Pourquoi « Djergbeugbeu », le héros actuel de la Côte-d’Ivoire ne prendrait-il pas un Décret pour se nommer Président à vie, par Dr Ben ZAHOUI-DÉGBOU

A cinq mois de l’élection présidentielle du 25 octobre prochain, l’atmosphère politique est
très tendue. La raison : les noms du Président Laurent Gbagbo, du Premier Ministre
Guillaume Soro, des Ministres Tidjane Thiam et Charles Blé Goudé ne figurent pas sur la liste
électorale définitive publiée le mercredi (4 juin 2025). Les leaders des principaux partis
politiques notamment, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement
Démocratique Africain (PDCI/RDA) et le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI),
représentent sociologique un peu plus de la majorité des Ivoiriens. Statistiquement, les
résultats du 1er tour de l’élection présidentielle de 2010 font référence. Au cours de cette
échéance qui a connu une participation mémorable de 83,73%, les Présidents Laurent
Gbagbo et Henri Konan Bédié avaient respectivement Obtenu 38,04% et 25,24%.

Cumulativement, le chiffre de 63,28% est révélateur parce qu’aujourd’hui, le PDCI/RDA et le
FPI, devenu entre temps PPA-CI sont les principaux partis de l’Opposition ivoirienne qui,
depuis au moins deux ans, demande un dialogue direct avec le Gouvernement RHDP
(Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix) dont le leader avait
obtenu 32,07% des voix en 2010.

Comme par hasard, les leaders du PDCI/RDA et du PPA-CI sont tous les deux exclus de la
prochaine présidentielle. La situation dans le pays est très tendue à cause de ces exclusions,
à cause aussi, de la liste électorale non consensuelle comme en 2010 et de l’inéligibilité du
Président Alassane Dramane Ouattara. Ce dernier est à son troisième mandat contrairement
à ce que stipule la constitution qui les limite de façon irréversible à deux. Il se prépare à
imposer, cinq années en plus, un quatrième mandat illégal à la majorité des Ivoiriens. Alors
ce qui sera plus simple pour éviter encore des morts et des morts en octobre prochain, il
conviendrait vivement que le Président Ouattara alias « Djergbeugbeu dans le Didiga »
prenne un Décret ou faire voter une loi par l’Assemblée nationale, presque monocolore,
pour instituer une Présidence à vie en Côte d’Ivoire. Dans ce sens, le peuple ivoirien prendra
son mal en patience en espérant la chute mortelle de « Djergbeugbeu ».

Mais pour le moment, face à la situation sociopolitique actuelle en Éburnie, on est tenté de
se demander ce que fait la CEDEAO pour aider la Côte d’Ivoire, ce pays phare de l’Afrique de
l’Ouest, à retrouver la sérénité. Elle attend certainement qu’il y ait un coup d’état pour
mettre en branle toute sa ribambelle de sanctions qui ne sont prévues nulle part dans ses
statuts. Cependant, cette institution régionale dispose d’instruments pour prévenir les
conflits. La situation sociopolitique actuelle en Côte d’Ivoire, notamment la gestion du
processus électoral qui ne respecte aucun principe démocratique, devrait normalement
entrainer une réaction des autorités de la CEDEAO.

Justement, le protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité signé le 10 décembre 1999 à Lomé, permet à
l’organisme régional, d’intervenir dans tous les pays membres où il y a des situations
conflictuelles pouvant déboucher sur un changement anticonstitutionnel au sommet de

l’État. Et c’est le cas, en ce moment le cas en Côte d’Ivoire où, pour se maintenir au pouvoir,
le Président Ouattara utilise toutes les ruses possibles, piétine la constitution et fonce
comme un sourd et aveugle vers une prise du pouvoir par l’armée. Sans être prophète,
toutes les conditions sont donc réunies pour que la Côte d’Ivoire, suive les exemples du
Burkina Faso (Blaise Compaoré, 1987-2014), du Tchad (Idris Déby Itno, (1990 – 2021), de la
Guinée (Alpha Condé, 2010-2021). Dans ces pays, les révisions constitutionnelles pour
instaurer la présidence à vie, le manque de démocratie, la corruption et la mauvaise
gouvernance ont entrainé des coups d’états acclamés par les populations.

D’ailleurs, la CEDEAO et l’Union Africaine ne peuvent pas avoir une influence significative sur
le cours de l’histoire de ces quatre pays et sur les tenants des pouvoirs miliaires qui, au Mali,
au Burkina Faso et au Niger, sont massivement soutenus par les populations notamment la
société civile et quelques fois même, par des partis politiques. Logiquement, comme le
préconise Pierre Fabricius, consultant sud-africain à l’Institut d’Études de Sécurité (ISS),
« les structures supranationales Comme la CEDEAO et l’UA, doivent faire valoir leurs
prérogatives de manière préventive, en se concentrant davantage sur la sanction du
maintien anticonstitutionnel au pouvoir et d’autres pratiques non démocratiques, afin
d’essayer de prévenir les coups d’État ».

Aujourd’hui dans notre riche et beau pays qui est à la croisée des chemins, la culture du
pouvoir semble être ramenée à la liberté de tuer, d’emprisonner les opposants et de piller
les caisses de l’État. Les Ministres, les Directeurs Généraux, Directeurs et autres
responsables de l’Administration Centrale qui font l’objet de poursuites judiciaires en cas de
détournement de deniers publics, sont rares. La culture de l’impunité est la règle.
Indubitablement, cette situation met en mal le caractère déterminant du régime
démocratique par opposition au régime « dictatorial » que nous avons en Côte d’Ivoire.
Disons tout simplement pour conclure, que l’impunité est consubstantielle à la démocratie
car « lorsque, dans un Gouvernement, les lois ont cessé d’être exécutées, comme cela ne peut
venir que de la corruption de la République, l’État est déjà perdu. (Montesquieu, Esprit des
lois, 1748) ». Très justement, les tenants actuels du pouvoir qui représente l’État, font tout
ce qui est possible pour se maintenir au pouvoir et échapper ainsi au « Jugement du
Peuple ». Mais malheureusement, les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’histoire
récente des coups d’États en Afrique de l’Ouest francophone doit servir de guide pour que le
Gouvernement et son Opposition engagent un dialogue direct. A bon entendeur salut !

Dr. Ben ZAHOUI DÉGBOU, Géographe-Journaliste,
Spécialiste de Géopolitique et de Commerce International.
Masterant en Théologie, BIBLEDOC, Institut de Théologie,
P.O. BOX 118 STAFFORD, VA – USA

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire