La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) exprime ses préoccupations les plus sombres et les plus alarmantes en Cote d’Ivoire face à la dégradation continue de la situation sécuritaire, de la déliquescence de l’Etat et de la manifestation de tous les ingrédients qui rappellent de plus en plus la situation du Rwanda en 1994.
D’abord l’ensauvagement de l’élite politique qui tourne autour de Gbagbo qui s’appuie sur l’armée, les milices et un lumpen prolétariat radical qui utilisent la haine ethnique et régionaliste pour exercer la terreur sur les populations ivoiriennes avec comme objectif : maintenir Gbagbo comme Président où bien anéantir la Cote d’Ivoire.
La crise se nourrit également de l’impuissance, des contradictions internes, de l’hypocrisie et du double jeu de certains chefs d’Etat et du Président de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping. Il faut également dénoncer l’attitude de l’Angola qui apporte un soutien diplomatique et financier à Laurent Gbagbo. Quant à la CEDEAO, elle n’a jamais été aussi vulnérable avec la crise de leadership, de démocratie et des élections qui lui brisent les ailles et l’empêchent d’exercer une véritable influence sur le cours des choses ; ici il faut particulièrement relever le rejet du médiateur du Faso par Gbagbo, le silence et l’impuissance du Chef de l’Etat sénégalais dont la diplomatie est quasi inexistante aujourd’hui, la politique du double jeu du Président ghanéen et la diplomatie du profil bas du Général Amadou Toumani Touré.
Les conséquences sont là, palpables avec la guerre civile et la guérilla urbaine qui s’installent et fait plus de 500 morts, des milliers de personnes déplacées ou réfugiées, des attaques directes contre l’ONUCI, la censure de tous les journaux proches de Ouattara sans compter l’impact de cette crise dans certains conflits de la sous région comme la Casamance.
Face à la menace de Rwandisation et à ses conséquences imprévisibles dans la sous-région, la RADDHO :
_ Recommande un sommet extraordinaire de la CEDEAO ouvert aux ONG de l’Afrique de l’ouest et experts en matière de résolution de conflits ;
_ Dénonce la prolongation d’un mois de la mission du Panel des Chefs d’Etat qui contribue au pourrissement de la situation, à l’escalade de la violence et à la menace d’une guerre civile généralisée ;
_ Recommande au Conseil de Sécurité des Nations Unies, de prendre toutes ses responsabilités pour renforcer la mission de l’ONUCI afin de mieux assurer la protection, la sécurité des biens et des personnes mais surtout de stopper le dessein macabre d’anéantissement de la Côte d’Ivoire par Gbagbo et son clan ;
_ Demande au conseil des Nations Unies pour les droits de l’Homme d’envoyer une mission d’urgence pour enquêter sur les violations des droits humains en Cote d’Ivoire.
Fait à Dakar le 03 mars 2011
Le Président
Alioune Tine
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