Azaguié drogue, violences et indifférence d’État: combien de victimes faudra-t-il encore pour réveiller la Côte d’Ivoire ?

Lu pour vous

La population ivoirienne s’inquiète, s’indigne, se lasse. Les violences liées à la drogue se multiplient, et pourtant rien ne semble véritablement bouger. Dans les quartiers comme dans les villes de l’intérieur, la jeunesse s’enfonce dans un fléau qui détruit des vies, des familles et des communautés entières. Et face à cette dérive inquiétante, l’État donne l’impression de détourner le regard. Combien de temps encore laissera-t-on cette génération sombrer ainsi, sans réaction ferme, sans stratégie claire, sans compassion réelle ?

Il y a pire encore : la prise en compte des revenus issus de la drogue, de la prostitution et d’autres activités illicites dans le calcul du PIB. Une décision technocratique qui, sous couvert de conformité internationale, banalise l’impact dévastateur de ces pratiques sur l’économie nationale et sur les comportements sociaux. Comment un pays peut-il criminaliser la drogue d’un côté, tout en intégrant ses bénéfices dans ses indicateurs de performance de l’autre ? Comment l’État peut-il espérer lutter contre ces fléaux lorsque leurs gains clandestins contribuent, officiellement ou non, à améliorer l’image macroéconomique du pays ?
Cette contradiction interroge, choque et révèle une incohérence profonde dans la gouvernance publique.

Pendant ce temps, à Azaguié, la terreur s’installe. Des drames se succèdent, et les populations vivent dans la peur permanente des dealers et des bandes violentes. Les autorités, elles, tardent à réagir. Ni l’État ni le Parquet ne semblent mesurer l’urgence de la situation. Cette lenteur judiciaire et administrative est perçue comme un abandon, voire comme une complicité passive.
La Côte d’Ivoire, à force de tolérer l’impunité et de s’enfermer dans l’autosatisfaction, risque de perdre non seulement la bataille contre la drogue, mais aussi son âme.

Hier, dame Brigitte D., une retraitée sans histoire, a été inhumée. Elle est l’une des victimes collatérales de cette spirale de violence à Azaguié. Une vie arrachée, une famille brisée, un drame de plus dans une liste qui ne cesse de s’allonger. Et déjà, d’autres jeunes seraient tombés, selon des informations encore à confirmer. Encore des vies perdues, encore des parents en deuil, encore une société qui s’habitue trop vite à l’inacceptable.

Il est temps que l’État prenne la pleine mesure de cette crise. Il est temps que la justice assume son rôle. Il est temps que les décisions économiques cessent de contredire les discours politiques. Il est temps de protéger la jeunesse, avant qu’elle ne soit définitivement engloutie par le poison de la drogue et l’indifférence des institutions.

La Côte d’Ivoire mérite mieux que cette résignation silencieuse. Elle mérite un sursaut. Et ce sursaut doit commencer maintenant.

Avec Jean-Baptiste PANY

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