Les grands perdants des élections législatives

Le rêve de devenir député ou de rempiler à l’Hémicycle s’est transformé en cauchemar pour certains poids lourds de la vie politique nationale. Selon les premières tendances issues du scrutin législatif du dimanche 11 décembre, et en attendant les chiffres officiels de la Commission Électorale Indépendante (CEI), on peut déjà avancer que ces consultations électorales ont fait de grosses victimes. Le premier grand perdant de ces législatives est sans nul doute le président sortant de l’Assemblée nationale, le Professeur Mamadou Koulibaly. Candidat à Koumassi, où il avait été élu député en décembre 2000, le président de LIDER (Liberté et Démocratie pour la République) n’a pas pu conserver son siège au Parlement. L’ex-numéro 2 de l’ancien régime de la Refondation a été, de loin, distancé par ses adversaires immédiats, que sont le ministre de l’Enseignement supérieur Cissé Ibrahima «Bacongo» et le maire de la commune N’Dohi Yapi Raymond. Le tout jeune parti politique qu’il a créé, il y a à peine six (06) mois, survivra-t-il à cette «débâcle» électorale ? Il est certainement trop tôt pour répondre à cette question. Mais pour Mamadou Koulibaly, une chose est sûre : réélu député ou pas, il continuera l’implantation de LIDER dans tout le pays. Une autre stature politique qui a fait les frais du scrutin de dimanche dernier, est bien Innocent Anaky Kobéna. Le président du Mouvement des Forces d’Avenir (MFA), membre de la Conférence des présidents du RHDP (avec Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Albert Mabri Toikeusse), est allé au casse-pipe à Cocody. Député de Kouassi-Dattékro, dans son village natal lors de la précédente législature, Anaky Kobéna jouait très gros dans la cité où réside le chef de l’État. Chantre de la candidature unique au RHDP lors de la présidentielle de 2010, le président du MFA comptait assurément sur une
liste commune de la coalition politique au pouvoir pour s’offrir un nouveau bail de cinq (05) ans à l’Hémicycle. N’ayant pas eu gain de cause, Anaky a dû faire bon cœur contre mauvaise fortune en conduisant une liste de son propre parti. A ses dépens. Et, ironie du sort, le candidat que le président du MFA a positionné chez lui à Kouassi-Dattékro, en l’occurrence l’ancien ministre de la Culture Anzoumane Moutayé, aurait remporté le scrutin dans cette localité. Un autre endroit avec la même infortune pour une autre tête d’affiche, Aboisso. Les informations qui nous parviennent du Sanwi ne sont pas favorables au directeur de cabinet du président Alassane Ouattara. En lice dans la capitale du Sud-Comoé, Marcel Amon Tanoh n’a pu grappiller le siège de député pour son parti, le RDR. C’est une véritable déconvenue pour l’homme de main du chef de l’État, ministre pendant près d’une décennie dans plusieurs gouvernements sous l’ex-président Laurent Gbagbo. L’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo n’a pas fait
mieux non plus à Yopougon. Après une valse d’hésitation, Gervais Coulibaly, qui conduisait les négociations avec les autorités pour le compte d’un groupe de partis politiques affiliés au CNRD et des indépendants issus des rangs du FPI, s’est résolu à se lancer dans la course pour législatives dans la commune la plus vaste de Côte d’Ivoire. A ses risques et périls. Car le président de CAP-UDD (Cap Unir pour la Démocratie et le Développement) est passé à la trappe. Lui et les quelques candidats indépendants issus de l’ex-Majorité présidentielle(Lmp) auront finalement servi de simple faire-valoir. Tout comme l”ancien ministre Mel Eg Théodore, qui n’a eu également la main heureuse. Le président de l’UDCY (Union Démocratique et Citoyenne), député sortant de Jacqueville a été étalé dans sa ville natale. Mel Théodore n’a recueilli qu’environ 600 voix sur 10.349 votants. Une véritable raclée ! Séry Déhoua, chef de file des indépendants issus des rangs du FPI, a également connu la désillusion à Issia. Comptant parmi les dames les plus en vue dans le processus électoral, jusqu’à une date très récente, Dr Fatoumata Traoré Diop semble avoir laissé des plumes dans la bataille électorale pour les législatives. L’ex-vice-présidente de la CEI sous Robert Beugré Mambé, aurait été battue à Botro, dans la sous-préfecture de Bouaké, où elle défendait les couleurs du PDCI.

Anassé ANASSE
L’Inter

De tous bords politiques, des personnalités politiques et non des moindres, candidats aux élections législatives de dimanche, ont été battues.
Ils étaient rares, les candidats dont la victoire pouvait se prédire. Tant la lutte était serrée entre les différents prétendants, dans le cadre des législatives de dimanche. Selon les informations, ceux qu’on attendait souvent les premiers à l’arrivée, ont franchi des fois la ligne, avec un retard préjudiciable.

