Mali – Paris propose une résolution sur les casques bleus, les forces africaines sur la défensive

2013-04-15T192148Z_1_APAE93E1HSE00_RTROPTP_2_OFRWR-MALI-ONU-RESOLUTION-20130415

par Michelle Nichols et Louis Charbonneau

NATIONS UNIES (Reuters) – Le Conseil de sécurité des Nations unies étudie un projet de résolution qui autoriserait le déploiement au Mali d’une force de maintien de la paix forte de 12.600 casques bleus habilitée à requérir l’appui des soldats que la France entend maintenir dans le pays.

La résolution, rédigée par Paris et dont Reuters s’est procuré une copie, est placée sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui permet le recours “à tous les moyens nécessaires” pour protéger les populations civiles et stabiliser les principales villes du Mali, notamment dans le Nord.

Le texte pourrait être voté d’ici la fin du mois d’avril. Et le mandat de la Mission intégrée des Nations unies de stabilisation multidimensionnelle au Mali (Minusma) débuterait au 1er juillet pour un premier exercice de douze mois.

Une réunion d’experts des quinze membres du Conseil de sécurité est programmée mardi à New York pour discuter de la proposition de résolution.
Selon un haut responsable des Nations unies, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, la Minusma coûterait jusqu’à 800 millions de dollars par an et serait la quatrième opération de maintien de la paix la plus importante.

La France, appuyée par l’armée tchadienne, est intervenue militairement le 11 janvier dernier pour repousser les insurgés islamistes qui menaçaient de marcher sur Bamako.

DÉPLOIEMENT SOUMIS AUX CONDITIONS DE SÉCURITÉ

Le retrait des soldats français participant à l’opération Serval, qui a compté jusqu’à 4.000 militaires, a débuté mais Paris entend maintenir une force d’un millier de soldats à compter de la fin de l’année.
“Les forces françaises seront prêtes à fournir un soutien (aux casques bleus de la Minusma)”, a dit un diplomate de haut rang du Conseil de sécurité. “On ne peut pas demander à des casques bleus de s’engager dans des activités contre le terrorisme”, a-t-il ajouté.

Le projet de résolution prévoit cependant que le déploiement des casques bleus soit soumis à une évaluation des conditions de sécurité au Mali dans les 45 jours suivant son adoption.

Il dépendrait notamment de l’arrêt des opérations majeures de combat et d'”une réduction significative de la capacité des forces terroristes de représenter une menace majeure contre la population civile” des villes du Nord-Mali.

Si ces critères ne sont pas respectés au 1er juillet, le projet de résolution prévoit que le Conseil de sécurité réexaminera le calendrier de déploiement des casques bleus.
Le texte réclame aussi “des progrès tangibles dans le processus politique au Mali, qui sont d’une signification cruciale pour la réussite du déploiement et des opérations de la Minusma”.

Les autorités provisoires du Mali espèrent être en mesure d’organiser des élections en juillet, mais à l’Onu, diplomates et fonctionnaires estiment que ce calendrier est trop ambitieux.

Au total, la Minusma serait formée de 11.200 soldats et 1.440 policiers.

Les soldats français maintenus au Mali au terme du retrait de l’opération Serval seraient habilités à intervenir en soutien des casques bleus si ces derniers sont “sous une menace imminente et grave et sur requête du secrétaire général”.

Henri-Pierre André pour le service français


Mali : le chef des forces ouest-africaines sur la défensive

Par David Baché
lefigaro.fr

«Ce qui est essentiel, ce n’est pas de se mesurer aux troupes françaises.» Pierre Buyoya, représentant spécial de l’Union africaine et chef de la Misma (Mission internationale de soutien pour le Mali), peine à défendre ses hommes. Depuis plusieurs mois, les critiques sont nombreuses, qui pointent le sous-équipement, l’amateu­risme ou le manque de discipline des soldats ouest-africains. Dernière en date, la cinglante sortie de Michael Sheehan, un conseiller du secrétaire américain à la Défense, qui a tout simplement jugé la Misma «capable de rien».

Les forces françaises ont commencé cette semaine leur désengagement, et ce sont les troupes ouest-africaines qui doivent, aux côtés des Maliens, prendre progressivement le relais. D’où les nombreuses et cruciales interrogations sur leurs capacités réelles. «Nous avons décidé de venir au Mali avant même que les Français ne le décident, plaide Pierre Buyoya. Les événements ont fait qu’ils sont venus avant nous, avec plus de moyens, mais nous sommes arrivés dans la foulée et nous continuons notre montée en puissance.» Les troupes de la Misma comptent aujourd’hui 6300 soldats déployés dans tout le Mali, plus de 80 % de l’effectif total prévu. Jusqu’ici, l’essentiel de ces hommes était cantonné aux villes du sud du pays, où il s’agissait davantage de sécuriser des points stratégiques et des villes libérées que de combattre l’ennemi. Seuls les Nigériens et les Tchadiens participaient aux missions à risque.

Sécuriser les élections

Depuis quelques jours, les choses évoluent. «Les Tchadiens sont à Kidal depuis longtemps, rappelle Pierre Buyoya, mais aujourd’hui il y a aussi les contingents nigérien et sénégalais à Gao, et les soldats du Burkina Faso à Tombouctou.» Outre les personnels civils et militaires, des forces de police sont aussi censées être fournies par la Misma. Sur les quatre unités prévues, seule celle des Sénégalais est en place à Bamako.
«Nous avons un certain nombre d’insuffisances, reconnaît du bout des lèvres le chef de la Misma, mais nous faisons en sorte que notre capacité opérationnelle s’améliore. Nous travaillons dans les réalités qui sont les nôtres, affirme encore Pierre Buyoya, et personne ne peut douter de notre utilité au Mali.» De fait, les Maliens sont aussi nombreux à craindre la passation de pouvoir entre Français et soldats ouest-africains, qu’à être reconnaissants aux nations voisines de se mobiliser pour eux.
Si la Misma est une force principalement militaire, Pierre Buyoya rappelle qu’elle a aussi en charge le suivi du processus politique malien. «Nous allons continuer à soutenir le gouvernement dans sa démarche politique, assure Pierre Buyoya avec, en ligne de mire, la tenue des élections présidentielle et législatives du mois de juillet. «Il faudra des observateurs: nous serons là pour le faire. Il faudra sécuriser les élections: nous les sécuriserons. Il y aura aussi probablement, à un moment donné, des contentieux entre les acteurs maliens, ajoute enfin Pierre Buyoya, l’air de rien. Nous serons là pour faire la médiation.»

[Facebook_Comments_Widget title=”” appId=”144902495576630″ href=”” numPosts=”5″ width=”470″ color=”light” code=”html5″]

Commentaires Facebook