C’est une exclusivité ‘’Jeune Afrique’’ dans son numéro de la semaine en cours, dont nous avons pu avoir de grandes lignes. Il s’agit des récentes rencontres des francs-maçons sur les changements de régimes en Afrique et notamment sur la tension qui prévaut sous le Président Ouattara en Côte d’Ivoire. Et c’est le Directeur de la Rédaction de l’hebdomadaire panafricain, François Soudan qui, dans un entretien à RFI hier dimanche, en a parlé avec passion. L’intégralité de son entretien.
Dernière Heure Infos du mardi 9 avril 2013
Les francs-maçons accusent Sarkozy Les graves révélations de J.A.
Cette semaine, à la Une de Jeune Afrique, il est question des nouveaux Franc-maçons. Dossier spécial consacré à la Maçonnerie. Laquelle, depuis quatre ans, en Afrique, évolue vers plus d’autonomie. Comme ont pu le constater les participants aux récentes rencontres dites du refrain qui se sont tenues à Kinshasa en février
dernier. La Franc-maçonnerie africaine évolue donc.
Mais comment et vers quoi évolue-t-elle ? Vous écrivez qu’en Afrique il y a beaucoup de maçons, mais bien peu de maçonneries. Pour quelles raisons ?
François Soudan : Ecoutez ! Regardez ce qui vient de se passer en Centrafrique ; la dernière crise centrafricaine. Vous avez le Président Bozizé qui est francs-maçon, le Président Sassou N’Guesso également, Idriss Deby Itno également, Ali Bongo Odimba aussi. Cela fait au moins quatre maçons dans la zone Cemac. C’est un ordre qui prône la solidarité, mais ça ne les a pas empêché de lâcher François Bozizé et voire même, pour l’un d’entre eux, de lui donner le coup de grâce. Alors, si Bozizé pensait que l’adhésion à la franc-maçonnerie était une assurance-vie pour le pouvoir, il a bien eu tort. C’est en constatant un peu cela si vous le voulez, que depuis deux, trois ans, il y a un mouvement de retour aux sources de la maçonnerie africaine menée par de jeunes cadres, des intellectuels, etc. qui prônent une maçonnerie d’en bas, débarrassée un tout petit peu de la françafrique, de ces pollutions collatérales que sont la sorcellerie, le fétichisme. Les nouveaux francs-maçons sont soucieux de prôner une bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme où l’ésotérisme rime avec progrès et humanisme. Ce qui va favoriser une franc-maçonnerie d’en bas contre celle des puissants.
Donc vous ne faites pas ce dossier pour vendre votre papier, mais parce qu’il se passe quelque chose ?
F.S. : Il se passe effectivement quelque chose. On était à l’intérieur de la 21e édition des refrains à Kinshasa du 6 au 9 février dernier. Les refrains sont des rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches entre tous les maçons du continent. On y a vu que les choses étaient effectivement en train de changer. Il y avait des délégués qui dénonçaient la Françafrique maçonnique, d’autres qui disaient attention mieux vaut aller vers d’autres loges. Notamment au Brésil, en Afrique anglophone, ou aux Etats-Unis. Dans le cas de la Côte d’Ivoire par exemple, tenez-vous bien, vous connaissez la grande Loge de Côte d’Ivoire sous la houlette du Grand Maître Magloire Clotaire Koffi, indéboulonnable et qui a parmi ses membres des gens connus, le ministre de l’Intérieur Bakayoko, le Directeur de cabinet à la présidence, Amon Tanoh, le Procureur de la République Kouadio Koffi. Tous ces gens-là sont dans cette Loge. Au cours d’une dissidence récente qui s’est faite, une cinquantaine de membres sont partis.
Et où est-ce qu’ils sont allés ?
Eh bien, ils sont allés chercher un adoubement, une patente à Prince Hall aux Etats-Unis qui est la Loge très influente chez les Africains américains, notamment à la CIA
et au Pentagone. Et qui est en train de s’étendre sur le continent. En parlant de la Côte d’Ivoire, ça a été le centre des débats lors de la Tenue blanche fermée qui s’est tenue le 18 janvier dernier au siège du Grand Orient de France, Rue Cadet à Paris dans le grand Temple Croussier. Plusieurs Francs-maçons, à cette occasion, ont décidé de se dévoiler et de témoigner dans Jeune Afrique où ils parlent notamment des violations des droits de l’Homme dans ce pays.
Qu’est-ce qu’ils disent ?
F.S. : Mais écoutez Norbert, on ne peut rien vous cacher. Vous y étiez vous-même en tant qu’invité. Et vous le racontez dans les colonnes de Jeune Afrique. C’était chaud, c’était sensible. Avant cette tenue blanche, il y a eu un fric-frac ici même dans un cabinet d’avocats. Il y a eu des pressions, un site a même été piraté. Il y a été question de cette tenue blanche. Et ça vite tourné à une attaque en règle contre Nicolas Sarkozy sur fond de ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Les oreilles d’Alassane Ouattara ont dû peter.
Dernière Heure Infos du mardi 9 avril 2013
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