Révélations – Comment Séka Yapo Anselme (Séka Séka) a fui Abidjan

LE 11 AVRIL 2011, Laurent Gbagbo est capturé. Marcel Gossio était dans le bunker. Tout comme Paul Madys et Sijiri Bakaba. Ceux-ci ont connu des fortunes heureuses. Ils ont pu échapper au Golf hôtel, ainsi qu’à la Pergola. Séka Yapo Anselme était lui aussi dans le bunker, dans un compartiment différent de celui où se trouvait Laurent Gbagbo. Comme la plupart des militaires du camp Gbagbo, dont Guiai Bi Poin, Abéhi, Konan Boniface, pour ne citer que ceux-là, Séka Séka est resté à Abidjan jusqu’au bout. Il n’a pas fui. L’ex-aide de camp a été pris dans les environs du bunker. Les combats étant finis, et ordre absolu ayant été donné de n’exécuter aucun militaire (pas tué lors des combats), Séka Séka a été extrait et conduit en lieu sûr. Avant le 11 Avril 2011, il avait pris soin de mettre à l’abri les huit (8) véhicules de luxe de son parc auto. Par la suite, deux véhicules ont été offerts à un chef militaire. Certains citent le Commandant Wattao des FRCI comme l’heureux bénéficiaire. Quatre autres ont été vendus pour obtenir de l’argent cash. Quatre véhicules vendus et deux offerts, voici ce qui a été dépensé pour faire partir d’Abidjan Séka Yapo Anselme, cinq (5) jours après la chute de Laurent Gbagbo. Quand le deal a été conclu, Séka Séka a été conduit à l’aéroport d’Abidjan, pour embarquer pour le Togo dans un petit avion avec un de ses nombreux passeports. Il n’a pas été enregistré sous son nom, à son arrivée à Lomé. C’est de la capitale togolaise qu’il a ensuite rallié Accra. Cette version est concordante et bat en brèche les allégations selon lesquelles, l’aide de camp de Mme Gbagbo aurait fui Abidjan quelques jours avant la capture du couple.

L’EXIL DES PRO-GBAGBO ENCOURAGÉ PAR LES AUTORITÉS ?

Les autorités ivoiriennes ont apprécié le respect des instructions ayant empêché l’assassinat et l’exécution des militaires et officiers pro-Gbagbo, actuellement détenus. Toutefois, à la faveur de l’arrestation de Séka Séka, et au regard du précédent de la disparition d’Abéhi (est-il vraiment en fuite hors du pays, ou bien caché et gardé en lieu sûr avec l’accord des autorités), des sécurocrates du régime veulent remonter toute la filière ayant permis aux officiers et autres exilés de sortir du pays. A l’époque, les départs en exil avaient été encouragés par les autorités ivoiriennes. Il s’agissait d’une sorte de débarras permettant d’éviter que les pro-Gbagbo subissent la colère des vainqueurs. Les vaincus avaient peur et fuyaient, pour leur sécurité. Les vainqueurs brimés hier, voulaient en découdre. Les nouveaux responsables ont donc fermé les yeux sur l’appui apporté par des pro-Ouattara et non des moindres, aux pro-Gbagbo qui partaient. Avec les révélations sur les liaisons dangereuses, ainsi que les cir-=constances de l’évasion supposée d’Abéhi, il est question de voir de plus près, ce qui s’est passé. Les mêmes circuits ayant permis que les gens fuient, peuvent aussi bien servir à faire entrer au pays, les exilés pro-Gbagbo pour déstabiliser le régime Ouattara. La vigilance est donc de mise.

Source: L’Intelligent d’Abidjan

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 Deux semaines après son arrestation, Séka Séka fait trembler la République, Ses révélations qui sèment le branle-bas

