Par Kra Bernard L’Expression
Après le 12ème congrès du Pdci-Rda et la nomination des cadres au sein des instances du parti, le président Bédié fait à nouveau face à une nouvelle fronde : la ‘‘Guerre des frustrés’’
Les lampions se sont éteints sur le 12ème congrès du Parti démocratique de Côte d’Ivoire qui s’est tenu du 3 au 6 octobre à Abidjan. Deux semaines après ce congrès dit du«Renouveau, de la renaissance et du rajeunissement», ce n’est certes pas l’implosion du parti fondé par Félix Houphouët-Boigny, mais des grincements de dents se font entendre après les choix opérés par Bédié dans les instances du parti. Des militants qui figuraient dans le bureau politique d’avant congrès et qui ont été laissés en rade ont commencé à râler dans la presse. Il est vrai que tout choix est arbitraire. Il est aussi vrai que le président du parti ne peut pas coopter tout le monde dans les instances du parti, mais après le 12ème congrès, Bédié risque de faire face à une nouvelle crise, celle des frustrés.
D’abord, certains n’ont pas admis la présence d’artistes qui ne chantent qu’aux meetings au sein du bureau politique alors que des cadres qui étaient délégués restés loyaux jusqu’au bout ont été remerciés sans ménagement. Dans les couloirs du siège du Pdci à Cocody, l’on évoque même une guerre des clans qui fait rage pour l’après Bédié. Certains militants, formels, indiquent que le Sphinx de Daoukro a été pris en otage par son entourage immédiat. Raison pour laquelle ces derniers ont bataillé pour faire entrer leurs poulains au bureau politique en vue de la guerre qui va s’ouvrir après le départ de Bédié de la tête du parti. Autant le dire tout net. Dans les livraisons de la presse nationale hier, même les journaux proches du Pdci-Rda ont rapporté l’ambiance délétère qui règne au sein du parti. Le Dr Elété Aka, anciennement membre du bureau politique, qui a contribué à la rédaction du document des réformes, a été remercié. Mais ce dernier n’a pas mâché ses mots.
Pour lui, le malaise est profond.
«Nous avons été de ceux qui ont farouchement combattu pour dire qu’il faut soutenir le président Henri Konan Bédié, parce que nous pensons que c’est la personne capable de faire retrouver au parti sa cohésion, jusqu’à sa maturation. Et nous avons parcouru la Côte d’Ivoire pour cela. Alors, passé cette étape, j’ai été vraiment étonné deconstater que mon nom ne figure pas sur la liste des nouveaux membres du bureau politique, d’ailleurs qui est passée de 250, comme souhaité par le 12ème congrès, à 400 membres. C’est une déception. Je pense qu’au niveau du parti, il faut voir et mettre en avant la valeur et la qualité des gens, ce qu’ils peuvent apporter au parti pour son évolution », a-t-il déploré avant de se faire plus incisif: « Je pensais que le combat des clans était fini et que la cohésion était en train d’être faite, mais je vois qu’il y a des gens encore, certainement pour des échéances futures, qui essaient d’asseoir des équipes qu’ils peuvent manager, qu’ils peuvent manipuler. Alors tous ceux qui peuvent être jugés réfractaires, il faut les éliminer ou ne pas leur permettre de pouvoir agir au sein du parti. Nous avons beaucoup de respect pour le président, mais il doit faire attention parce qu’il y a beaucoup de problèmes de personnes qu’il connaît et qu’il a toujours dénoncés. Parce que, je suis sûr, si le président Bédié n’y prend garde, cela risque d’avoir des répercussions dangereuses pour notre parti ». Du côté des jeunes, la grogne est aussi perceptible. La coordination des transporteurs du Pdci-Rda a pris les devants de la fronde pour dénoncer des nominations à la tête du client. Sanogo Lassina, président de cette coordination, digère mal le fait que des cadres qui font beaucoup pour le parti soient laissés-pour-compte dans la formation du nouveau bureau politique. « En certains lieux, il y a eu des injustices dans la nomination des membres du bureau politique. Pour le cas de Cocody que nous connaissons très bien, le maire N’Goan Aka Mathias, qui est la figure emblématique du Pdci à Cocody, n’a pas été reconduit alors que le dernier congrès aindiqué que tous les maires Pdci sont de facto délégués dans leur commune. Pourquoi faire du deux poids, deux mesures ? », s’est interrogé Sanogo Lassina avant de déplorer le cas de Kouadio Jules qui s’occupait des mandats du 12ème congrès qui n’a pas été non plus pris en compte dans la formation du nouveau bureau politique. Au regard de tous ces faits, Sanogo Lassina et les transporteurs du Pdci-Rda entendent faire un sit-in le lundi 28 octobre devant la résidence du président du parti à Cocody pour crier leur ras-le-bol. Dans plusieurs délégations de l’intérieur du pays, la grogne des militants est aussi perceptible.
Mais ces derniers, guidés par l’idéologie de paix, n’osent pas exprimer de façon véhémente leur colère. Comme on peut donc le voir,après le 12ème congrès, Bédié est sur un volcan qui peut entrer en éruption à tout moment. Après avoir remporté la guerre contre Mady et KKB, la ‘‘Guerre des frustrés’’ risque de lézarder le doyen des partis politiques ivoiriens.
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