Karamoko Yayoro, Président des jeunes du RDR: « Je suis candidat à Abobo aux législatives »

« Ce sont les jeunes qui peuvent apporter une fraîcheur physique, intellectuelle et psychologique à notre Assemblée nationale afin que le Président de la République puisse avoir les énergies et les intelligences pour reformer la Côte d’Ivoire », confie dans cet entretien, à www.fratmat.info, Karamoko Yayoro, président du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), qui vient d’établir son quartier général de campagne dans le sous-quartier Belleville de la commune d’Abobo.

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Vous êtes très actif, ces temps-ci sur le terrain politique à Abobo et vous y avez même ouvert une permanence dans le sous-quartier Belleville. Est-ce la confirmation que vous vous apprêtez à aller à la conquête d’un poste de député pour les législatives prochaines ?

Effectivement, je suis présent à Abobo parce que je suis un militant du Rassemblement des républicains (Rdr) de cette commune. Et comme j’aime à le dire, tous les nationaux sont victimes souvent d’un syndrome. C’est-à-dire qu’ils sont sollicités sur le plan national et n’ont souvent pas le temps de revenir vers la base. Où il y a des responsables locaux, des secrétaires départementaux, des commissaires politiques, des secrétaires de section au niveau des jeunes et des femmes, etc. Et finalement, le responsable national que nous sommes, n’est nulle part. Puisqu’il n’a pas le temps de participer aux activités de son comité de base ou de sa section. C’est pour éviter cela que nous avons décidé de revenir à la base. C’est la raison pour laquelle vous me voyez de plus en plus à Abobo. Où je suis candidat pour les législatives.

Pourquoi avoir spécifiquement choisi d’être député alors que vous aurez pu bien opter pour les municipales ?

Je veux siéger à l’hémicycle parce que la Côte d’Ivoire a traversé des périodes difficiles. Elle a besoin de se reformer en profondeur. Et ceux qui sont chargés de définir la nouvelle ligne du pays, ce sont évidemment les parlementaires. Le président Alassane Ouattara a besoin d’une majorité forte et surtout de vision nouvelle pour impulser ce changement. Je pense à la constitution qui doit être fortement reformée ainsi que l’administration. Je pense également à la construction d’un Ivoirien nouveau qui va mettre en avant, le travail, le mérite, l’excellence. Et qui va tourner le dos à tous les vilains sentiments que sont le favoritisme et la tricherie. C’est nous, en tant que jeunes, qui pouvons apporter cette vigueur voire cette fraîcheur physique et intellectuelle, et psychologique à notre Assemblée nationale. Pour que le Président de la République puisse avoir les énergies et les intelligences pour reconstruire le pays.

Beaucoup de jeunes proches du Rdr ont pris les armes, pendant la crise post-électorale, pour faire respecter leur suffrage. A l’heure de la réinsertion et de la réhabilitation, qu’est-ce que le responsable des jeunes que vous êtes, avez à leur dire ?

Avant tout, il faut leur dire merci et louer leur courage. Je profite de cette occasion comme je l’ai fait à maintes reprises, pour m’incliner respectueusement devant la mémoire de ces jeunes courageux, patriotes et citoyens. Qui sont tombés au champ d’honneur pour la sauvegarde de l’unité nationale et la fraternité. Mais surtout pour la construction d’une nation démocratique. Je pense qu’il faut regarder ces jeunes avec beaucoup de respect. Leur parler posément, tranquillement et leur dire qu’il y a des conditions pour ceux qui veulent entrer dans l’armée. Il y a aussi un programme national d’insertion de ces combattants. Pour nous, il est important que ces jeunes puissent le comprendre. Nous les encourageons donc à suivre ces différents programmes pour qu’ils retrouvent la place qui doit leur revenir dans la nation. Et que par les actes qu’ils ont posés, la nation leur soit reconnaissante et qu’ils soient respectés.

S’agissant de l’emploi jeune, est-ce que vous pouvez rassurer cette frange de la société que le Président Alassane Ouattara tiendra ses promesses ?

Je pense et je suis convaincu que le Président de la République tiendra promesse. Hier (Ndlr : mercredi 7 septembre dernier) lors de la pause de la première pierre du 3ème pont qu’à partir de maintenant toute la Côte d’Ivoire est en chantier. Je pense que si la Côte d’Ivoire est en chantier, des ouvriers jusqu’aux techniciens et ingénieurs ne viendront pas d’ailleurs. Pour notre part, nous allons nous atteler à faire en sorte qu’effectivement les jeunes travaillent. Mais qu’ils aient un salaire décent. Et cela, pour pouvoir se prendre en charge et subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille et retrouver toute la dignité qui doit être la leur dans la nation ivoirienne. De ce côté, je n’ai pas d’appréhension. Au contraire, j’invite les jeunes à un peu de patience car si la Côte d’Ivoire est en chantier, ce sont eux qui auront du travail.

Qu’avez-vous à dire aux jeunes d’en face qui espèrent encore à un retour de leur mentor, l’ex-Président Laurent Gbagbo ?

