D’autres failles cachées de la commission électorale en Côte-d’Ivoire découvertes

Situation cocasse au commandement de la CEI

Parfois, Dieu laisse pousser des aberrations criardes afin d’amener l’homme à les corriger soi-même, en
toute responsabilité, sans pression extérieure, en dehors de sa seule conscience.
C’est le cas d’une situation cocasse et attentatoire à l’éthique républicaine, dans un Etat laïc comme le
nôtre : la Côte d’Ivoire.
Inquiet de la portée des propos tenus à Odienné par le Ministre Tidjane THIAM, mettant un point
d’honneur sur son opinion sur la couleur religieuse idoine pour diriger le PDCI, selon sa conception, j’ai
commencé par regarder de très près la couleur religieuse de l’organe arbitral des élections (la CEI), pour
voir si de ce côté-ci, si les choses seraient du goût de Monsieur THIAM.
Et là, je pense que l’homme est bien servi. Tant mieux pour celui qui jubilant, juge que « c’est un très bel
exemple pour la Côte d’Ivoire que le PDCI ait élu un président qui est musulman.».
En effet, en plus du président de l'institution CEI qui se trouve être musulman (par hasard), le représentant
du PDCI est musulman (par hasard). Le représentant du PPA-CI est musulman (par hasard).
Bien entendu, Monsieur BAMBA Siaka (PDCI) et Monsieur DEMBA Traoré (PPA-CI) savent que je n'ai rien
contre l'un ni l'autre encore moins contre le Président Kuibiert qui, du reste manie la matière du Droit avec
éloquence, comme le ferait notre maitre en commun Martin Djézou Bléou, Professeur du Droit
Constitutionnel et du Droit Administratif.
Ce qui veut dire que le constat qui me pose un problème d'éthique républicaine ne se trouve point au
niveau émotionnel. Si c'était une affaire émotionnelle, je fermerais les yeux. Car, j’ai eu d'excellents
rapports par le passé avec le Président BAMBA Siaka qui ne peuvent souffrir jusqu'à ce jour d'aucune
altération. Il aura joué un rôle majeur dans l’équipe de précampagne du Candidat Essy AMARA à la
Présidentielle de 2015, tandis que moi, coopté dans la société civile, j’étais le président de la Commission
Infrastructures et Travaux Publics, ayant élaboré le Document de Politique Infrastructurelle du projet de
Société du Candidat indépendant Essy AMARA.
Monsieur BAMBA Siaka,est un homme crédible qui a le courage de ses idées, en plus d’être teigneux et
coriace. L’on pourrait dire que le PDCI est dignement représenté par un homme de valeur sans qu’il soit
nécessaire de s’interroger sur sa religion.
Ensemble nous avions sillonné le Sud-Est, de Bassam à Aboisso battant campagne pour Essy Amara l’Agni
musulman sans que personne ne fasse référence à la religion…C’est ainsi qu’à la suite du PDCI qui se fait
représenter à la CEI par un musulman, le PPA-CI ne trouve aucun inconvénient à se faire représenter par
un musulman. N’est-il pas pétri de talents en informatique pour défendre les intérêts de son parti au sein
de cette institution ?
Mais patatras ! Tandis que nous pensions que ce discours de référencement à la religion était loin derrière
nous,car révolu, pensions-nous), nous avons été récemment sonnés par les propos ci-dessous tenus par le
Ministre Tidjane THIAM en visite à Odienné en novembre 2024.
«  Je suis musulman baptisé musulman. Je suis le premier musulman président du PDCI.
Certains auraient pu penser que le PDCI n’allait jamais avoir un président musulman. Et
voilà aujourd’hui. Et c’est un très bel exemple pour la Cote d’Ivoire que le PDCI ait élu un
président qui est musulman.».

