Lors de son allocution peu avant les feux d’artifices du 31 décembre, le gouverneur Bacongo ( photo ) a promis de construire « 15 000 logements » pour tous les ménages touchés par les déguerpissements. Rappelons qu’au terme de la session annuelle du District d’Abidjan, un plan de construction de « 15 000 logements » avait été « validé ». Depuis, ce chiffre apparaît régulièrement dans les médias.
La question des « logements sociaux » est le ventre mou des réalisations du Président Ouattara. On ne peut vraiment pas parler de réussite à ce niveau. Dans le PND 2015-2020, était prévu la réalisation de « 150 000 logements sociaux ». Puis en 2020, ce même objectif est repris dans le nouveau Plan National de Développement. 150 000 logements sont prévus à « l’horizon 2025 ». Mais sur le terrain, cet objectif s’est révélé tout simplement irréalisable.
Dans son adresse à la nation le 31 Décembre 2024, le président de la République a parlé de « 60 000 logements construits « . Mais les chiffres du Ministère de la Construction parlent plutôt de 30 000 logements sociaux construits depuis 2012, dont 20 000 effectivement livrés, et 10 000 que les promoteurs se sont engagés à livrer. Nous sommes bien loin des 150 000 logements sociaux promis depuis 2015. Conscient que la barre avait été placée bien trop haute, le Ministère de la construction a mis sur la table en 2023 un nouveau plan de construction beaucoup plus réaliste de « 25 000 logements sociaux ». Ce plan a été évalué à 500 milliards de FCFA. Mais l’Etat n’a pu mobiliser qu’environ 100 milliards auprès des bailleurs, des fonds qui ne pourront construire que 5 000 logements. En Juillet et Septembre 2024, le PM Beugré Mambé a lancé les chantiers dans la commune de Yopougon et au PK 24 de l’autoroute du Nord.
Lorsque le gouverneur Bacongo parle de construire « 15 000 logements pour les déguerpis du District d’Abidjan », on peut immédiatement se rendre compte du caractère démagogique de cette promesse. Le coût de ces 15 000 logements est évalué à 300 milliards de FCFA, et dans l’état actuel des choses, l’Etat ivoirien n’est pas en capacité de réaliser un tel programme. L’Etat n’en a tout simplement pas les moyens. Pour les déguerpis du District d’Abidjan, l’Etat a prévu 2 700 lots dans la zone d’Anyama. Ce sont des terrains nus qui leur seront remis, à charge pour eux de construire. Le gouverneur Bacongo joue la carte de la communication lorsqu’il promet « 15 000 logements » aux déguerpis. C’est un objectif totalement irréalisable, et il le sait.
Certainement veut-il reconfigurer son image auprès de l’opinion. Après les déguerpissements d’ampleur qu’il a entrepris dans le District d’Abidjan, et qui ont causé un traumatisme profond en Côte d’ivoire, il est aujourd’hui perçu comme quelqu’un dénué de sentiments, quelqu’un d’impitoyable, un homme sans cœur. On parle de lui comme d’un « monstre parfait » ou même de « l’ange de la mort ». Manifestement c’est cette image qu’il veut effacer, au moment où tout porte à croire que les déguerpissements seront un thème majeur de la présidentielle d’Octobre. Les déguerpissements sont une tâche sur le bilan social du régime, ils vont peser dans la campagne qui s’annonce.
Le gouverneur Bacongo a certes construit quelques fontaines ici et là, mais il doit cesser d’affirmer que « 15 000 logements seront bientôt construits pour les ménages déguerpis » parce que cela ne verra jamais le jour. Il n’ y a tout simplement pas d’argent pour cela.
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
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