Après 15 ans de silence, L’enfant Yodé annonce son retour avec un nouvel album enraciné dans la pure tradition zougloutique. Il en profite pour régler ses comptes avec le coupé-décalé, premier conçurent du zouglou au titre des rythmes urbains. Entretien.
Notre Voie : Où en êtes-vous avec la préparation de votre quatrième album ?
L’enfant Yodé: Je suis en train de mettre la dernière main à pâte.
Notre Voie : Où en êtes-vous avec la préparation de votre quatrième album ?
L’enfant Yodé : Je suis en train de mettre la dernière main à pâte. Disons que le produit est fini. Il ne me reste plus qu’à le mettre sur le marché pour le bonheur des zouglouphiles. Rendez-vous donc dans deux mois.
N.V. : Comment avez-vous baptisé ce bébé ?
L.Y. : L’album a un titre, mais je préfère ne pas le dévoiler maintenant.
N.V. : Pourquoi ce mystère ?
L.Y. : Je vais vous surprendre un jour. Restez à l’écoute.
N.N. : On peut quand même savoir le nombre de titres qui composent l’album et de quoi il parle ?
N.V. : Le disque comporte 10 titres. J’y évoque des faits quotidiens. C’est-à-dire l’amour, la femme, en somme tout ce qui se passe ici en Côte d’Ivoire et ailleurs.
N.V. : Y compris la politique ?
L.Y. : Non, je suis a-po-li-tique ! Je ne suis même pas vers où on fait de la politique.
N.V. : Un zouglou apolitique ?
L.Y. : Depuis que j’ai commencé ma carrière de chanteur, je n’ai jamais chanté politique. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que je vais le faire. Mon dernier titre, «Là, il est l’heure», sorti en 1998, le deuxième, «Parisien moisi», en 1996, et «Les Côcô», en 1992. Sur tous ces albums, vous pouvez le constater, pas un seul refrain se rapportant à la politique pour ou contre qui que ce soit.
N.V. : Qui a arrangé et produit cette future œuvre ?
L.Y. : Cet album dont j’assure la production, au prix de ma débrouillardise, porte les touches d’Olivier Blé et de Kacou Honoré. Des arrangeurs qui ne sont plus à présenter. On a travaillé au studio Junior Gotha.
N.V. : Que promettez-vous au public ?
L.Y. : Je promets d’envoyer une bombe sur le marché parce qu’on me connaît en tant que quelqu’un qui a toujours de bons trucs. C’est pour cela que j’ai travaillé longtemps dans l’ombre. Il y aussi la piraterie qui est un véritable fléau en Côte d’Ivoire qui m’inquiétait. Dans ces conditions, vous imaginez qu’aucun producteur ne peut investir à perte dans la réalisation d’un disque.
N.V. : Ces derniers temps, on a l’impression que le coupé-décalé est en train de supplanter le zouglou…
L.Y. : Le coupé-décalé est un dérivé du zouglou. Le coupé-décalé est venu d’ailleurs pour nous trouver, ici. Un ami me disait un jour : un enfant qui a fait 100 villes et un vieux qui a vécu 100 ans dans un village n’ont pas la même manière d’apprécier les choses. Je veux dire que celui a vécu 100 ans est un sage, alors que celui qui parcourt 100 villes n’est que quelqu’un qui aime se promener. D’ailleurs, le zouglou est l’identité musicale de la Côte d’Ivoire.
N.V. :Vous vous réclamez donc de ceux qui continuent d’entretenir la flamme du zouglou…
N.V. : Si je ne le fais pas, je m’en voudrais. Et puis, ils sont nombreux, les jeunes chanteurs zouglou qui sont en studio. Ils forment la réserve. Bientôt, après nous les doyens, ils sortiront à leur tour leurs albums. Et je voudrais faire cette précision de taille par rapport à votre question précédente : quand nous les zouglou venons sur le marché, c’est bien avec un album. On n’a jamais fait de single pour faire du tapage avec.
N.V. : C’est un peu méchant…
L.Y. : Non, ce n’est pas méchant, ce que je suis en train de dire. Sinon, un homme qui chante ne peut pas sortir un album toutes les semaines. Ça n’existe pas. Même un grand chanteur comme Michael Jackson (paix à son âme), artiste interplanétaire, il ne l’avait jamais fait de son vivant.
N.V. : Ils ont quand même leur public…
L.Y. : Ils sortent un album aujourd’hui, dansent, percent leur nez, portent des caleçons et on voit leurs Q. Les enfants se mettent à danser et font comme eux. Mais qu’est-ce que vous montrez aux enfants ? Nous on ne fait pas ça ! Le zouglou, c’est la conscience. C’est du zouglou qu’on devient commissaire de police, c’est du zouglou qu’on devient Pdg de société. Qu’on me montre un coupé-décaleur Pdg d’une société. Il n’y en a pas ! Donc le zouglou n’est pas le camarade de quelqu’un.
Entretien réalisé par Schadé Adédé
Notre Voie
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