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Et oui M. Tidjane THIAM se flatte d'être le 1er pdt musulman du PDCI…Est-on vraiment sérieux dans ce
pays ? Sommes-nous tentés de nous interroger, au regard du parcours de l’homme qui invite la religion en
politique.
Est-ce vraiment un critère ? A-t-on attendu l’avènement de Monsieur Tidjane THIAM à la tête du PDCI pour
qu’un musulman puisse enfin représenter ce parti au bureau de la CEI ?
J’ai espéré que l’information se révèle un fake, avant de tomber sur la vidéo qui la confirme… Quel gâchis !
Mais quelle mouche a piqué l’homme ? Le polytechnicien qui aura passé en réalité près de 30 ans hors de
son pays en discontinu…
C'est vrai que c'est parfois facile d'indexer le Gouvernement. Sauf sur cette question, si un opposant
devrait se référer à sa religion pour se proclamer le meilleur profil pour une élection, au stade pour
l’instant à la tête d’un simple parti politique, même pas encore la plus importe des élections. Qu’en serait-il
à ce niveau ? Le dire c'est faire preuve d'honnêteté.
Dès lors, il appartient à la société civile de mettre la pression sur les politiques ( tout parti politique
confondu) pour démanteler ce déséquilibre non intentionnel et non imputable à qui que ce soit…Il ne faut
pas prêter le flanc aux exploiteurs des failles des systèmes électoraux prompts à mettre le feu aux poudres
en Afrique.
Voudrait-il obliger les non musulmans à relire la composition de la CEI ? Si oui, il est bien servi. Cf tableau.
Le constat est frappant. Un déséquilibre qui crève les yeux, et que l’on n’aurait pas pu voir s’il n’ouvrait pas
cette boite de pandore en se référant à la religion. Certainement, cela lui fournira de motifs
supplémentaires de satisfaction intérieure.
Imaginons que ce soient les chefs religieux qui s'en apercevaient et le dénonçaient avant nous, acteurs
politiques !!!
Alors, de grâce, Gouvernement, partis politiques, société civile, prenons conscience de la prédisposition
institutionnelle et structurelle de notre arbitre CEI à générer une suspicion légitime au sein de la
population ivoirienne…Elle n'est pas crédible par notre faute collective…
Nous sommes si négligents sur des aspects en apparence anodins, mais susceptibles d’alimenter la
suspicion en cas de conflit post électoral. Toute chose à ne plus revivre dans ce pays, et non plus à aucun
pays africain.
A quelque chose malheur est bon. Qui sait si la Providence n’a-t-elle pas aveuglé tous (RHDP+PDCI+PPA)
afin de nous persuader collectivement de revoir notre copie au regard de ce tableau ci-dessous. 100% des
têtes de file des représentants des trois partis les plus significatifs partagent en commun l’ISLAM. Encore
que sur 8 membres du bureau central de la CEI ayant pouvoir délibératif, 5 sont de religion islamique
quand les 3 restants sont non islamiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils sont tous les trois animistes ou
chrétiens…
Etant entendu que ce profond déséquilibre n’est pas imputable à un seul parti politique, sa correction ne
sera point perçue comme une défaite pour un parti. Et c’est ensemble que nous devons y remédier avant
d'aller aux élections.
Projetons-nous déjà dans le contexte suspicieux de comptage des voix en octobre 2025. Aux heures de la
prière musulmane, la crème dirigeante de la CEI 100% de la même religion, se déporte ensemble à la
mosquée pour s'abreuver du sermon de leur imam et reviennent causant ensemble…

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Un tel climat serait-il de nature à rassurer les électeurs du candidat non musulman si l’on s’en tient à la
place que l’un des prétendants à la candidature accorde à sa religion en politique ?
Un problème n'a jamais cessé d'exister par le simple fait que des gens ont choisi de l'ignorer, tandis que le
problème grossit et envenime les rapports sociaux. Le fait est que la religion est l'opium du peuple (selon
les marxistes).
En période de conflit pré/postélectorale, la fibre ethno-religieuse des représentants des partis à la CEI, ne
primerait-elle pas assurément sur leurs convictions politiques ?
Ce n’est pas une information, mais des faits déjà vécus dans ce pays. Le dire est juste un rappel de ce que
nous avons constaté en 2010 et 2011. Placés dans des contextes moins contraignants que Galilée face à la
guillotine, n’a-t-on pas entendu d’éminents professeurs de droit constitutionnel et des juristes se renier
dans ce pays soit par omission soit par action?
M.Paul YAO Ndré,M.Ouraga Obou Boniface, M.Cissé Ibrahim Bacongo,y compris le Garde des Sceaux,
ministre de la Justice.
Si le juge constitutionnel Paul Yao N’dré,sans gêne peut dire : ‘‘Nous n'avons pas tous voulu entendre
raison, Satan nous a possédé tous'', à combien plus forte raison ses subalternes au plan hiérarchique, les
simple fonctionnaires de la CEI appartenant à la même famille religieuse (opium des croyants) pourraient
demain rejeter leur inconduite éventuelle sur la pression par exemple des sermons de l’imam le plus
proche de la CEI ?
En conséquence de ces failles insoupçonnées que les propos de monsieur Thiam nous ont poussés
finalement à fouiller et à découvrir et qui en rajoutent aux failles soulevées précédemment au niveau
politique, le meilleur des services que les politiques à tous les niveaux sont appelés à rendre à ce pays pour
renforcer sa quiétude et la stabilité, c’est la remise à plat de l’arbitre CEI en vue de son équilibrage.
Car, « pour qu’on (pour que la CEI) ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des
choses,le pouvoir arrête le pouvoir », prévient en douceur et gentiment Montesquieu.

KOUAKOU Dapa Donacien,
Email : dapadonacien@gmail.com
Analyste socio-politique

NB : voir tableau en annexe

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