Dialogue inclusif avec Ouattara – Pourquoi Blé Goudé ne doit pas reculer

L’Intelligent d’Abidjan

Nous ne croyions pas si bien dire quand nous écrivions hier que Blé Goudé traumatise adversaires et partisans avec ses dernières sorties. La première réaction enregistrée vient de son propre camp. Elle renvoie Charles Blé Goudé à sa copie. Le leader des jeunes patriotes est selon Hassan Magued, passé à côté de la plaque. C’est que dans la réalité, Blé Goudé semble avoir trahi un totem avec sa sortie. Qu’est-ce qu’on lui reproche : avoir proposé un dialogue inclusif avec Ouattara et s’être présenté comme le ‘’porteur d’une approche constructive de la normalisation de la situation en Côte d’Ivoire’’ ? Cela suffit à faire descendre la foudre sur le dernier ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo. Pour celui qui sequalifie comme l’adepte de la révolution permanente, en empruntant cette voie, Blé Goudé choisit la mauvaise carte.
C’est comme s’il abandonnait Laurent Gbagbo pour se positionner. Mais doit-on s’éterniser dans les querelles et la fronde anti-Ouattara pour mener le combat de Laurent Gbagbo, l’inspirateur du célèbre slogan «asseyons-nous et discu- tons» ? Le camp Gbagbo doit-il se contenter de rejeter tout ce qui inclut Alassane Ouattara sans alternative ? D’ailleurs n’est-ce pas le même dialogue que propose le Fpi par la voix de Miaka Ouretto et Akoun Laurent ? Pourquoi ils ne sont
pas réprimandés comme l’est aujourd’hui Charles Blé Goudé ? Les élections présidentielles sont prévues pour 2015. En faisant des projections à court et moyen terme, Laurent Gbagbo pourrait ne pas être candidat, même s’il est libéré. Et il ne faut pas se condamner à l’immobilisme. Alors pourquoi dans la foulée du combat pour sa libération, ne pas es- sayer autre chose que de vouer aux gémonies Alassane Ouattara, solidement accroché au fauteuil présidentiel. Pour
l’heure, et jusqu’à la prochaine élection, sauf cataclysme. Charles Blé Goudé a intégré cette donne et veut faire avec. Le combat dans lequel il s’est inscrit qui est un combat de générations. Celle des Gbagbo est presqu’à sa fin avec Bédié et Ouattara. Viendra ensuite la génération des Guillaume Soro, Hamed Bakayoko, Blé Goudé, des Doumbia Major, des KKB, des Yayoro, des Koua Justin et il ne faut pas rater ce train. Ce n’est pas trahir Laurent Gbagbo que de vouloir un dialogue inclusif. Il y en a chez les pro-Gbagbo et chez les pro-Ouattara que ce message de Blé Goudé dérange. Mais par-dessus tout, il y a l’intérêt national. Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié ne seront pas éternels. Il faut sauver le navire Ivoire et aucune proposition constructive ne sera de trop. On évoquera peut-être la respon-
sabilité de Blé Goudé dans la guerre, on dira que c’est lui qui narguait la communauté internationale, que c’est lui qui a appelé à l’attaque contre les soldats onusiens. Face à ces accusations, l’intéressé même répond : ‘’le passé est derrière nous’’ et à son maître Laurent Gbagbo d’ajouter : ‘’on ne peut vivre sans nuire’’. Dans cette crise, chacun a mené le combat qu’il croyait juste pour son camp, disait un haut cadre de ce pays. Maintenant que la communication globale tourne autour de la reconstruction et de la réconciliation, il est bon de ne pas tuer les bonnes initiatives. Essayer quand cela est nécessaire et ne jamais perdre de vue que la Côte d’Ivoire doit se réconcilier. Blé Goudé, acteur majeur dans la crise ivoirienne ne doit donc pas reculer. Il doit aller au bout de sa logique. Si parce que deux pelés et un tondu haussent le ton, il change de position, c’est qu’il n’est pas crédible, sérieux et sincère. Souvenons-nous : Gbagbo a imposé à ses militants : l’alliance avec le Rdr et Ouattara en 1994. Et en 2007, il a imposé le dialogue direct avec Guillaume Soro. Blé Goudé doit jouer son rôle de leader et imposer la logique du dialogue malgré les provocations des extrémistes du camp Ouattara et les cas de trahison et guerre de positionnement de son camp. La réhabilitation de Laurent Gbagbo passera peut-être par là. Un mandat tranquille pour Ouattara en dépend peut-être.

S. Débailly

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