« Tous les chauffeurs de Gbaka, coiffeurs, anciens prisonniers, cireurs sont devenus FRCI »

France 24 – Confusion autour des FRCI à Abidjan

Par lasswattara sur France24

Neuf mois après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, de nombreux jeunes « militaires » des FRCI venus du nord, qui ont combattu pour le candidat du RHDP, sont aujourd’hui toujours en armes dans les différents quartiers d’Abidjan où ils se débrouillent pour survivre.

Une présence à tous les coins de rue qui pose de nombreux problèmes pour les Abidjanais. J’ai interrogé plusieurs personnes vivant dans des communes du District d’Abidjan pour savoir qui étaient ces FRCI et s’ils assuraient vraiment la sécurité. Un élément des FRCI d’Abobo a par ailleurs tenté de m’expliquer pourquoi il y a autant de problèmes.

REUTERS/Finbarr O'Reilly

“Ils règnent en maîtres sur la Rue 12, la rue commerçante.”

Ahmed vit à Marcory GFCI, un quartier d’Abidjan.

Dans mon quartier, il n’y a rien à signaler. Un ami qui habite Treichville m’a dit que les FRCI faisaient la sécurité devant les magasins des Libanais contre rémunération. Ils règnent en maîtres sur la Rue 12, la rue commerçante.

“Il faut que le Président règle ce problème de sécurité.”

Djibril vit à Abobo, commune du sud d’Abidjan.

Moi j’ai confiance dans les vraies FRCI, c’est-à-dire les militaires officiellement reconnu et intégrés à l’armée [Beaucoup d’éléments qui se présentent comme FRCI ont été enrôlés, c’est-à-dire enregistré par le ministère, mais sont dans l’attente d’une intégration officielle dans l’armée ivoirienne]. Mais, si on doit compter sur les « auto-FRCI », ceux qui s’improvisent militaires en s’habillant avec des tenues bizarres [certains associent des vêtements d’uniforme de marine à des pièces d’uniforme de la gendarmerie] et qui sillonnent Abidjan on n’aura pas la sécurité. Mais on a du mal à les distinguer. Vivement qu’on nous en débarrasse. Il faut que le Président règle ce problème de sécurité. Il y a deux semaines, neuf faux FRCI se baladaient au niveau d’Abobo Samaké, près de la boulangerie. Ils ont agressé des personnes et heureusement qu’il y avait un bon FRCI dans les environs qui les a arrêtés.

“Il arrive aussi qu’ils tirent pour s’amuser en pleine nuit.”

Mathieu habite à Niangon dans la commune de Yopougon au nord ouest d’Abidjan.

Dans mon quartier à Niangon, on remarque que le nombre des FRCI a globalement diminué. Mais, on les voit tout de même un peu trop, surtout les soirs. Ils se prennent pour des justiciers. Ils manipulent les armes n’importe comment. Quand ils boivent dans les maquis [bars d’Abidjan] qu’ils sont ivres, c’est la catastrophe. Ils sortent leurs armes et menacent les gens. Il n’y a pas longtemps, il m’a été rapporté que l’un d’eux est allé menacer un monsieur le soupçonnant de draguer sa copine. Il arrive aussi qu’ils tirent pour s’amuser en pleine nuit.

“Ils se battent entre eux et ils tirent pour n’importe quelle raison”

Timité habite à Abobo.

Ils sont souvent très discrets la journée, mais les soirs, c’est autre chose. Ils se battent entre eux et ils tirent pour n’importe quelle raison. Il y a des truands parmi eux. J’ai personnellement été victime de ces agissements. Quand je rentre tard le soir, il demande les pièces d’identité et si tu ne les as pas, ils te demandent de l’argent. Si tu n’as pas l’argent, ils t’embarquent. Cela m’est arrivé cinq fois. Et puis, quand on les appelle pour signaler des vols ou autres incidents, ils viennent et embarquent tout le monde sans chercher à comprendre.

“Tous les chauffeurs de Gbaka (minibus), coiffeurs, anciens prisonniers, cireurs sont devenus des FRCI”

Anna Maria habite à Cocody

Tous les chauffeurs de Gbaka (minibus), coiffeurs, anciens prisonniers, cireurs sont devenus des FRCI, c’est donc normal qu’il y ait de l’insécurité. [Ils se sont greffés aux troupes de volontaires venus du nord, qui elles mêmes se greffent aujourd’hui aux FRCI officielles]. Ils sont illettrés.

“Partout, il y a des brebis galeuses”

Coulibaly est chef de section des FRCI habitant à Abobo. Il a d’abord fait parti du « commando invisible » qui s’est battu contre les forces de sécurité de Laurent Gbagbo. Officiellement, il ne fait pas encore partie de l’armée régulière.

On nous accuse de tous les maux. Mais, vous savez que partout, il y a des brebis galeuses. Et quand les personnes qui ont rejoint volontairement les FRCI, sont accusées de certaines choses, ils répondent de leurs actes. Mais ce sont des actes isolés. Etant donné que dans la confusion n’importe qui prenait les armes, il y a maintenant des personnes sans moral dans les FRCI.

Les éléments des FRCI qui sont rentrées volontairement ne sont pas payés, ce n’est pas pour justifier leurs actes mais, ils ont aussi des besoins. Et puis, on ne se connaît pas tous donc il est difficile de savoir qui est FRCI et qui ne l’est pas. On est impuissant devant cette situation. Nous manquons de moyens logistiques. Cette insécurité est aussi due au fait que de nombreux combattants sont retournés à leur ancien travail, mais ont toujours leurs armes et leurs tenues à la maison. Ces personnes peuvent facilement utiliser cet équipement pour aller braquer.

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