1) «Parler de l’aide internationale à destination des pays pauvres pose la question de l’étude de l’impatience des États face à la mobilité internationale des capitaux. Et on est obligé de tenir compte de la dispersion internationale de l’impatience et de la patience des Nations. Cette approche de la pauvreté nous renvoie à la notion de préférence temporelle dont il faut tenir compte pour comprendre les phénomènes et processus économiques.
2) La préférence temporelle est la mesure qu’une personne peut avoir pour des biens et services immédiatement disponibles plutôt que pour des biens et services futurs dont l’acquisition demande du temps, des efforts présents, une durée d’attente, un détour de production et donc de la patience.
3) Toutes choses égales par ailleurs, le présent est toujours préféré au futur par les personnes impatientes.
4) Ces personnes ont une forte préférence temporelle. Elles tendent donc à épargner moins, à investir moins, à former moins de capital et à produire moins dans le présent pour des gains futurs qu’elles escomptent aléatoires et faibles.
5) Elles préfèrent le présent au futur. Avec une préférence temporelle élevée, on tend à consommer et à vivre au jour le jour en cherchant des satisfactions immédiates. Ces personnes parient sur un futur douteux, sans perspectives. Elles font comme si elles n’avaient pas grand-chose à attendre du futur. Elles ont tendance à vivre au-dessus de leurs moyens en comptant sur ceux qui ont une faible préférence temporelle. » Costas Azariadis in La trappe à pauvreté.
6) Les pays avec une majorité de personnes ayant une préférence temporelle élevée ont tendance à être pauvres, endettés et sous développés.
7) « Les personnes qui ont une faible préférence temporelle sont patientes et peuvent attendre le futur avec sérénité. Ce futur a plus de valeur à leurs yeux que le présent.
8) Ces personnes patientes épargnent plus, investissent plus, se forment plus dans le présent pour des rendements futurs qu’elles escomptent plus élevés. Dans cette perspective elles prennent plus soins de leur santé, de leurs enfants qu’elles éduquent convenablement, de l’amélioration de leurs conditions de vie pour pouvoir profiter des efforts qu’elles consentent dans le présent et dont les profits sont attendus pour plus tard. Elles parient sur un meilleur futur.
9) Cette conception appliquée dans le domaine du développement éclaire les mouvements internationaux de capitaux d’un autre regard. Les patients financent dans la courte période le niveau de vie des impatients qui payent dans la longue période, par leurs remboursements, le financement du niveau de vie des patients. Ces flux retours de fonds versés par les impatients le sont, la plupart du temps, avec les nouvelles dettes qu’ils contractent auprès des patients, dans des successions infinies de courtes périodes.
La transmission intergénérationnelle de la pauvreté ou de la richesse relève aussi de choix individuels et politiques des personnes concernées.
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