PRESSE Le quotidien Aujourd’hui traduit le CNP et son président Eugène Kakou en justice
Le CNP (le Conseil National de Presse, l’organe de régulation de la presse ivoirienne) a encore frappé dans le camp de la presse de l’opposition. Le journal Aujourd’hui a reçu hier matin sa troisième lettre de suspension dans un intervalle de quatre mois. Ce qui passe désormais pour un harcèlement s’est présenté cette fois sous la forme d’une cascade de sanctions. Le journal est suspendu pour 26 parutions et le directeur de publication l’est, à titre personnel, pour trois mois. Il y a un cran au dessus de tout ce que cet organe de presse a jusqu’à maintenant reçu comme sanction. Avant de faire un analyse de ce qui pourrait sous-tendre cet acharnement, voici ce qui fait sortir le CNP de son lit :
1- Un avant papier sur la célébration de la victoire électorale de Laurent Gbagbo qui a eu lieu en France le 04 décembre dernier et signé par Joseph Titi a été indexé par le CNP comme « constituant à l’évidence une remise en cause des résultats de l’élection présidentielle et qu’un tel traitement de l’information revêt un caractère subversif. »
2- Un papier publier le 30/11/11, rapportant l’appel lancé par Alain Toussaint demandant aux compatriotes Ivoiriens et patriotes africains à empêcher par tout moyen légal la déportation du président Gbagbo à la Haye a été pris par le CNP pour un message appelant à la révolte.
3- Un billet de Joseph Marat intitulé « Il est là, le débat sur la dévaluation aussi ». Pour le CNP cet article « est de nature à inciter à la violence… »
4- Un autre billet de Joseph Marat intitulé « Koenders se croit en brousse » renferme pour le CNP des injures graves et intolérables à l’encontre du diplomate onusien.
5- Un autre article de Joseph Titi publié le 1/12/12 faisant cas de la scène des 7 femmes d’Abobo dont l’une s’était relevée devant une camera simulant une fausse mort est jugé par le CNP comme une manipulation intolérable de l’information et une apologie du meurtre.
Nous aurions aimé nous instruire de la sagesse du CNP dans sa volonté déontologique de nous redresser dans l’exercice de notre profession, mais hélas ! A la lecture de tous les griefs retenus contre le quotidien nous avons la nette impression qu’il a suffi au CNP de vouloir nous suspendre pour qu’il recherche les justificatifs pouvant motiver sa forfaiture. Parce qu’au fond il n’y a vraiment rien à fouetter un chat. Il y a pire qui passe le corridor du CNP. C’est pourquoi nous sommes convaincus, au journal aujourd’hui, que nous sommes victimes de notre positionnement dans l’espace médiatique ivoirien. Nous savons que le CNP dans sa configuration actuelle ne tolère pas que nous ayons contrarié le plan politique du nouveau régime de faire oublier totalement Laurent Gbagbo. Il est vrai qu’avant que nous ne paraissions dans les kiosques à journaux, on ne parlait plus du président Laurent Gbagbo. Notre péché originel est donc d’avoir sonné la mobilisation mondiale autour de ce chef d’Etat, qui pour nous, subit un sort injuste. Pour cela, nous comprenons qu’Eugène Kakou et son équipe veuille nous abattre au risque d’exposer au chômage et à la misère toutes les familles que cet organe permet de faire vivre.
Une autre raison quelque peu mesquine qui taraude le CNP est le sentiment d’avoir été floué dans son orgueil par le directeur de publication Joseph Titi qui enlève ici la palme de la sanction. Eugène Kakou aurait confié à ses proches que Titi ne lui lèche pas assez les bottes. Le refus de celui-ci, par principe de solidarité aux journalistes de Notre Voie emprisonnés, de faire participer son organe à un séminaire organisé par le CNP à Yamoussoukro a été pris par le sieur Eugène Kakou comme un crime de lèse majesté.
Bien pesé, tout le personnel du quotidien aujourd’hui décide d’attaquer cette décision illégale et de porter plainte contre le Conseil National de la Presse pour abus de pouvoir.
La direction du journal Aujourd’hui
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