Afrique de l’ouest / Drones et djihadistes : une menace nouvelle dans le Sahel

Le Sahel, déjà confronté à de multiples menaces (insécurité, changement climatique, trafics, etc.) doit désormais faire face à l’utilisation croissante de drones par les groupes djihadistes. Cette innovation représente une nouvelle dimension dans les capacités opérationnelles de ces groupes et augmente les risques pour les populations.

Pourquoi les drones deviennent un atout stratégique ?

Les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont commencé à utiliser des drones dans des attaques complexes au Sahel :

  • Ils servent d’outils de surveillance, pour repérer les mouvements des forces ennemies.
  • Ils sont aussi destinés à la propagande, avec des vidéos montrant les assauts eux-mêmes.

La technologie utilisée est souvent de nature commerciale, modifiée pour porter des charges légères ou simplement filmer en temps réel. Des réseaux djihadistes installés au Moyen-Orient aident à la transmission de savoir-faire technique, facilitant cette émancipation locale.

Conséquences sur le terrain

  • Surveillance renforcée : Les drones permettent aux groupes djihadistes de mieux planifier leurs attaques, d’éviter les embuscades et d’optimiser les tirs.
  • Attaques plus efficaces : Ce gain tactique se traduit par des opérations de plus en plus précises.
  • Impact psychologique : Les drones créent un sentiment d’omniprésence et de vulnérabilité parmi les civils et les soldats, car l’adversaire peut observer ou filmer en toute discrétion.

Exemples récents d’attaques marquées

Les djihadistes de JNIM (affiliés à Al‑Qaïda) ont multiplié les attaques depuis mai 2025, particulièrement au Burkina Faso et au Mali. Ces offensives ont visé bases et convois militaires, utilisant la surveillance drone pour augmenter leur impact.

Les frappes de drones ont causé de nombreuses victimes civiles en Afrique, y compris au Sahel, notamment à cause d’engins MALE (drones armés à moyenne altitude).

Réglementation absente, prolifération facilitée

La prolifération de drones bon marché et la faible régulation dans la région créent un terrain propice aux usages non étatiques.

Cette absence de cadre légal ouvre la voie à une course aux drones entre groupes djihadistes et forces armées sahéliennes, mais sans surveillance ni traçabilité fiables.

Un défi géopolitique régional

Au même moment, des États sahéliens (Mali, Burkina, Niger) se tournent vers des drones militaires turcs ou russes pour se défendre, parfois avec le soutien de compagnies privées comme Sadat ou des mercenaires liés à la Russie .

Mais cette militarisation de l’espace aérien crée une guerre des drones, où, faute de contrôle civil ou international, les lignes entre légitime défense et abus restent floues.

Quelle réponse pour le public et les décideurs ?

  1. Renforcer la réglementation de l’usage des drones dans le Sahel, avec un contrôle sur les importations et les formations à leur usage.
  2. Développer des capacités antidrone, notamment des moyens de détection et de neutralisation accessibles.
  3. Améliorer la surveillance aérienne collective, pour éviter que les groupes djihadistes ne disposent d’un avantage technologique indétectable.
  4. Veiller aux droits des civils, en encadrant l’emploi militaire des drones et en assurant la transparence sur les pertes collatérales.

L’apparition de drones entre les mains de groupes djihadistes marque une nouvelle étape dangereuse dans le conflit sahélien. Ces armes technologiques permettent des attaques plus précises, plus discrètes et plus efficaces, tout en accentuant la peur chez les populations. Pourtant, le cadre juridique reste fragmenté, et le jeu aérien se militarise sans contrôle global.

Dans ce contexte, la communauté internationale et les États sahéliens doivent agir de concert. Il est urgent de bâtir une régulation régionale, d’investir dans des moyens anti‑drone et de protéger les civils, sous peine de laisser le Sahel basculer encore plus dans l’incertitude.

F. Kouadio

Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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