Pénurie d’eau potable – le déficit d’investissements est le problème

Eau potable : LA DISCONTINUITE DU SERVICE EST DUE À UN DÉFICIT D’INVESTISSEMENT
Fraternité Matin

Un tiers de la population abidjanaise n’a pas régulièrement accès à l’eau potable. L’information émane de M. Berté Ibrahim, le directeur général adjoint de l’Office national de l’eau potable. A la question de savoir les raisons liées à cette situation dans certains quartiers d’Abidjan dont le Remblai, Da Cruz Dominique, directeur général de la Sodeci, explique cette discontinuité du service d’eau par plusieurs facteurs :

l’urbanisation accélérée de la ville, la prolifération les lavages automobiles et le déficit d’investissement lié essentiellement aux différentes crises qu’a connues la Côte d’Ivoire.

Les causes des difficultés d’approvisionnement en eau potable

L’urbanisation est l’un des facteurs de rupture d’eau dans certaines localités d’Abidjan. En effet, notifie le directeur général adjoint de la Sodeci, la ville d’Abidjan a débuté par un noyau de quartiers qui avaient besoin d’un certain nombre d’infrastructures en adduction d’eau pour alimenter ce noyau initial. Or la ville, au fur et à mesure, s’est étendue au-delà de ce noyau. Voilà pourquoi, de l’avis de M. Da Cruz Dominique, les localités de Cocody, Deux-Plateaux, Marcory, Plateau sont correctement approvisionnés. Et que tous ceux qui ne sont pas à proximité de ce noyau sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement en eau potable, tels les quartiers en extension dans le périmètre de la ville d’Abidjan. Et ceci, parce que les ouvrages ne sont dimensionnés à approvisionner les populations habitant au-delà de ce noyau, compte tenu du fait que les investissements n’ont pas suivi.

A ce propos justement, les différentes crises qui se sont succédé en Côte d’Ivoire depuis 1999, selon l’Onep, ont constitué un frein à la réalisation des projets en matière de renforcement de la production d’eau. En effet, les conflits ont beaucoup empêché les investissements dans le secteur de l’eau. A cela s’ajoute la prolifération des lavages autos qui, à n’en pas douter, impacte l’approvisionnement en eau potable. En effet, l’eau utilisée pour laver les véhicules aurait pu servir, de l’avis du directeur général adjoint de la Sodeci, à des fins domestiques. Aussi propose-t-il que l’on règule ces lavages pour pallier le déficit de production en eau potable, en vue d’avoir une sorte de solidarité dans la répartition de l’eau produite. Cependant, comment soulager cette frange de la population qui subit une pénurie en eau potable?

Des programmes et autres palliatifs pour améliorer l’existant

L’Office national de l’eau potable et la Sodeci, chapeautés par le ministère des Infrastructures économiques, envisagent d’œuvrer ensemble pour soulager cette frange de la population en procédant, soit à une distribution équitable ou à un délestage, soit à la mise en œuvre de projets financés par des bailleurs de Fonds ou encore à l’usage de suppresseurs.

L’accès à l’eau potable est un droit humain et son inaccessibilité peut être, à certains endroits, considérée comme une infraction. C’est pourquoi les différentes structures en charge de l’eau potable, notamment l’Onep, se sont fixé comme objectif, d’ici 2013, de permettre à tout le monde d’avoir ce précieux liquide 24h/24 Et cela du fait que le secteur de l’eau, à en croire l’Onep, mobilise plus facilement les bailleurs. «Lorsqu’on parle de population n’ayant pas d’eau potable, les bailleurs de fonds sont plus sensibles», souligne M. Berté Ibrahim. Avec la fin de la crise, celui-ci pense que les programmes de renforcement qui se font de manière séquentielle peuvent reprendre en vue d’améliorer l’accessibilité à l’eau.

