Drame de Lampedusa: Et pendant ce temps en Afrique…

uaa

…Par André Silver Konan

Il y a quand même quelque chose de tragiquement ahurissant dans le drame de Lampedusa, qui a vu au moins 300 Africains, majoritairement des Subsahariens, périr dans les vagues tumultueuses de la Méditerranée. C’est le mépris assourdissant de nos dirigeants africains.

Voyez-vous, l’Italie a décrété des funérailles nationales pour des gens qu’elle ne connait ni d’Adam, encore moins d’Eve. Les habitants de la petite île « martyre » font marches sur marches, pour obtenir plus d’égard des Européens pour les migrants. Les ministères européens de l’Intérieur se sont réunis d’urgence, le 8 octobre, un Conseil européen consacré à l’immigration se réunira fin octobre.

Et pendant ce temps en Afrique, que fait-on ? A l’initiative de notre bienveillante Union africaine, qui se comporte comme si ce drame ne concernait que les Européens, nous cherchons à sortir d’une institution, qui rien qu’à son évocation, freine quelque peu, nos dirigeants, si prompts à appuyer davantage sur la gâchette, en direction de leur peuple.

Reposez en paix, naufragés de Lampedusa, pour vos dirigeants, votre mort ne vaut pas mieux que votre vie…et vice-versa !

André Silver Konan
Journaliste-écrivain

blank
Les dépouilles des victimes du naufrage près de Lampedusa dans un hangar de l’aéroport, le 5 octobre. Le président du conseil italien a annoncé qu’elles recevraient des funérailles nationales. (Photo Antonio Parrinello. Reuters)

3300 migrants morts à Lampedusa depuis 2002

Comptabiliser le nombre de migrants morts en voulant rejoindre l’Europe n’est pas une tâche aisée. Quelques initiatives existent: les chiffres sont accablants.

La mer engloutit, et ne laisse souvent aucune trace de son crime. C’est le drame des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe par des voies maritimes. A la solde des passeurs, ils sont des milliers à tenter une traversée en bateau, sans l’assurance de regagner la rive. Comme le souligne le blog Bug Brother, hébergé sur le site du Monde, «on ne saura jamais exactement combien de migrants sont morts en cherchant à gagner les frontières de l’Europe.»

L’ONG United against racism et un journaliste italien, Gabriele del Grande, ont tenté de palier ce vide statistique. En croisant plusieurs coupures de presse et des rapports d’ONG, ils sont arrivés à chiffrer le drame qui se joue aux portes de l’Europe.

«L’ONG estime ainsi le nombre de “morts aux frontières de l’Europe” à 17.306, depuis 1993; le journaliste à 19.142 depuis 1998, dont 2352 en 2011, et 6 835 dans le seul le détroit de Sicile, où se trouve Lampedusa.»

L’auteur du blog note que depuis 2002 les estimations de l’ONG et du journaliste se rejoignent sur un chiffre: 3.300 migrants sont morts depuis cette date au large de l’île italienne. Le 3 octobre dernier, au moins 300 personnes ont péri à quelques encablures des côtes de Lampedusa, cimetière marin pour des réfugiés en détresse.

«Lampedusa concentrerait ainsi, à elle seule, plus de 17% des 18.000 à 20.000 réfugiés morts aux frontières de l’Europe recensés depuis le milieu des années 90», poursuit le blog Bug Brother.

Pour de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, ces dizaines de milliers de morts sont la conséquence de la fermeture des frontières extèrieures de l’Europe.

«L’Union européenne doit sortir de sa logique sécuritaire et renouer avec les valeurs qu’elle prétend défendre”, parce que “le drame de Lampedusa n’est pas une fatalité”, mais bien la conséquence d’une “guerre menée par l’Europe contre les migrants», dénonçent plusieurs ONG dans les colonnes de Libération.

Lu sur le blog Bug Brother

[Facebook_Comments_Widget title=”” appId=”144902495576630″ href=”” numPosts=”5″ width=”470″ color=”light” code=”html5″]

Commentaires Facebook