Côte d’Ivoire: Ouattara se met-il hors la loi ?

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Guineeconakry.info

Alors qu’il célèbre un second anniversaire qui ne fait aucunement consensus, le président ivoirien vient de formuler une requête relativement étonnante vis-à-vis du parlement ivoirien, en demandant à celui-ci de lui permettre de gouverner pour toute l’année et pour toutes les questions d’ordre économique et social, par ordonnance.

En d’autres termes, le numéro un ivoirien sollicite des députés mandatés par le peuple qu’ils renoncent à leur droit de regard sur ses propres agissements pour tout ce qui se rattache à l’économique et au social. Curieusement, ces derniers acceptent la doléance ! Certes, l’article 75 de la loi fondamentale ivoirienne autorise bien le chef de l’Exécutif à solliciter d’être exempté du contrôle parlementaire pour une période limitée. Mais dans le cas président, ce sont les raisons qui fondent une telle requête qui paraissent discutables. D’autant plus que la composition de l’actuelle assemblée nationale, largement acquise à la majorité au pouvoir à Abidjan, ne le justifie pas. Alors qu’à contrario, il n’est pas exclu que pendant cette période exceptionnelle, certaines dérives soient commises.

En premier lieu, on se demande bien quelle est l’urgence économique et sociale qui justifie qu’Alassane Ouattara veuille se passer du regard des députés ?

Une telle doléance aurait sans doute été plus compréhensible, si elle avait été formulée au lendemain même de la crise post-électorale. A l’époque l’économie ivoirienne était en effet au creux de la vague. Du point de vue social, la situation était également plus préoccupante. Paradoxalement, le président ivoirien attend d’être sorti de cette période d’incertitude politico-socio-économique pour solliciter d’être exonéré de tout contrôle.

Il attend d’avoir engrangé des acquis économiques incontestables pour prier les députés de renoncer à la seule mission qui leur est confiée par le peuple ivoirien. Ça manque de sens. Et comble de ridicule, ces députés se plient docilement à cette volonté. C’est là tout le danger des Assemblées monocolores !

L’autre paradoxe réside justement dans le fait que cette requête ait été formulée alors que la composition du parlement ivoirien ne le justifie point. En effet, avec 127 députés sur les 225 que compte le parlement, le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara dispose d’une large majorité. Sans oublier que le chef d’Etat ivoirien peut valablement compter sur les 77 alliés du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié.

Avec tous ces atouts, on se demande de nouveau quelles sont les véritables motivations de la sollicitation d’Alassane Ouattara ?

Car il est évident que ce n’est pas par une quelconque crainte d’un blocage parlementaire.

La seule explication qui demeure, c’est que le président ivoirien a simplement voulu se libérer de la tutelle des parlementaires. Peut-être pour le simple plaisir de le faire (!?). Mais il est également possible que ce soit pour des fins non encore avouées… Car il serait plus que prétentieux de penser qu’à lui seul, il pourrait mieux défendre les intérêts ivoiriens que tout un parlement réuni !

Mais de toutes les conséquences qui pourraient en découler, les députés eux-mêmes y seraient pour quelque chose. Car on ne peut et ne doit pas renoncer aussi facilement à son devoir. Qui plus est, quand on le tire directement du peuple.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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