Quartiers précaires: Bacongo refuse sa mise à l’écart et défie Beugré Mambé

« Je n’ai pas été nommé à ce poste pour me tourner les pouces ». Cette phrase, le ministre Cissé Bacongo l’a plusieurs fois répétée dans les médias. Pourtant à l’issue du Conseil des Ministres du 28 Février dernier, il était dessaisi de la conduite des opérations de déguerpissements, un comité était mis en place présidé par le premier ministre, qui devenait ainsi celui qui devait désormais mener les opérations. Il n’était plus question de déguerpir mais de  »réhabiliter » les sous quartiers, dont le nombre était ramené de 177 à 30.

On a cependant la nette impression que rien n’a changé. Le ministre Cissé Bacongo semble être toujours à la manœuvre dans les déguerpissements. Le 28 Mars dernier dans la commune de Cocody, les pelleteuses du District démolissait des installations destinées à abriter un centre de loisir et de sport, malgré les documents signés par les ministre Bruno Koné de la construction et Bouaké Fofana ministre de l’assainissement et de la salubrité. Certes la zone en question était litigieuse, l’ONAD, l’Office National de l’Assainissement et de Drainage, avait dans un premier temps émis des réserves sur la présence de bâtiments en ce lieu, avant de les lever. Le promoteur avait par la suite acquis tous les documents nécessaires qui l’autorisent à construire ses installations.

Quelles sont les compétences relatives du District, des communes et du Ministère de la construction ? Le District peut-il remettre en cause des décisions du ministère de la construction ? Le Ministre Cissé Bacongo semble ne pas tenir compte des textes, en démolissant des bâtiments dont les propriétaires détiennent des certificats de propriété foncière, des ACD et des permis de construire. La partie du quartier de gesco qu’il avait détruite dans la commune de Yopougon avait fait l’objet d’un lotissement approuvé par le ministère de la construction. Cela fait désordre, le District n’a pas les prérogatives pour remettre en cause de tels documents. C’est clairement un mépris des textes de la part de cet homme, qui est pourtant docteur en droit.

Le 04 Avril il démolissait une partie du quartier de Bracodi et des constructions à Williamsville à Adjamé, certes en présence du Maire de la commune Farikou Soumahoro. Le lendemain, le 05 Avril il rasait entièrement le Black market. « Je n’ai pas été nommé à ce poste pour me tourner les pouces. J’ai une idée fixe en tête  » déclarait-il au terme de l’opération. Le ministre Cissé Bacongo suit sa méthodologie qui consiste à raser les quartiers selon son vouloir, sans aucun processus de validation de ses décisions. Il est comme un ‘’demi-dieu’’ qui a droit de vie et de mort sur les populations des quartiers précaires, et dont nul ne peut contester les décisions.

C’est un défi à l’autorité du Premier Ministre qui est désormais seul habilité à décider sur la question des quartiers précaires. Avec ce qui s’est passé à Williamsville et Adjamé Bracodi, le ministre Cissé Bacongo on peut le dire, ignore le fait qu’il ne doit plus être à la tête de l’opération, il suit sa ‘’feuille de route’’ sur laquelle figurent les ‘’177’’ sous-quartiers qu’il s’est fixé pour objectif de raser entièrement, au risque de créer une crise de logements dans la capitale, au risque de mener le pays tout droit vers des émeutes.

30 des 177 quartiers ciblés par le ministre Bacongo se situent dans la commune de Yopougon. Quand on visualise leur position sur la carte de la commune, on se rend compte que c’est presque la moitié de sa superficie qui sera rasée si Monsieur Bacongo met à exécution son projet. C’est totalement surréaliste. C’est irresponsable. Es-ce qu’il se rend compte du drame qu’il va causer ? Es –ce qu’il se rend compte du nombre de personnes qu’il va priver d’un toit ? Ce monsieur a-t-il toutes ses facultés de jugement en place ? Il faut être quelque part « désaxé » pour envisager des démolitions à cette échelle sans aucune solution pour le recasement des populations. Le ministre Bacongo a-t-il une idée de la superficie et de la densité de population d’un quartier tel que « Yopougon Koweit » qui figure sur sa fameuse liste de « 177 » quartiers à raser ? Et cette question, que deviennent les sites après les démolitions ? Des terrains vagues ? C’est totalement absurde.

Kigali dont il se réfère est une toute petite capitale. C’est le centre ville qui a été vidée des cases et des habitations précaires, les habitants se sont repliés sur les collines environnantes. On ne peut pas reproduire les actions de Monsieur Kagamé sans aucun discernement, à l’aveuglette, sans tenir compte du contexte. En 2016 la production et la commercialisation des sachets plastiques furent interdites en CI en se référant au Rwanda. Cette décision fut simplement un échec. On a pas tenu compte de la taille de l’industrie du plastique dans ce pays (premier producteur d’hévéa en Afrique), mais aussi de la taille de la population marchande. On peut s’inspirer de ce qui a réussi ailleurs, mais il faut éviter de faire du « copier-coller ».