A ce sujet, beaucoup de projets ont été mis en œuvre par différents bailleurs de fonds européens comme l’Union européenne, la Banque mondiale, la Banque arabe pour le développement et la Banque islamique pour le développement. Ce sont ces structures qui travaillent dans le secteur de l’eau potable à Abidjan et des projets majeurs sont en train d’être réalisés.

Le plus important est celui du renforcement de la production de l’eau potable à Yopougon Niangon qui est financé par la Banque islamique de développement à hauteur de 12 milliards de Fcfa. Et qui doit s’achever en 2013.

Il y a aussi le projet financé sur fonds propre par Le Fonds de développement de l’eau et qui s’élève à 10 milliards de Fcfa. Il a été lancé en 2006 et consiste à renforcer la production d’eau potable à la Djibi où un réservoir de 5 000 m3 a été construit. Il va être raccordé à six forages. Pour l’heure, quatre y sont raccordés. Ce projet est en phase d’achèvement et commence à soulager les populations de la zone d’Angré.

Concernant le projet de la Bad Ea, qui va traiter la partie nord-est d’Abidjan (vers la Riviera), il risque de prendre du temps car des difficultés de sites se posent. En effet, étant en pleine ville, les sites consacrés au projet sont quelques fois occupés par les populations. Il faut donc les déloger tout en préservant leurs droits de sorte à entamer ce programme financé conjointement par la Banque mondiale et le Fonds de l’Opep. Sans oublier, précise M. Berté Ibrahim, les autres projets, toujours dans le secteur de l’eau, financés par la Banque mondiale et l’Union européenne.

Pour ce qui est de la partie sud, notamment Marcory nord-est, il y a aussi un projet qui consistera à prendre l’eau à Bonoua, la transférer sur Abidjan, la traiter et ensuite la distribuer.

Par ailleurs, des ouvrages seront mis au fur et à mesure en œuvre. Ainsi le déficit va progressivement s’atténuer. Là où les populations, par exemple, manquaient d’eau pendant 16 heures, elles vont en manquer pendant 6 heures ou 5 heures. Progressivement, ce temps sera réduit parce que l’objectif d’ici 2013 est de permettre à tout le monde d’avoir de l’eau 24h/24.

En attendant cela, l’Onep tout comme la Sodeci conseille l’usage de suppresseurs, pourvu que les populations intéressées par cette pratique se fassent assister des deux structures susmentionnées. Cependant, il est déconseillé de l’installer directement sur le tuyau d’eau qui alimente les ménages. Le faisant, cela perturbe le fonctionnement de ce réseau. Car le suppresseur aspire la quantité d’eau qui arrive dans le tuyau, privant ainsi tout le voisinage du précieux liquide. Pour les responsables de ces structures, il faut qu’il ait un réservoir qui est alimenté lorsque le suppresseur est en marche.

Impact sur la facturation

A la question de savoir si la plainte des riverains relative à l’augmentation de leur facture d’eau est justifiée, alors qu’ils estiment acheter 70% de leur consommation de ce liquide ailleurs, M. Da Cruz Dominique affirme que la facturation est transparente. Il invite à ce propos les clients à vérifier eux-mêmes leur facture en regardant sur le compteur si l’index de départ correspond à l’index d’arrivée de l’ancienne facture. Par ailleurs, mentionne-t-il, des personnes négligentes laissent leur robinet ouvert de jour comme de nuit. De plus, un certain nombre d’installations sanitaires fuient. Et lorsque l’eau coule, le compteur tourne et tout ceci concourt à augmenter le nombre de mètres cubes d’eau utilisés et par ricochet la tarification. Toutefois, il demande aux clients de se rendre dans n’importe quelle agence de la Sodeci pour s’assurer de la fiabilité de leur facture. En cas de contestation, la Sodeci étalonne le compteur devant le client pour lui démontrer sa fiabilité à bien comptabiliser le volume d’eau consommée.

Marie Chantal Obindé

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