Le quai fruitier à une multinationale, des producteurs Ivoiriens en colère

«Au regard de ce qui précède et en raison de la nécessité d’exploiter rationnellement ce terminal très important pour la préservation de nos parts de marchés sur ce segment com- mercial, j’ai l’honneur d’accéder à votre requête ». Telle est la substance du courrier adressé par Hien Sié, directeur général du Port d’Abidjan au directeur général de « Eolis » (une filiale de la multinationale Scb –Compagnie fruitière), le 1er octobre 2012. Par cette correspondance, Hien Sié a donné à cette entreprise l’au- torisation d’utiliser les quais fruitiers B1 et B2 et leurs annexes à l’effet d’y effectuer les activités de consignation, de manutention et de transit. Une décision que des producteurs de fruits ont dénoncé le 5 octobre 2012, au cours d’une grande réunion au siège de l’Organisation centrale des producteurs et exportateurs d’ananas et de bananes (Ocab), au Plateau. Venus en grand nombre des zones productrices d’ananas, de bananes et de papayes, ils ont crié leur indignation. « Lorsque le Président de la République avait décidé de rétrocéder la gestion du terminal fruitier au Port autonome, nous avions fait confiance en cette structure pour préserver l’indépendance de cet outil important pour la profession. Et, nous sommes convaincus que le chef de l’Etat n’a pas connaissance de ce deal passé par Hien Sié », ont-ils souligné. Pour eux, il s’agit d’une dépossession pure et simple. « Le président Ouattara a réaffirmé, lors de l’inauguration de l’Université de Cocody, son attachement au respect des traités et conventions. Et cela a retenu notre attention. C’est pourquoi, nous sommes surpris que le Dg du Port prenne une telle décision en violation des accords que la Côte d’Ivoire a passés avec l’Union européenne, notamment sur la gestion du quai. L’Ue avait accepté d’investir des milliards de francs Cfa dans la modernisation de cette infrastructure à condition qu’elle soit gérée par un opérateur neutre », ont-ils noté. Selon leurs explications, aucun membre de la profession ne devrait gérer ce quai afin que celui-ci reste à équidistance des différents acteurs des filières fruitières. « Nous sommes très peinés. Nous sentons comme un poignard dans le dos. Cette décision de Hien Sié, c’est tuer la profession. Mais nous ne nous laisserons pas faire. Nous allons saisir le tribunal du commerce. Ce n’est pas bon pour l’image de la Côte d’Ivoire qu’on bafoue des engagements pris par l’Etat de Côte d’Ivoire.

Soir Info
Jonas BAIKEH

Commentaires Facebook