Mort à Paris, Mensah Kodjo, dernier DG de Air Afrique avant la liquidation, honoré à Abidjan

Le Président de la République, S.E.M. Alassane Ouattara et la Première Dame, Madame Dominique Ouattara, ont pris part à une messe d’action de grâce en l’honneur de feu Monsieur Marcel Mensah Kodjo, cadre bancaire et ancien Directeur Général d’Air Afrique, le samedi 13 avril 2024.
La cérémonie, présidée par le Père Norbert Éric Abekan, a eu lieu à la Paroisse Saint Jacques des Deux Plateaux, en présence de nombreuses personnalités politiques, administratives, ainsi que des proches du défunt.
Feu Monsieur Marcel Mensah Kodjo est décédé le 23 mars 2024, à l’âge de 82 ans, à Paris où il a été inhumé au cimetière de Montmartre. Le défunt était un proche du couple présidentiel.

Cabinet de la Premiere Dame

Hommage à Marcel Mensah Kodjo, banquier et dernier directeur d’Air Afrique

Il aura été le dernier directeur général d’Air Afrique avant la liquidation de la compagnie, en 2002. Marcel Mensah Kodjo s’est éteint le 23 mars, à Paris. Son ami Noël Guetat évoque sa mémoire.

Marcel Mensah Kodjo, dernier directeur général d’Air Afrique, décédé le 23 mars 2024.

Noël Guetat

J’ai connu Marcel Mensah Kodjo au début de l’année 1995, à ma sortie de l’École nationale d’administration (ENA) de Paris, établissement qu’il avait lui-même fréquenté un quart de siècle plus tôt au sein de la promotion Robespierre (1970), où il eut comme condisciples Jacques Attali et Philippe Séguin.

Un érudit proche de Ouattara

Je ne m’appesantirai pas sur sa riche carrière professionnelle, qui est bien connue. Que ce soit à la BCEAO ou au sein de la Commission bancaire, Marcel Mensah Kodjo a fait l’objet d’appréciations élogieuses tant de la part des nombreux cadres qu’il y a formés – et qui le gratifiaient du titre de « maître » – que de la part de ses pairs de l’époque, au nombre desquels figurait Alassane Ouattara, actuel président de la Côte d’Ivoire. De leur rencontre au siège parisien de la BCEAO est née une longue amitié.

J’aimerais davantage évoquer le Marcel Mensah Kodjo qu’en raison de sa légendaire discrétion seuls les intimes connaissaient. Chez lui, une compétence professionnelle incontestée côtoyait une brillante érudition et un goût artistique très sûr. Marcel Mensah Kodjo était un esthète, un homme de culture – un homme des cultures –, tout aussi à l’aise dans l’univers culturel africain et ses représentations outre-mer qu’avec les cultures du reste du monde.

Homme de synthèse, il pouvait, avec un égal bonheur, écouter aussi bien la musique du folklore Mina que La Traviata, de Verdi – lui, l’amateur d’opéra. Être citoyen du monde ne l’empêchait pas d’être profondément panafricain. Il avait ainsi vécu la fin d’Air Afrique, ce symbole de l’intégration africaine, comme un chemin de croix. Lui qui, pour des raisons familiales et professionnelles, avait jeté l’ancre en Côte d’Ivoire, sa terre d’adoption, vivait le panafricanisme au quotidien. Un panafricanisme éloigné de tout lyrisme, un panafricanisme rationalisé, comme le disait un autre énarque, Edem Kodjo (promotion Blaise Pascal, 1964), ce grand frère qu’il avait tant aimé et admiré et dont le décès l’avait beaucoup affecté.

Chaleur humaine et sens de l’amitié

Mais, par-dessus tout, ce que je retiens de Marcel Mensah Kodjo, avec beaucoup d’émotion et une profonde gratitude, c’est sa chaleur humaine qui le disputait, chez lui, au sens profond de l’amitié. Il m’avait, en toute simplicité, honoré de son amitié alors qu’il aurait pu, à juste titre, revendiquer le privilège de l’âge et de l’expérience pour établir plus de verticalité de nos relations. Il n’en fut rien, tout au contraire. Pendant que je m’abreuvais au puits de science qu’il représentait, je sentais qu’il était un aîné qui avait plaisir à deviser avec son cadet.

Au moment de clore mon hommage à Marcel, j’ai une pensée pour son épouse, Paule, pour ses filles, Valérie et Bénédicte, et pour ses petits-enfants, qu’il a tant aimés. Soyez fiers de lui. Que Dieu Tout-Puissant, en qui Marcel a toujours eu foi, vous fortifie et vous console en ces moments difficiles. Et qu’Il l’accueille en son paradis.

https://marcelmensahkodjo.com

Qui a tué Air Afrique ? (4/6)

« Il était une fois Air Afrique » (4/6). Outre le manque de moyens, une gestion parfois erratique et l’absence de volonté politique commune, la dévaluation du franc CFA de janvier 1994 a joué un rôle indéniable dans la chute du pavillon panafricain.

Le 25 avril 2002, le tribunal de commerce d’Abidjan prononçait la liquidation judiciaire de la compagnie, après quarante et un ans d’exercice.

La décision était tout sauf une surprise : le conseil d’administration de la compagnie avait décidé à l’unanimité au mois de février de déposer le bilan ; et, depuis des années déjà, l’on savait qu’au sein de la compagnie panafricaine, « cela ne tournait plus très rond ».

Quand, en 1988, Yves Roland-Billecart, alors directeur général de la Caisse centrale de coopération économique (ancêtre de l’AFD), est appelé à la tête de la compagnie, il s’agissait déjà de redresser une entreprise en difficulté pour la sauver de la faillite.

Le problème posé à Air Afrique était capitalistique

« Vous êtes notre médecin, je vous confie notre aviation », aurait ainsi déclaré le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny lors de sa première rencontre avec le nouveau dirigeant, confie ce dernier dans ses mémoires, Une vie vouée au développement (Karthala).

Du plan de redressement bâti alors par le dirigeant français au projet de création d’une Nouvelle Air Afrique, avec une place prépondérante d’Air France au capital, esquissé en 2001, il y eut au cours de la dernière quinzaine d’années d’exercice de la compagnie des tentatives multiples de restaurer le pavillon communautaire. Sans succès.
Une compagnie sous-capitalisée

Si de nombreuses raisons sont avancées pour expliquer la chute du pavillon panafricain, Ibra Wane, ancien directeur commercial de la compagnie, n’en retient qu’une : « Le problème qui s’est posé à Air Afrique est capitalistique. Il faut beaucoup d’argent pour financer la croissance d’une entreprise dans un secteur comme l’aérien, qui va de révolution technologique en révolution technologique ».

« Les propriétaires d’Air Afrique, pour la plupart des pays pauvres, étaient faibles et avaient d’autres priorités. Aussi, le capital est-il resté quasiment stable du début à la fin, tandis que les concurrents, eux, se développaient », poursuit l’ancien cadre, pour qui tous les autres facteurs (abus, grèves, retards…) « sont anecdotiques, ou seulement les conséquences de ce manque de moyens ».

Comment Air Afrique est-elle née ? Pourquoi a-t-elle fait faillite ? Que sont devenus ses lignes, ses employés, ses dirigeants ? Pourrait-elle renaître ? Jeune Afrique a mené l’enquête.

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