Je ne sais pas comment les gens comprennent le jeu démocratique. Il y a eu des élections. Il y a eu un vainqueur et un vaincu au second tour. Si quelqu’un rêve d’un retour, ça veut dire que ce n’est plus par la voie démocratique. S’ils rêvent d’un retour, il faut qu’ils acceptent leur statut d’opposant et qu’ils se mettent à travailler pour reconquérir la confiance des Ivoiriens. Et qu’ils leur fassent des propositions pertinentes. Cependant, il faut qu’ils soient surtout humbles et reconnaissent les fautes qu’ils ont commises. A savoir les crimes de sang. Quand on a érigé des barrages, tué froidement, brûlé des êtres vifs, commis des crimes économiques, détruit le système éducatif, prôné la haine tribale et religieuse, je pense qu’on doit avoir l’humilité de venir devant la nation. Pour dire qu’effectivement nous avons fauté à un moment donné de notre vie et de notre parcours politique. Et par la suite demander humblement pardon. C’est pourquoi, j’invite le Front populaire ivoirien (Fpi) à demander pardon afin que les Ivoiriens puissent les voir comme des hommes neufs. Tant qu’ils vont continuer à afficher arrogance, suffisance et insouciance, tant qu’ils ne vont pas prendre en compte les souffrances actuelles et passées des Ivoiriens, je ne suis pas sûr qu’ils seront acceptés. A part être accepté que sur le bout des lèvres.

Elie Hallassou qui était de la galaxie patriotique proche de l’ex-chef de l’Etat, vous a rejoint au Rdr. Comment appréciez-vous son choix d’épouser vos idéaux ?

Je voudrais que beaucoup d’Ivoiriens fassent comme Elie Hallassou. Mais avant qu’ils fassent le repentir. Vous savez le Rdr est un parti ouvert à tous les Ivoiriens, à toutes les sensibilités religieuses et philosophiques. Ceux qui hier soutenaient le Fpi parce qu’ils croyaient en un projet de société et qui se rendent compte que ce parti les a trahis, doivent se démarquer de tous ceux qui n’arrivent pas à faire leur critique et leur autocritique au sein de cette formation politique. Ceux qui auront la capacité de faire cette introspection doivent pouvoir maintenant se retrouver au Rdr comme Elie Hallassou.

L’un des chantiers qui attend le Président Ouattara, ce sont les textes organiques dont le code de nationalité. Si vous avez la majorité confortable, quel sort allez-vous réserver aux bénéficiaires des dispositions de la section 2, article 17 relatives au droit de sol, de la loi N°61-415 du 14 décembre 1961, non encore modifié portant code de la nationalité ivoirienne.

Je pense qu’il faut clarifier les choses. Car en Côte d’Ivoire, il y a un débat nauséeux qui est mené et qui consiste à s’accrocher aux tribus. On ne veut pas aller à la modernité. Les gens et même les enseignants d’Université n’expliquent pas suffisamment le code de la nationalité. Et pourtant une nation moderne, c’est avant tout le respect des lois. En effet, les lois doivent être clairement expliquées. Il faut user d’une véritable pédagogie pour expliquer au gens ce que c’est que la nationalité. Au cours des meetings, lorsque j’explique à des parents ce qu’est la nationalité, ils réagissent négativement.

Quand tu expliques que ta petite sœur ivoirienne qui a épousé un malien, sénégalais, burkinabé, ghanéen, guinéen et que son enfant qui s’appelle Ouédraogo, Touré ou autres est un Ivoirien, nos parents au début te disent qu’ils ne sont pas d’accord. Parce que dans nos sociétés, on a toujours pensé qu’on héritait tous du père. Voici comment le code de la nationalité était compris par nos parents. Il faut donc expliquer aux gens que la nation moderne a des lois. On peut être un Ivoirien par le droit de sang. Il suffit que l’un de vos deux parents soit Ivoirien pour que vous soyez Ivoirien. Vous pouvez l’être par naturalisation. On l’est aussi par le mariage ou par adoption. C’est ce qu’il faut expliquer aux gens.

C’est après cette pédagogie que nous pouvons donc faire comprendre qu’il y a le droit de sol. Qui consiste à dire quelle que soit votre origine, si vous naissez en Côte d’Ivoire, à la majorité vous pouvez opter pour la nationalité ivoirienne. Et comme les grandes nations le pratique, la première richesse pour développer une nation, c’est avant tout les hommes. On a beau avoir des matières premières agricoles, minières et minéralogiques, si on n’a personne pour mettre cela en valeur, elles restent des potentialités. Ce sont donc les hommes qui transforment tous ces éléments en richesse. Ce sont autant de chose qu’il faut expliquer. Mais il faut le faire de façon méthodologique. Je pense que ce sera aussi le rôle des députés de la nouvelle législature qui va se mettre en place. C’est pourquoi, les jeunes doivent avoir une vision moderniste et progressive et faire en sorte qu’à partir de ce mandat, la Côte d’Ivoire renoue avec la démocratie.

On a beaucoup évoqué la responsabilité de la presse ivoirienne dans la crise. Comment vous percevez le rôle des médias ivoiriens dans l’accompagnement du processus de réconciliation nationale ?

Je pense que la presse ivoirienne doit maintenant faire son autocritique. Beaucoup d’organes de presse ont évolué dans le traitement de l’information. Je pense à votre organe, Fraternité Matin. Aujourd’hui, il me semble que votre journal a fait sa mue et je reste convaincu que cela doit se ressentir au niveau des ventes actuellement. Par contre, certains de vos confrères et précisément « Notre Voie » et surtout les journaux bleus de l’opposition n’ont pas compris qu’il faut changer. Je les invite à se ressaisir et à savoir qu’on peut faire de l’opposition en écrivant des choses vraies. Pour moi, la presse doit participer sainement à la critique. Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin d’une presse béni-oui-oui. Il faut que la presse ivoirienne joue son rôle de contre pouvoir pour permettre au Président Ouattara de construire une nation véritablement démocratique.

Réalisée par CHEICKNA D. Salif

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