Côte d’Ivoire – Blé Goudé dans la presse hollandaise “Je retournerai…c’est sûr”

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Photo AP

 

Blé Goudé: Je retournerai
un ancien ministre ivoirien devant la Cour pénale de La Haye

Par Seada Nourhussen, version originale dans le quotidien néerlandais Trouw du 28 mars 2014 au tirage de 92.000 exemplaires.
Traduction : Connectionvoirienne.net [Gbansé Douadé Alexis]

C’est rarement qu’un suspect se comporte avec autant de certitude et de confiance dans une salle d’audience de la Cour Pénale Internationale [CPI], comme le fit l’Ivoirien Blé Goudé. C’est le point levé et un sourire triomphant aux lèvres que l’ex ministre de la Jeunesse, âgé de 42 ans est apparu , hier [27 mars 2014] à sa première audience, après qu’il ait été transféré le weekend dernier par le gouvernement ivoirien à la CPI.

Ne manquant pas de saluer ses sympathisants présents dans les tribunes [galeries] réservées au public et de leur envoyer des baisers.

En tant que protégé de l’ex président Laurent Gbagbo [68 ans], détenu depuis plus de deux ans dans une cellule de la prison de Scheveningen, accusé de meurtres, viols et de persécutions, Blé Goudé est poursuivi pour crimes contre l’humanité. Sous le règne de Gbagbo, Goudé aurait entre décembre 2010 et avril 2011, joué un rôle central dans les violences qui ont suivi les élections ivoiriennes contestées.

Gbagbo qui avait perdu les élections, refusa de rendre le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, l’actuel président de la Côte-d’Ivoire. Cinq mois durant une guerre civile opposa les partisans des deux rivaux. Ceux de «l’autochtone» et chrétien ex président Gbagbo à ceux de son successeur «l’allochtone» et musulman Ouattara, dont le père est originaire du Burkina Faso. La guerre va coûter la vie à 3000 personnes.

Selon la CPI, Goudé en tant que leader des Jeunes Patriotes, était responsable des recrutements des jeunes ivoiriens qui souhaitaient prendre les armes. Son appellation «le général de rue» n’est pas un hasard. Juste après le résultat des élections, il appela les jeunes à se faire recruter dans l’armée. Des milliers de ceux-ci se rendront au stade de l’état-major de l’Armée se faire enrôler. Scandant des slogans tels que «les rebelles vont mourir».

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Après le départ forcé de Gbagbo en avril 2011, Goudé restera deux ans dans la clandestinité, jusqu’à ce qu’il soit arrêté l’année dernière au Ghana puis écroué en Côte-d’Ivoire, accusé de crimes de guerre.

Sans que cela ne soit nécessaire, il déclara hier [27 mars 2014] devant la Juge Silvia Fernandez qu’il est «injustement accusé». Il affirma qu’il «retournera chez lui» tout en lançant «être pro-Gbagbo et fier de l’être». Les mêmes messages étaient aussi destinés à ses supporters. Il donna l’assurance à la Juge qu’il fera la lumière sur le conflit qui déchira la Côte-d’Ivoire, non sans dénoncer la manière dont il fut arrêté «dans son sommeil». Comme profession, il se présenta comme «Consultant en communication politique».

Les connaisseurs estiment que sa sérénité est compréhensible. La CPI est selon eux pour Goudé une option bien meilleure qu’une cellule de prison en Côte-d’Ivoire, avec des conditions de vie meilleures et une audience plus grande.

Entre temps, son transfèrement à La Haye divise profondément son pays d’origine. L’opposition, en partie pro-Gbagbo, accuse le pouvoir d’Abidjan et la CPI de pratiquer «une justice des vainqueurs». En effet, les combattants de l’actuel président Ouattara, eux aussi accusés de crimes de guerre après les élections, ne font l’objet d’aucune poursuite.

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