1. Contexte de la déclaration
À six mois de l’élection présidentielle prévue en Côte d’Ivoire (25 octobre 2025), la CAF-CPI s’alarme d’une montée inquiétante des tensions politiques, juridiques et sociales dans le pays. Leur déclaration, datée du 21 avril 2025, s’inscrit dans une démarche de prévention des crises et de rappel des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire, notamment en ce qui concerne la Cour Pénale Internationale (CPI).
2. Principaux motifs d’inquiétude soulevés
Les coalitions signataires identifient trois facteurs aggravants majeurs :
a. Exclusion de candidats majeurs
La non-inscription sur la liste électorale de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, et Guillaume Soro, pour des raisons judiciaires, est vue comme une atteinte à la transparence du processus électoral et un ferment d’instabilité.
b. Désengagement de l’opposition
Le boycott de la CEI par les principaux partis d’opposition (PPA-CI, PDCI, FPI) est perçu comme un affaiblissement des mécanismes de dialogue et de régulation démocratique.
c. Remise en cause de la nationalité de Tidjane Thiam
Le débat autour de la « nationalité » du président du PDCI est interprété comme une tentative d’exclusion politique, ravivant les vieux démons de l’ivoirité, et menaçant la paix sociale.
3. Risques évoqués : La CAF-CPI souligne :
Montée des discours de haine, xénophobes, ivoiritaires, avec des appels aux meurtres ;
Climat de peur et de méfiance dans la population, qui redoute une répétition de la crise post-électorale de 2010 (plus de 3000 morts) ;
Risque de crimes graves si des signaux forts ne sont pas envoyés par les institutions judiciaires internationales.
4. Recommandations formulées
La déclaration appelle la CPI à deux actions majeures :
a. Un signal fort du procureur
Un avertissement public, voire une présence renforcée, pour dissuader les acteurs politiques de basculer dans la violence ou de commettre des crimes contre l’humanité.
b. Publication du rapport « Côte d’Ivoire 2 »
La diffusion de ce rapport tant attendu pourrait jouer un rôle de rappel à l’ordre, renforcer la pression morale et juridique sur les leaders politiques, et éviter l’impunité.
5. Portée et pertinence de la déclaration
Cette déclaration est hautement symbolique. Elle montre que la situation en Côte d’Ivoire inquiète au-delà de ses frontières, notamment dans des pays également marqués par des transitions démocratiques fragiles ou des antécédents de violences électorales.
Elle sert aussi à réactiver la mémoire collective sur les crimes non encore jugés de 2010-2011, tout en appelant la CPI à pleinement jouer son rôle préventif — et pas seulement répressif — comme stipulé dans le Statut de Rome.
6. Limites et observations critiques
La déclaration reste générale, sans désignation claire des responsabilités actuelles (notamment du régime en place).
Elle évite de poser la question centrale de l’indépendance de la CEI ou de la judiciarisation sélective des candidatures.
Elle pourrait gagner en impact avec une plus grande visibilité médiatique ou une prise de position conjointe d’ONG locales et internationales.
Conclusion
La CAF-CPI lance un appel légitime à la vigilance et à la responsabilité. Son message : la Côte d’Ivoire ne peut pas se permettre un “remake” de 2010.
L’alerte est lancée. Reste à savoir si la CPI, la communauté internationale et surtout les autorités ivoiriennes prendront les mesures nécessaires pour garantir un processus électoral inclusif, pacifique et crédible.
Commentaires Facebook