18 tonnes de riz toxique saisies à Abobo Pk18

Nord-Sud

Des vendeurs de riz avarié ont été arrêtés ce week-end à Abobo par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci).

Ils ont été pris la main dans le sac. Des trafiquants de riz avarié ont été surpris samedi soir en plein déchargement dans un entrepôt clandestin à Abobo PK 18. Ils tentaient de dissimuler 18 tonnes, soit 548 sacs de céréale de mauvaise qualité qui, comme des cargaisons précédentes, devaient prendre le chemin des marchés. Les éléments dépêchés sur les lieux aux environs de 20 heures par le commandant Gaoussou Koné dit Jah Gao exigent l’arrêt immédiat de l’opération qui se déroulait dans la pénombre. Le reçu présenté porte le nom d’un certain Konaté. Mais les vrais propriétaires se nomment Abdourahim Kassoum, Chaibou Issouffou, Camara Issiaka dit Diomandé et Tounkara Moustapha. Ces quatre hommes trouvés sur place n’ont pas fait de difficulté pour se mettre à table. Arrêtés et écroués au camp commando d’Abobo, ils devraient être mis à la disposition de la police économique ce lundi. La douane et le ministre du Commerce ont été saisis et s’emploient à saisir la marchandise. C’est un ensemble de balayure, de grains moisis ou mouillés rejetés pendant le déchargement du bateau. De richissimes commerçants se sont en effet spécialisés dans l’écoulement de ce type de résidus. Et cela, en violation des interdictions édictées par les autorités compétentes. Selon l’article 3 de l’arrêté 037 MC/CAB du 29 octobre 2011 déterminant les modalités de traitement de riz avarié, «est interdite, conformément aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, la détention en vue de la vente ou la mise en vente du riz destiné à l’alimentation humaine ou animale s’il est déclaré avarié, quelle que soit sa provenance ou son origine». Cette fois-ci, le bateau serait venu de l’Inde. Dans ce pays, comme en Thaïlande ou dans d’autres pays fournisseurs de la Côte d’I­voire, ces mauvais grains sont détruits ou jetés à la mer. Au port d’Abidjan, ils sont simplement détachés des grains ‘’saints’’ pour être vendus. Les rejets contiennent des corps étrangers tels que les éléments métalliques, le sable, les cailloux, les charançons (minuscules insectes), les larves et d’autres impuretés dangereuses pour la santé.

A travers l’arrêté n° 2009-041/MC/CAB portant modification de l’arrêté n°2009-028 déterminant les modalités de retraitement du riz…, le gouvernement conditionne leur exploitation au respect d’une certaine procédure. Selon la règle, toute personne morale désireuse de retraiter du riz avarié doit obligatoirement lever auprès du ministère du commerce une fiche de déclaration préalable de retraitement. Cette administration est la seule habilitée à déterminer le type de riz à retraiter, au besoin avec l’appui des services chargés du contrôle phytosanitaire ou des experts maritimes agrées. Tout riz à retraiter doit faire obligatoirement l’objet d’une analyse préalable au laboratoire du ministère du Commerce ou dans tout autre laboratoire national agréé choisi par le ministère du Commerce. Mais en réalité, à l’image de ce qui s’est passé dans l’affaire des déchets toxiques du Probo Koala,la majorité des exploitants parvient à se dérober à la réglementation censée protéger, ici, les consommateurs, en l’occurrence les familles à faibles revenus qui achètent ces grains bon marché généralement vendus en vrac (dans des cuvettes). La preuve, les 18 tonnes de ce samedi sont partis du port jusqu’à Abobo sans la moindre escorte douanière. Pourtant, la loi exige que sur présentation des éléments des contrôles évoqués plus haut, l’acquéreur du riz avarié saisissent les services de douane qui lui adjoignent une équipe d’escorte. Le rôle de ces accompagnateurs est de s’assurer que le produit ira effectivement dans une unité de traitement agréée par l’Etat. En lieu et place, ces gros sacs plus connus sous l’appellation de ‘’big bag’’ dans le milieu portuaire ont été transportés vers l’entrepôt de PK 18, où leur contenu devait être uniquement vanné par des femmes pour être acheminé dans différents marchés. Hormis des reçus de livraison, les propriétaires n’avaient aucun document administratif requis. Selon nos informateurs, les agents de douane ou du ministère du Commerce qui devaient les contrôler ont été soit laxistes, soit complices. Quoi qu’il en soit, la cargaison a quitté le port à 12 heures, par la sortie proche de la direction générale sans être soumis au moindre contrôle. Nos sources précisent que les contrebandiers choisissent le vendredi ou le samedi (donc le week-end) pour faire leurs opérations. Hors du port, le véhicule ne prendra pas directement la direction d’Abobo. Pour des raisons qu’on ne sait encore, il a attendu 18 heures pour prendre la route.

Raphaël Tanoh

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