourd’hui, il vient nous sortir que Assalé Tiémoko a voulu dire qu’Alafé a reçu de l’argent de la part du ministre parce qu’il a utilisé le mot remercier. Mais comment sait-il cela? Comment peut-il interpréter la pensée profonde d’Assalé Tiémoko sans la connaitre? (…) Et on demande 10 millions d’amende sur la base de cette interprétation. Mais où est le fait précis qui constitue la diffamation? Dire merci, c’est une diffamation? Dire chapeau bas, c’est une diffamation? Où est-ce qu’il parle de remise d’argent? (…) Si c’est la peau d’Assalé Tiémoko et de son journal que vous voulez, c’est votre droit, mais cherchez au moins des faits plus sérieux que cela…La plainte d’Alafé Wakili est une basse vengeance. C’est parce qu’il a été condamné par le Conseil national de la presse pour tentative de corruption sur la personne d’Assalé Tiémoko, qu’il tente de se venger en ayant malheureusement comme bras séculier, la Justice » A dit l’avocat.

Pauvre Assalé Tiémoko …ainsi donc, à son insu, son esprit a été perquisitionné par le procureur de la République pour ressortir ce qu’il pensait en écrivant le mot « remercier’ . C’est une performance que malgré son esprit satirique, il se verra bien obliger de saluer…

Précisons qu’Assalé Tiémoko ne risquant aucune peine d’emprisonnement même s’il est déclaré coupable, c’est manifestement à sa poche qu’on veut s’en prendre. 10 millions d’amende et 10 millions de dommages et intérêts…ça fait 20 millions de FCFA.

On verra bien ce que décidera le tribunal le 14 octobre. Trois mois, ça leur laisse du temps nécessaire pour réfléchir…sur une plainte d’une vacuité saisissante.

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook