Le procès des FRCI ou des Khmers rouges d’Allassane Ouattara

Dr Serge-Nicolas NZI – Contribution éditoriale | Connectionivoirienne.net

I – Introduction

Quand nous parlons des forces républicaines de Côte d’ Ivoire, il s’agit bien de tous ceux qui ont guerroyé pour porter notre frère le Dr Allassane Ouattara, au pouvoir. Nous n’exigeons rien. Ceux qui sont les plus exigeants sont dans les partis politiques, ils militent pour que le temps soit favorable à leur groupement politique. Il faut éviter de voir l’ennemi dans l’expression d’une opinion différente.

Si le Dr Allassane Ouattara, veut être le président de tous les ivoiriens. Il doit livrer à la justice ivoirienne tous les auteurs des exactions perpétrés contre les populations civiles innocentes durant la crise post-électorale jusqu’à ce jour. En disant cela nous ne faisons que lui demander de joindre l’acte à la parole pour que la tolérance zéro ne soit pas un slogan ou du verbalisme creux.

Nous voulons tous que la Côte d’ivoire avance. Pour ce faire il faut appliquer tout simplement les lois de ce pays qui protège les citoyens et de leurs biens. Rien ne doit plus justifier le recours systématique aux armes contre des ivoiriens. Le fait qu’il n’y a aucune poursuite judiciaire contre les dozos et la soldatesque qui sème la mort dans le pays, traumatise les populations qui ne se sentent plus protégés par l’Etat. L’argument de la force des armes ne doit plus se confondre avec l’argument de la raison et du bon sens.
Dans le contexte actuel, qui voit le déploiement massif des forces républicaines de Côte d’ivoire et l’aggravation des abus perpétrés par celles-ci, la population ivoirienne se sent en grande insécurité. Pourtant, il relève des pouvoirs publics de faire en sorte que les ivoiriens ne connaissent plus la peur, la terreur et la psychose qui, au cours de ces derniers mois, continuent de dominer leur environnement de vie.
Il revient à ces mêmes pouvoirs publics d’incarner les valeurs et principes de paix et de non-violence, seuls gages de la consolidation de notre démocratie. Il faut le dire sans gène, La Côte d’ivoire est devenue un pays ridicule et dénudé dans un environnement où le meurtre et le sang sont banalisés. De Duékoué, à Vavoua, d’Agboville, à Akoupé, à Abengourou jusqu’à Sikensi, pourquoi à aucun moment le Dr Allassane Ouattara, n’élève t-il la voix pour mettre fin aux souffrances, à la tragédie et à l’humiliation des ivoiriens ?
Cautionne t-il les agissements des FRCI qui se réclament de lui et de son groupe ethnique ? Ou alors il n’a aucun contrôle sur les forces républicaines de la Côte d’Ivoire dont-il est le chef de l’Etat ? Ce qui serait plus grave que nous le pensons, car cela voudra dire que les FRCI seront encore là dans les rues pour 10 ans ou 15 ans dans le but de brutaliser et tuer gratuitement des ivoiriens avec des méthodes expéditives comparables aux chemises noires dans l’Italie fasciste de Benito Mussolini.

La plupart de ceux qui ont combattu l’ivoirité et qui croyaient que l’avènement de notre frère le Dr Allassane Ouattara, allait donner à la Côte d’ivoire l’image d’un pays juste et vivable, se mordent tous les doigts aujourd’hui.

Car ils ont le sentiment d’être abandonnés et livrés à eux mêmes dans un pays devenu un enfer où ils ne sont plus sûrs de se réveiller vivant demain matin. Voilà pourquoi il faut arrêter et livrer à la justice, les dozos et soldats FRCI, coupables des pillages, des vols, des viols et des exactions inutiles sur nos populations ivoiriennes.

II – La nécessaire Construction d’une entente nationale

Nous prenons le risque ici de commettre une lapalissade en affirmant que, pour maintenir la paix en Côte d’Ivoire, il faut régler les causes du conflit inters ivoiriens. Il y a en effet dans les deux termes de cette proposition un étroit lien de cause à effet qui touche au truisme. Il semble opportun, à l’occasion des journées de construction de l’entente nationale dont le Dr Allassane Ouattara, doit prendre l’initiative maintenant pour jeter les bases d’un minimum acceptable par tous.

Une telle initiative permettra aux ivoiriens de se parler, car la cacophonie actuelle et la méfiance ne le favorisent pas du tout. Se parler et s’écouter. Examiner ensemble les moyens de prévenir, de contenir les violences, les conflits et les moyens pacifiques de les prévenir dans le corps social de la nation ivoirienne.

Nous rappelons à la classe politique ivoirienne que jusqu’à un temps pas très lointain, la méthode la plus simple pour régler un conflit, que ce soit entre hommes ou entre Etats, c’était de recourir à la force. Dans la jungle, la force fait loi. Le vainqueur prend tout ; le vaincu est éliminé ou subjugué. Le conflit est ainsi réglé d’une façon claire et nette.

C’est cette méthode qui a prédominé au cours de l’histoire. De nombreux facteurs, économiques et sociaux qui influencent ou déterminent les relations entre Etats et entre peuples, la force constituait la considération dominante et, en dernier ressort, les conflits étaient tranchés par la force des armes.

La pax Romana était maintenue surtout par la puissance des légions romaines et, dans le passé récent, la pax britannica par une flotte deux fois supérieures à l’ensemble des autres flottes du monde. Pour les Napoléon et les Bismarks, le facteur qui comptait, était la force, c’était le nombre de bataillons ou de canons dont disposait un alliés ou un ennemi. La guerre était à cette époque le moyens suprême de trancher un conflit.

Mais avec le progrès de la civilisation, le recours à la force brutale devient de moins en moins acceptable. Cela est dû principalement à deux raisons. Il y a d’abord une raison morale. La notion de droit et de justice s’est développée avec l’âge de la raison. Le désire de justice s’oppose fortement à la tyrannie de la force.

La seconde raison est d’ordre pratique, le progrès scientifique et technologique a mis à la disposition des hommes des armes capables de grandes destructions et surtout extrêmement dangereuses pour les vies humaines. C’est pour ces raisons qu’il faut éliminer le recours à la force comme moyen de régler un problème de société ou un différent entre Etat.

En l’exprimant ainsi nous ne sommes ni des rêveurs ou des utopistes. Les moyens pacifiques existent, il faut toujours les explorer en s’appuyant sur le droit et la justice afin de nous éloigner du passé qui s’appuie sur la force et un avenir commun qui nous l’espérons sera dominé par la raison. Ce sont ces considérations qui ont motivé notre refus de l’option militaire comme solution à la crise post électorale ivoirienne. La suite des événements nous montre que finalement tous les ivoiriens sont les perdants d’un tel choix.

Convaincu que la guerre, le sang et la désolation qui en découle n’apaiseront jamais les esprits et pousseront durablement les ivoiriens à la haine des uns contres les autres. Il faut donc pour stabiliser la Côte d’Ivoire, construire la paix en rassurant chaque ivoiriens, par la reconnaissance de la dignité pour tous les ivoiriens dans leur pays.

– par l’élimination de la peur dans leur vie publique et privée.
– Par l’élimination des préjugés ethniques et religieuses
– Par l’élimination de la haine et de la méfiance entre ivoiriens
– Par le renforcement des actions concrètes en faveur de l’égalité, de la justice et de la solidarité nationale.
– Par la valorisation de l’histoire et de l’héritage culturel commun du peuple ivoirien.
Cela passe par un dialogue national constructif pour mettre effectivement la guerre hors la loi. Dialogue national entre les partis politiques, les syndicats, les communautés religieuses, les chefs coutumiers et la société civile ivoirienne. Pour jeter les bases d’un minimum acceptable par tous dans le cadre d’une entente nationale qui sera le ciment d’une paix juste et durable en Côte d’Ivoire.

III – Regards sur le Dr Allassane Ouattara

Ce n’est un secret pour personne que la Côte d’ivoire est dans le présent un pays divisé physiquement entre le nord et le sud. Mais aussi divisé par deux courants invisibles et indicibles. Ceux qui veulent une Côte d’ivoire, aux côtés de la France ouverte sur le monde, un pays à la Houphouët-Boigny, avec pour tous la nationalité ivoirienne en distribution et en partage.

Et bien sûr ceux qui s’y opposent farouchement qui considèrent que l’indépendance du dimanche 7 août 1960 avait pour but de bâtir un Etat nation au service et au profit exclusif des ivoiriens. C’est eux qui brandissent la légitimité patriotique et nationaliste qui déplait fortement à la France et à son pion local le Dr Allassane Ouattara.

Cela nous rappelle bien la situation de Mohamed Reza Pahlavi, le Shah d’Iran de retour à Téhéran après le coup d’état de la CIA, qui rehversa le gouvernement du Dr Muhammad Mossadegh le 19 août 1953. Dans une adresse à la communauté musulmane de son pays, le président Barack Obama, a reconnu le 9 juin 2009 l’implication de son pays en pleine guerre froide, pour renverser un gouvernement iranien démocratiquement élu. Nous y reviendrons.

Les partisans de la Côte d’Ivoire pour tous considèrent Allassane Ouattara, comme un héro, ils le regardent comme < < le plus brave homme de son temps >> celui qui va rétablir la justice et les droits de tous. C’est le libéral qui va avec ses amitiés extérieures ouvrir la Côte d’Ivoire aux investisseurs et donner du travail à tout le monde.

C’est l’ami de Sarkozy et des grands de ce monde. Il va aussi établir la prééminence du nord sur le reste de la Côte d’Ivoire. Avec lui les gens du Nord ne seront plus dans l’antichambre du pouvoir. Ils sont désormais aux commandes du pouvoir et durablement. Voila le regard d’une partie de la Côte d’Ivoire sur celui qui dirige le pays des éléphants.

Dans le camp nationaliste, le Dr Allassane Ouattara, est perçu comme un homme autoritaire, hautain, arrogant et trop occidentalisé. Il apparaît à leurs yeux comme un usurpateur, comparable au Shah d’ Iran. Il est en service commandé pour veiller sur les intérêts étrangers et non pour le bien des ivoiriens. C’est un imposteur, un homme qui cultive le double langage. Avec ses FRCI, Il a instauré la brutalité et le meurtre dans la vie publique ivoirienne, exactement comme les exactions de la SAVAK, dans le régime criminel du Shah d’Iran.

Pour les nationalistes ivoiriens, notre frère le Dr Allassane Ouattara, est le protégé des puissances adverses qui veulent vassaliser leur pays. La légitimité lui est déniée, et tout ce qu’il entreprend est décrié et déconsidéré.

S’il obtient un crédit de l’étranger, il hypothèque l’avenir des ressources du pays. S’il signe des contrats avec un groupe français, on veut plus y voir des commissions juteuses pour sa poche. Dans un tel climat aussi délétère, les réformes sensées peuvent échouer parce qu’elles portent aux yeux d’une partie de la population le sceaux de l’adversité d’un pouvoir sponsorisé par l’étranger et n’ayant pas la légitimité patriotique du courant nationaliste ivoirien.

Voilà la réalité des regards qui convergent vers notre frère le Dr Allassane Ouattara. C’est pourquoi la construction de l’entente nationale que nous évoquions plus haut est plus que nécessaire. Pour calmer les esprits traumatisés par la crise post-électorale, rétablir la confiance entre les ivoiriens et jeter les bases d’une paix juste et durable en Côte d’Ivoire. Pour cela il faut rétablir la sécurité des ivoiriens par une armée, une police et une gendarmerie à leur service et non le contraire.

IV – Les FRCI comme les khmers rouges

Le Sénégal avait organisé en 1963 le procès de son président du conseil Mamadou DIA, accusé de complot contre la sûreté de l’Etat. Le Mali a organisé avec dignité le procès du Général Moussa Traoré devant la cour d’assise de Bamako en février 1993. La république Centrafricaine avait organisé en juin 1987, dans le respect du Droit le procès de l’ancien Empereur Bokassa.

La Tunisie vient de Condamner en Juin 2011, son ancien président, le Général de Police, Zin El Abidine Ben Ali, à 35 ans de prison par Contumace. Pour sa part l’Égypte vient de requérir contre son ancien président, le général d’aviation Mohamed Hosni Moubarak, à la peine de mort par pendaison ce samedi 5 janvier 2012.

En Côte d’Ivoire, le Dr Allassane Ouattara, et ses partisans ont fait le choix de confier à une juridiction internationale le soin de juger l’ancien président Laurent Gbagbo. Cette décision qualifiée de justice des vainqueurs par les uns et de parodie de justice par les autres nous laisse perplexe. La Côte d’Ivoire n’avait-elle pas les moyens de juger Laurent Gbagbo, sur place selon les lois ivoiriennes ?

Chez les malinkés comme chez les bété, celui qui porte une affaire de famille sur la place publique est considéré comme celui qui déshonore la famille en portant l’intimité familiale devant des étrangers. Il est considéré comme un homme belliqueux habité par l’esprit du mal.

Si le Dr Allassane Ouattara, a remporté les élections présidentielles par 54% de suffrage exprimés, cela veut dire qu’il doit gagner le cœur des 46% d’ivoiriens qui n’ont pas voté pour lui. Cela suppose qu’il doit au quotidien rassurer les partisans du souverainisme en démontrant qu’il veut le bien être de tous les ivoiriens. Il doit dans ce sens tendre la main à ceux qui ne sont pas de son groupe ethnique et qui veulent vivre dans une Côte d’Ivoire libre, digne et prospère pour tous ses enfants.

Pourquoi est-il resté silencieux devant les tueries en masse des ivoiriens par les FRCI qui se réclament de lui ? Pourquoi les vols, les pillages, les viols et toutes les exactions des FRCI sont jusqu’à ces jours restés sans sanctions ? Doit-on croire le Dr Ouattara, aujourd’hui quand il parle de sécurité collective des ivoiriens en sachant que beaucoup d’entre eux ont leurs maisons encore occupées par les FRCI ?

Le Dr Ouattara a-t-il, ordonné tous ces meurtres, pillages et autres occupations illégales devant lesquels la justice ivoirienne semble complètement muette ? Nous disons ici que pour restaurer la confiance entre ivoiriens, notre frère le Dr Allassane Ouattara, doit faire arrêter cette soldatesque et la livrer à la justice ivoirienne dans un procès exemplaire que la Côte d’Ivoire à les moyens d’organiser.

On nous dit que beaucoup d’exactions ont été commises par des hommes en armes qui ne font pas partie des forces républicaines de Côte d’Ivoire. En claire des supplétifs incontrôlés venus des pays voisins Burkina Faso, Mali et Guinée, pour soutenir la prise du pouvoir d’Allassane Ouattara, par les armes.

La nature des rapports entre les ivoiriens et ces différents pays mérite une clarification et une redéfinition. Une question doit être posé aujourd’hui comment ces pays réagiront demain si des ivoiriens profitant d’une crise interne dans leur pays et prennent parti et se battent contre une partie des populations de ces pays avec au passage des viols, des vols des pillages et des meurtres à grandes échelles ?

Voilà pourquoi tout le respect et l’estime que le Dr Allassane Ouattara, porte à la Côte d’Ivoire l’oblige moralement à déférer tous les dozos et autres soldats criminels des FRCI devant la justice dans le cadre d’un procès en bonne et dû forme dans le respect du droit afin que notre pays ne soit pas le pays du meurtre, du pillage et du viol gratuits.

Dans la réalité la plupart des soldats FRCI, sont entrés à Abidjan comme les Khmers rouge à Phnom Penh, le 17 avril 1975. Par la destruction des biens des membres de l’ancien régime, des assassinats en masse, des viols, des bastonnades. L’élimination brutale des membres de l’ancien gouvernement et l’instauration d’un régime de terreur de peur, de déportation et de violence qui conduira au génocide cambodgien de 1,7 million de morts soit 20% de la population du pays.

V – Pourquoi le procès des FRCI

Le procès établira qui sont les coupables de toutes les souffrances des ivoiriens depuis bientôt un an. Nous voulons tous croire que le Dr Ouattara n’a jamais donné l’ordre de tuer des ivoiriens à Duekoué, à Vavoua, à Agboville, à Akoupé, à Daloa à Abengourou et Sikensi etc.

La crise ivoirienne a fait plus de 10 000 morts et près de 1,5 million personnes déplacées ou en exils on doit logiquement situer les responsabilités de toutes les organisation FRCI, DOZOS, FDS, FESCI, Mercenaires, Forces nouvelles etc. tous ce monde pour une remise en cause pour reconstruire la paix.

Nous voulons tous savoir quand les ivoiriens retrouveront leurs maisons et leurs biens ? Dans quelle mesure la justice ivoirienne peut-elle rassurer les réfugiés pour qu’ils retournent chez eux en toute quiétude ? Toutes ces questions méritent une place dans la réflexion globale et globalisante nécessaire pour l’aggiornamento de la Côte d’ Ivoire.

Les militaires coupables d’exactions et de meurtres avaient-ils la possibilité d’agir autrement une fois Abidjan aux mains des FRCI ? Bien sûr que oui. Ils n’étaient pas obligés de torturer et de tuer les partisans de Laurent Gbagbo. Pour exécuter pareille forfaiture il faut avoir des prédispositions criminelles encouragées par l’assurance d’une impunité.

C’est dans ce sens que notre frère le Dr Ouattara, doit organiser un procès pour rétablir l’Etat de droit en souffrance dans une Côte d’Ivoire ruinée, violée et violentée par les hyènes de tous bords. Ces hommes qui se réclament du Dr Allassane Ouattara, n’aiment pas que d’autres personnes agissent et pensent de diverses manières. Ils n’aiment pas ce principe essentiel de fonctionnement des sociétés humaines qu’est la diversité.

Ils seront seuls devant leurs actes s’il y a procès. Leurs actes ont porté atteinte à la vie de nombreux ivoiriens. Ils ont mis en danger le vivre ensemble du corps social de la nation en répandant le sang. Ils ont déshonoré leur serment de protéger la vie des ivoiriens.

Nous sommes tous en droit de nous interroger : de quel monde viennent-ils ces dozos et ces soldats FRCI ? De quel système de valeur se réclament-ils ? Quel réseau conceptuel touchant l’organisation de la vie nationale leur a-t-il servi de référence ?

Nous laissons à la Justice ivoirienne, aux criminologues, aux politologues, au psychiatres, au psychologues, aux sociologues à la psychopathologie moderne et au procureur de la république qui soutiendra l’accusation, le soin de déterminer qui a construit ces robots tueurs d’ivoiriens et qui les a mis en mouvement contre les populations civiles ivoiriennes.

En pareille situation, Cicéron disait : < < Combien de temps, Catilina, ta colère se moquera de nous ? Tu n’as aucun égard pour l’effroi des citoyens ou le péril de la patrie>>.

Après l’expérience douloureuse de la tragédie rwandaise avec l’armée mono ethnique du général d’opérette, Juvénal Habyarimana, les ivoiriens étaient loin d’imaginer que l’armée de la république allait se retourner contre eux comme une milice privée, parce qu’ils n’appartiennent pas au bon groupe ethnique.

VI – Postulat de Conclusion générale

Notre frère le Dr Allassane Ouattara, n’est pas, Salot Sâr le dirigeant politique et militaire des communistes Khmers du Kampuchéa, plus connu sous le nom de Pol Pot. Cela nous rassure et nous sommes même d’une grande sérénité devant la déchirure et le visage ensanglanté de la Côte d’Ivoire. Il n’y a aucun appel à la violence de notre part si ce n’est que le bon sens qui nous oblige à ne pas ajouter d’autres malheurs aux souffrances de notre peuple.

Un pouvoir doit connaître l’opinion de tous les milieux de la société qu’il prétend diriger. Cette opinion, le Gouvernement ne notre frère le Dr Allassane Ouattara, ne peut la connaître que par les rapports de ses suiveurs ou hommes de mains. Il doit accepter aussi des sons de cloches dissemblables, dissonants et différents, venant de gens qui ne sont ni des laudateurs encore moins des miliciens ou des courtisans ethno politiques.

Les polémiques d’opinions devraient avoir lieu dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui sans qu’on ne tranche la gorge de l’autre. Cela peut se faire dans un climat de respect et de tolérance à l’égard des ivoiriens qui pensent différemment que le camp de notre frère le Dr Allassane Ouattara.

Toutes polémiques dans ce sens devraient viser l’intérêt supérieur de la nation ivoirienne et de l’entente nationale que nous avons évoquée plus haut. C’est dans cette praxis que nous disons ici avec la même sérénité qu’il n’y a aucune once de haine, de vengeance ou de meurtre à l’égard de ceux qui ont tué au nom de l’ethnie, de la région, de la religion ou de l’idéologie politique ethno tribale.

C’est cela qui nous met ici en position de dire à notre frère le Dr Allassane Ouattara, qu’il peut ne pas prendre nos propos en considération, parce que nous ne sommes ni Malinké, ni Bété, ni Lobi, ni Sénoufo, ni militant de son parti vainqueur de la crise ivoirienne. Mais nous serions toujours là pour lui dire ce que ses courtisans n’auront jamais le courage de lui dire. C’est dans ce sens que nous observons que :

– La surdité qui pousse les hommes de pouvoir à n’écouter que leurs bas instincts, est la pire des maladies qui puisse frapper un homme politique. C’est pourquoi nos parents, les malinké et les Bambara d’Afrique de l’Ouest, nous enseignent que : < < le comportement du vainqueur doit être toujours hautement plus moral que celui du vaincu. >>

– Soundjata Keita, qui avait aussi connu l’exil aux côtés de Sogolon, sa pauvre mère avait après la bataille de Kirina, en 1235 eu un geste magnanime pour que la Famille du roi Sosso, Soumahoro Kanté, puisse vivre libre et digne dans le Mali dont il était le Massa.

– Nous souhaitons que les soumahoro, qui sont aujourd’hui nombreux autour du Dr Allassane Ouattara, et qui ont une excellente mémoire de leur propre passé s’en souviennent. Car ils savent mieux que quiconque que :< < si le vainqueur n’est pas magnanime, sa victoire deviendra une malédiction pour lui et les siens >>

– Nous souhaitons et ce n’est même pas une exigence, que le président de la république ivoirienne, prenne l’initiative d’une loi d’amnistie générale pour favoriser le retour des réfugiés. Une telle lois avait été proposé au Président Habyarimana au Rwanda en 1990, c’est son refus de toute discussion sur ce sujet qui poussa les réfugiés à s’organiser en forces armées pour conquérir le pouvoir par les armes, avec à la clé le génocide qui hante encore la mémoire collective rwandaise.

Tout cela nous montre que la paix ne se maintient qu’à la condition d’être négociée patiemment avec obstination dans des conditions toujours changeantes résultant du développement interne des états et de l’évolution politique du moment. De ce fait la paix est à la fois un idéal, une démarche pédagogique un produit qui se conserve avec humilité sur le tabernacle de la dignité pour tous et non dans le placard de l’arrogance et de la suffisance.

Tout ceux qui poussent les FRCI et leurs dozos à tuer d’autres ivoiriens et tous ceux qui encouragent notre frère le Dr Allassane Ouattara, à rejeter tout dialogue avec les partisans de Laurent Gbagbo, oublient qu’un jour viendra où pour solidifier le vivre ensemble il faudra reprendre langue avec ceux qu’on avait contraint à l’exil, au bagne ou au bannissement. Frederik De KlerK et Nelson Mandela sont encore vivants, suivez notre regard.

C’est alors qu’il comprendront la nécessité de l’humilité et du pardon en politique et iront certainement avec nous vers les sages paroles de l’immense poète et essayiste mexicain Carlos Fuentes :

< < Nous sommes venus au monde pour mieux nous connaître, La terre nous est donnée que pour un temps. Vivons en paix, vivons ensemble. >>

Tel était notre propos et notre modeste contribution sur la recherche de la justice et de la paix dans le paradoxe ivoirien, à travers un procès équitable de tous les coupables de crimes et d’exactions contre le peuple et le pays des éléphants.

Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)
Email : nzinicolas@yahoo.fr

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