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L’organisation de défense des droits de l’homme reproche à l’administration Obama de ne pas agir en dépit des preuves et met aussi Dick Cheney et Donald Rumsfeld en cause.
Human Rights Watch appelle les gouvernements étrangers à poursuivre l’ancien président américain et de hauts responsables en place pendant son mandat pour crimes de guerre si l’administration Obama ne le fait pas, alors que les preuves de recours à la torture, d’enlèvement et de mauvais traitement des prisonniers s’accumulent.
George W. Bush n’est pas le seul visé : Human Rights Watch accuse aussi son vice-président Dick Cheney, l’ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et l’ancien directeur de la CIA George Tenet.
De quoi sont-ils accusés exactement ? Des pratiques en vigueur dans les camps-prisons de Guantanamo et Abou Ghraib. Rien de neuf, reconnaît Human Rights Watch, mais il faut agir car les preuves se multiplient, avec la publication progressive de documents classifiés, les confessions faites dans des livres par George W. Bush et d’autres, ainsi que des fuites provenant de rapport de la Croix-rouge.
JFH avec The Guardian
Torture : l’adminstration Bush mise en accusation
L’ONG Human Rights Watch vient de publier un rapport accablant, mettant clairement en cause l’administration Bush (et a fortiori l’administration Obama) dans des actes de tortures infligés à des prisonniers. Intitulé « Getting away with Torture : The Bush administration and Mistreatment of Detainees » (« Torture et impunité : L’administration Bush et les mauvais traitements infligés aux détenus », ce rapport appelle à la tenue d’enquêtes criminelles à l’encontre de l’ancien président George W. Bush, mais aussi de son ancien vice-président Dick Cheney, de son ancien secrétaire d’État à la Défense Donald Rumsfeld et de l’ancien directeur de la CIA George Tenet.
En août 2009, le ministre de la Justice américain Eric Holder a fait lancer une enquête sur les abus infligés à des détenus, mais celle-ci a été limitée aux actes « non autorisés ». Or, de nombreuses pratiques de torture, telles que le « waterboarding », un simulacre de noyade, ont été autorisées par les plus hauts dignitaires de l’État, l’ancien président Bush en proue. HRW dénonce également le fait que cette enquête, très restreinte, n’a pas abordé le caractère systémique de ces actes de torture. Son directeur exécutif Kenneth Roth a observé que « les abus systématiques autorisés par le gouvernement américain dans plusieurs pays n’étaient pas le résultat d’actes de quelques individus qui ont enfreint les règles ».
HRW met donc particulièrement en cause quatre anciens hauts représentants de l’administration Bush. L’ancien président a reconnu avoir approuvé dans deux cas le recours au « waterboarding », avoir autorisé des programmes de détention secrète ainsi que de restitution extraordinaire, selon lesquels des détenus étaient transférés dans des pays comme l’Égypte et la Syrie en vue d’être torturés. Dick Cheney a pour sa part été le principal instigateur des politiques illégales de détention et d’interrogatoire ; il a également présidé des réunions pendant lesquelles ont été prises des décisions de recours au simulacre de noyade. Donald Rumsfeld a lui aussi approuvé des méthodes d’interrogatoire illégales. George Tenet a autorisé et supervisé le programme de restitution extraordinaire de la CIA, mais aussi de nombreux actes de torture (lumière aveuglante, bruit assourdissant, privation de sommeil ou encore simulacre de noyade).
Pour sa défense, l’ancien président George W. Bush a indiqué qu’il lui avait été affirmé par des avocats du ministère de la Justice que la pratique du « waterboarding » était parfaitement légale. Cependant, HRW dévoile des informations indiquant que de hauts représentants de l’administration, y compris Dick Cheney, ont tenté d’influencer le jugement des avocats.
L’administration Obama, au vu des preuves d’actes de tortures commis par l’administration de son prédécesseur, aurait dû ouvrir une enquête criminelle, en vertu de la Convention contre la torture, mais, selon Kenneth Roth « le président Obama a traité le recours à la torture comme s’il s’agissait d’un choix politique regrettable et non d’un crime ». L’actuel président américain invoque également le « secret d’État » et « l’immunité des fonctionnaires ».
HRW appelle à une indemnisation des victimes, conformément aux dispositions de la Convention contre la torture (adoptée en 1984), et rappelle qu’en vertu du droit international, si aucune enquête n’est mise en place par les autorités américaines, d’autres pays pourront poursuivre en justice les officiels américains impliqués dans des crimes à l’encontre de détenus. Effectivement, l’administration Bush a bafoué la Convention, et donc le droit international. Celle-ci exige pourtant des États signataires que ceux-ci rendent des rapports au Comité contre la torture, et qu’ils prennent des mesures concrètes afin d’empêcher la torture à l’intérieur de leurs frontières, et leur interdit de renvoyer dans leur pays d’origine des personnes qui risqueraient d’y être torturées (Art.2.2. : « Aucune circonstance, quelle qu’elle soit […] ne peut être invoquée pour justifier la torture »).
Sources : Human Rights Watch, Convention contre la torture
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article534
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