Peu après la démolition du quartier de gesco, le maire de Yopougon, par ailleurs Président de l’assemblée nationale, Adam Bictogo a prévenu, « aucune démolition n’aura plus lieu dans sa commune sans son autorisation. La police et la gendarmerie seront réquisitionnées pour veiller à cela ». Encore une fois cela fait désordre. Il revient au PM Beugré Mambé de rappeler à l’ordre le ministre Bacongo. Tout le monde n’a pas les moyens de se faire les poches comme lui (il est ministre depuis 2005 !!!), et de prendre une maison à cocody. Une partie du peuple vit dans les quartiers dits précaires parce que tout le monde n’a pas les mêmes revenus, et on ne peut pas du jour au lendemain retirer à des centaines de milliers de personnes leur toit, parce qu’on veut rendre la ville d’Abidjan « jolie’ » afin qu’elle fasse « rêver le monde » ou encore qu’elle soit en tout point comparable à Kigali. C’est totalement irresponsable. Le PM Beugré Mambé a la responsabilité de faire entendre raison au ministre Bacongo. Il doit le ramener sur terre.

Douglas Mountain

Le Cercle des Réflexions Libérales

oceanpremier4@gmail.com

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4 réflexions au sujet de “Quartiers précaires: Bacongo refuse sa mise à l’écart et défie Beugré Mambé”

  1. Moins qu’un fake news ! Rien que des élucubrations d’un rigolo adepte du culte au minablissime Koudou. En quoi un bosseur nommé à un poste et disant qu’il ne va pas se tourner les pouces le met-il en conflit avec le PM ?

    Pour ta petite gouverne quand on est nommé et payé par le contribuable on n’a pas à se tourner le pouce à la différence des fainéants ex-refondateurs que vous étiez au pouvoir. Après ce sont les mêmes sorcières ex frontistes qui viendront se plaindre quand il y aura des inondations même de courtes durées comme ce fut le cas récemment dans le tunnel d’Abobo.

  2. @Peace011.
    Mr l’observateur, c’est le même “Douglas Mountain” qui a écrit l’article sur le Franc CFA, il y a moins de 10 jours, pour contredire “le clown ancien président minablissime qui a fait cette déclaration a oublié qu’il a dirigé notre pays pendant 10 ans avec les pilleurs frontistes dont il était le chef”. Pourtant pour cet article là tu avais acclamé l’auteur. Tout d’à coup aujourd’hui, ce même auteur est devenu un minable supporter de Koudou parce qu’il ose critiquer un membre du RHDP. Pour un “observateur juste de passage” tu as l’air d’avoir un parti pris hein.

    Cordialement,

    Un autre observateur juste de passage.

  3. Merci là-bas camarade @chaka zulu pour le rappel cordial. Mais dis-moi, ne viens-tu pas ainsi de confirmer que je suis tout aussi libre et indépendant comme tout vrai observateur ? (Riresssss) Chaque situation ou thème est apprécié à sa juste valeur sans à priori.

    Bien à toi,

    PS: En tant qu’un autre observateur de passage (riresssss), il serait bien que tu partages certaines de tes pensées ou opinions sur l’actualité dans notre beau pays et pourquoi pas le monde. Au demeurant, je n’ai rien contre le candidat déclaré Koudou, mais je crois qu’il gagnerait plus en crédibilité aux yeux du peuple s’il arrêtait de renifler le passé dans ses discours fleuves car tous nous avons péché en Côte d’Ivoire. Tous. Personne n’est saint et il n’est certainement pas une victime. Penses-tu vraiment qu’il gagnera plus de 6 pourcent (s’il est réinscrit sur la liste électorale bien entendu) quand il parle sans cesse de Nady, « popote » de la Haye, et autres faits divers de cuisinier Goudé alors qu’un autre candidat potentiel bâtit littéralement des métros, des milliers de routes bitumées et des satellites, entre autres ? Le choix ne sera-t-il pas limpide pour le peuple ? Merci encore et au plaisir peut-être.

  4. Ah mon vieu, je n’écris pas souvent mais je te lis beaucoup en tout cas.

    Je suis d’accord avec toi que Koudou c’est un jouisseur qui est plus dans l’humanisme qu’autre chose. Je suis d’accord sur certains points avec lui (CFA par example), mais en toute honnêteté il ne peut pas être (et n’a pas été) un bon président à cause de ce côté humain et populiste.

    Le PRADO est ferme et sans pitié, c’est ce qui lui permet de diriger tranquillement. Je reconnais certains acquis depuis 2011 (paix, stabilité , grands travaux, succès à l’international surtout). Mais je trouve aussi que ces acquis la sont sous la forme et non dans le fond. Par exemple la corruption est toujours là, le népotisme, les détournements de fonds, le chômage et j’en passe.

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