Depuis le 15 octobre 2011, l’ex-aide de camp de l’ex-Première dame, Simone Ehivet Gbagbo est tombé dans les filets de la Police nationale. Passé l`euphorie de cette arrestation qualifiée de « capitale », l’officier de la gendarmerie, qui s’était réfugié au Ghana suite à la crise post-électorale, devient encombrant pour les nouvelles autorités. C`est ce qui ressort des sources proches du dossier. Cuisiné par les services de renseignements, Séka Séka ne cesse de balancer des noms. En plus des soldats qui ont participé, directement ou indirectement à ses côtés, à l`élimination physique d`individus gênants pour l’ex-pouvoir, l`ex-aide de camp de Simone Gbagbo a commencé à balancer tous ceux qui ont fait des affaires avec lui. Selon une source proche du dossier, il vient de citer Pierre Chaudron, employé à la Fédération ivoirienne de football (FIF), comme son complice. Celui-ci aurait participé à d’importants mouvements financiers pour le compte de Séka Séka, en plus d`être l`un de ses démarcheurs pour la vente de véhicules de luxe ayant appartenu à des barons de l`ex-pouvoir. Actuellement, souligne une source d`information qui nous a joint par téléphone hier dimanche 30 octobre, Pierre Chaudron est détenu à la Direction de surveillance du territoire (DST), au grand dam de son frère magistrat. Pierre Chaudron est le responsable de la Commission de Contrôle de Gestion à la FIF. Il est donc le collaborateur de Sidy Augustin Diallo, patron de cette structure qui gère le football ivoirien. Un autre membre de la FIF et non des moindres est également cité, selon des sources proches de l`enquête. Il s`agit de Malick Toé, proche collaborateur du Premier ministre, Guillaume Soro. Il est le troisième vice-président, responsable de la Commission de la Promotion et du Marketing de la FIF. A-t-il été entendu, comme les autres? Nous n`avons pu en avoir confirmation. Toujours est-il qu`il était au stade Champroux, avant-hier samedi 29 octobre. Toute chose qui indique qu`il jouit toujours de sa liberté. Outre l`ordinateur portable que portait Séka Séka, qui a fourni des informations capitales, l`interrogatoire du commandant de gendarmerie révèle l’implication d`un certain Lézin Boigny, homme d’affaires prospère, dans des transactions financières. Toujours selon notre interlocuteur, plusieurs officiers de police et de la gendarmerie entendus avaient balancé le nom de Séka Yapo Anselme comme étant le principal cerveau de plusieurs crimes perpétrés sous l’ancien régime.

Les « balanceurs » balancés

Quand ces officiers ont été auditionnés, ils n’ont pas tardé à balancer, comme un refrain, le nom de leur frère d’armes. Ces officiers étaient loin de s’imaginer qu’un jour, Yapo Séka Anselme tomberait entre les mains de la justice ivoirienne et ferait des révélations sur leur compte. Branle-bas, donc, dès que l`aide de camp de Simone Gbagbo est tombé dans les filets des forces ivoiriennes! Quand il a appris que des tiers ont voulu le noyer en l`accusant d`avoir commis des crimes auxquels il n`a rien à voir, Séka Séka n’a pas hésité, lui non plus, à les balancer. «Des personnes pensaient que Séka Séka n`allait jamais être arrêté. Quand on interrogeait un officier sur tel ou tel fait, il n`hésitait pas à balancer son nom. Aujourd`hui, mis devant le fait accompli, Séka Séka les balance également en disant, dans les moindres détails, ce qu`ils ont fait», nous a confié une source proche de l’enquête. Qui révèle que l’ex-directeur général du Port autonome d’Abidjan, Marcel Gossio, arrêté par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) le lundi 11 avril dernier, jour de l`arrestation de l’ancien président, Laurent Gbagbo, a été relâché sur une injonction venue d`en haut. Gossio aurait payé au gradé des FRCI ayant facilité sa fuite, plus d`une trentaine de millions FCFA. Il en est de même pour plusieurs pontes de l`ancien régime dont la culpabilité dans la crise post-électorale a été établie. L’interrogatoire de Yapo Séka Anselme s`apparente du coup à la boîte de pandore. A peine ouverte, elle commence à dégager une odeur pestilentielle pour tous. Le président du tribunal militaire, selon un confrère, aurait demandé l`accélération de l`enquête afin de boucler le dossier. Lequel embarrasse au plus haut point les grandes oreilles ivoiriennes. D`autant plus qu`il révèle à quel point des proches du nouveau régime se sont mouillés eux-mêmes dans des affaires louches, bien connues du mis en cause. Aujourd`hui, ils sont nombreux qui passent chaque journée la peur au ventre, craignant d`être dénoncés. Ceux qui ont dealé avec les exilés en achetant leurs biens, dorment difficilement. Ils ne sont pas à l’abri d`une audition ou d’une arrestation. Des chefs des FRCI seraient également cités. L’interrogatoire continue et l`ex-aide de camp de Simone Gbagbo, dit-on, n’a pas encore fini de vider son sac, vraisemblablement très plein.

Y.DOUMBIA
L’Inter

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