Parmi eux, N’Dohi Yapi Raymond. Le candidat du Pdci à Koumassi, qu’on croyait pouvoir faire d’une bouchée ses adversaires, a mordu pourtant la poussière devant Cissé Ibrahim Bacongo, qui défendait les couleurs du Rdr. En dépit de son statut d’actuel maire de la cité, donc très proches des populations. Mais N’Dohi n’est pas le seul à avoir plié l’échine face au candidat des Républicains. Mamadou Koulibaly, l’ancien président de l’Assemblée nationale, député sortant de Koumassi, s’est présenté sous la bannière de son parti, Lider. Lui aussi, malgré son coffre et l’avantage qu’il a de connaître le terrain, pour l’avoir pratiqué en 2000, l’ancien vice-président du Fpi s’est fait étaler.

Une autre victime et non des moindres, de ces législatives, est le président du Mfa, Anaky Kobenan. L’ancien député de Kouassi-Datékro s’est présenté cette année à Cocody, laissant le soin à un de ses poulains, l’ex-ministre de la Culture, Anzoumane Moutaye, de se présenter dans cette circonscription électorale, considérée comme le bastion du leader du Mfa. Ce dernier a remporté haut les mains le scrutin. Mais manque de pot pour le chef de parti, qui n’a pu garder sa place à l’hémicycle. Sa tâche n’était pas du tout facile dans cette bataille fratricide qui engageait le Pdci et le Rdr à Cocody.

Avec Anaky Kobenan, on peut citer une autre victime de taille, en la personne de Kobenan Tah Thomas du Pdci. Le candidat du parti sexagénaire à Assuefry et Transua n’a pu reconquérir le terrain qu’il a pourtant maîtrisé durant plus d’une décennie. Le filiforme et talentueux député du Pdci a été détrôné à la surprise générale, par Kouabenan Sylvain, un indépendant. C’est à n’en point douter une défaite qui va faire mal au sein de la famille du Pdci.

Tout comme l’échec du directeur de cabinet du président de la République à Aboisso. Marcel Amon Tanoh, le candidat du Rdr, n’a pu relever le défi dans l’extrême Est du pays. Danho Paulin, le maire de la commune d’Attécoubé, n’a pu bénéficier de sa proximité avec a population. Le jeune et dynamique maire qui s’était présenté en indépendant, lâché par son parti, le Pdci, n’a pu malheureusement se ‘’venger’’. Son adversaire du Pdci et lui, ayant été surclassés par le candidat du Rdr. Une grande figure de la scène politique a lui aussi baissé les bras à San Pedro.

Georges Denise avait en face de lui un autre grand nom, Nabo Bouéka Clément du Rdr. L’homme a une renommée dans la seconde ville portuaire de Côte d’Ivoire, et s’est bâti une réputation d’homme de terrain. Contrairement à N’dohi Raymond et Danho Paulin qui n’ont pu profiter de leur situation stratégique à Koumassi et Attécoubé, le maire de San Pedro lui, a bénéficié de sa position de premier magistrat de la commune. La liste n’est certes pas exhaustive, mais elle démontre à quel point, ces élections ont été âprement disputées, comme à Yopougon, où Djédjé Bagnon, une figure de proue du Pdci est tombée devant la liste du Rdr, conduite par Koné Kafana Gilbert.

Léopoldine Tiézan Coffie est allée sous la bannière d’indépendante à Bédiala, contre la volonté de son parti le Pdci. Mais celle qu’on attendait est arrivée en troisième position derrière le Rdr et le Pdci. Pareil pour Touré Aya Virginie, la présidente des femmes du Rdr, qui a perdu chez elle à Oumé. Membre du cabinet présidentiel, Jeanne Peuhmond, pour le compte du Rdr, a elle aussi été défaite à Sakassou. Tout à fait au nord, à Boundiali par exemple, Zémogo Fofana n’est pas parvenu à s’imposer au candidat présenté par le parti des Républicains. A Bloléquin à l’Ouest du pays, l’ancien président des jeunes de l’Udpci, et actuel Secrétaire général adjoint de ce parti, Jean Blé Guirao qui n’est pas n’importe qui, a été surclassé par la liste Pdci, conduite par le ministre Dagobert Banzio.

Mais, au delà de tout, le plus grand perdant de ces élections reste le Fpi. Ce parti politique qui a refusé d’aller aux législatives, n’aura plus voix au chapitre à l’hémicycle, durant les cinq ans à venir. Du coup, le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo perd gros, dans la mesure où il ne pourra pas légiférer.
Ouattara Abdoul Karim

Légende : Anaky Kobenan du Mfa, Marcel Amon Tanoh et Touré Aya Virginie du Rdr, Koulibaly Mamadou de Lider, de grosses victimes de ces élections.
Source: L’Expression

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