Depuis l’ouverture à la circulation du pont d’Abidjan, le 10 janvier 2024, les usagers se réjouissent de la facilité et de la rapidité du trafic sur l’autoroute du Nord.
Le 4e pont, qui s’étend sur 7,2 km et relie les communes de Yopougon et du Plateau, vise à fluidifier la circulation routière entre ces deux communes et à désengorger l’autoroute du Nord, souvent en proie à des embouteillages monstrueux, aux heures de pointe. Véronique Kouassi et ses amies marchent en direction du « carrefour de la vie », à Cocody. Les jeunes filles discutent et rient aux éclats. Étudiantes, elles habitent à Yopougon. L’année dernière, après les cours de 17 heures, Véronique était obligée de quitter son école aux environs de 20 heures, pour éviter au maximum les embouteillages qui s’emparaient de l’autoroute du Nord. Mais aujourd’hui, elle a remarqué que la circulation y est plutôt fluide. « Maintenant, après les cours, je me rends directement au « carrefour de la vie » pour prendre un véhicule et rentrer à la maison. J’arrive plus rapidement, j’ai le temps de réviser mes cours et de me reposer pour le lendemain », dit-elle.
Son amie, en jupe grise et en chemise bleue, poursuit : « Avant, quand j’arrivais à la maison, j’étais fatiguée. J’avais mal partout au corps, c’était difficile d’ouvrir mon cahier et de réviser. Tout cela à cause du temps passé dans les embouteillages sur l’autoroute du Nord », confie- t-elle.
Fatim Fofana est propriétaire d’un magasin de vêtements à Petit Noé, situé près de la grande mosquée d’Adjamé. Elle avait prévu de se rendre chez ses parents à San Pedro pendant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), pour éviter les embouteillages que provoquerait la compétition sur l’autoroute du Nord. Embouteillages qu’elle craignait d’être intenses. « Il y avait assez d’embouteillages sur l’autoroute en décembre 2023. Je m’étais dit que pendant la CAN ça aurait été pire. Ce que je ne voulais pas vivre. Mais avec l’ouverture du 4e pont, je me suis rendue compte qu’il y avait étonnamment moins d’embouteillages à Yopougon. J’ai donc finalement décidé de rester à Abidjan », indique-t-elle.
Marcel Adou éprouvait la même crainte que Fatim. Rencontré au carrefour Académie de Yopougon Niangon-à-droite, il attend un véhicule pour se rendre dans la commune d’Adjamé, pour faire des courses. « J’avais également peur qu’il y ait trop d’embouteillages pendant la CAN, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas le cas. J’arrivais à aller faire mes courses tranquillement à Adjamé », affirme le jeune homme dont l’âge oscille à vue d’œil entre 26 et 30 ans.
Étant un habitué de l’autoroute du Nord, Eric Djadji que nous avons abordé pendant qu’il s’apprêtait à prendre un bus de Yopougon au Plateau, affirme que le 4e pont a réduit les embouteillages sur l’axe Plateau-Yopougon en passant par l’autoroute. « Aujourd’hui, j’avoue que je passe moins de temps pour aller ou revenir du travail. Mais il faut relever que la voie entre le Plateau et l’autoroute, en passant par Boribana, reste encore embouteillée aux heures de pointe. Ce sera intéressant si on peut trouver une solution à ce problème », plaide-t-il. Non sans souhaiter que le pont soit ouvert définitivement pour un meilleur trafic routier.
« Tu vas où ? Adjamé ? Viens monter, on va y aller », s’écrie Issouf Bamba, assis dans son gbaka. Il procède ainsi, pour attirer des clients. Il est également d’avis que les embouteillages sont plus légers. « Si le gbaka charge, vous allez voir que d’ici une heure de temps, on va arriver à Adjamé. Avant, on pouvait mettre 2 heures ou 1 heure 30 minutes au minimum, pour atteindre cette commune. Ça m’énervait trop… ». Le jeune homme soutient que lorsque le péage du 4e pont sera ouvert, les embouteillages risquent de reprendre, parce que « nombre de ces personnes qui empruntent actuellement ce nouveau pont se reporteront sur l’autoroute. Car payer la traversée du pont chaque jour, n’est pas à la portée de tous », a-t-il poursuivi.
La construction du 4e pont d’Abidjan, faut-il préciser, fait partie du Projet de Transport urbain d’Abidjan (PTUA), dont les travaux ont été lancés en 2018, pour un coût de 142 milliards de francs CFA. Les travaux devaient initialement finir en janvier 2022. Selon une information délivrée par l’Agence ivoirienne de Presse (AIP), la date de livraison avait été prolongée jusqu’au 31 décembre 2022, pour permettre au projet de s’achever. Mais, les travaux n’ayant pas été terminés dans le délai imparti, le ministre de l’Equipement et de l’entretien routier, Amédé Kouakou mécontent, avait demandé à l’entreprise prestataire de la construction du 4e pont d’Abidjan, China State Construction Engineering Corporation, de livrer la première partie du chantier à la fin du mois de mars 2023. « C’est un appel d’offres international. L’entreprise qui a remporté le marché avait donné un coût relativement bas qui a retenu notre attention. Nous nous rendons compte que l’entreprise, pour avoir le marché, avait sous-estimé le coût et a d’énormes difficultés pour terminer le chantier », avait révélé Amédé Kouakou.
En fin de compte, ce n’est qu’en janvier 2024 que deux points d’accès du pont ont été ouverts. L’un au quartier Nouveau Bureau et l’autre au quartier Toits Rouges. Le Premier ministre Robert Beugré Mambé a souligné, lors d’une visite effectuée sur le chantier du 4e pont, le jeudi 18 décembre 2023, que concernant le passage entre le quartier Yaosséhi et le carrefour des Sapeurs-pompiers, les travaux sont avancés. Il reste à « poser les poutres, les tapis de roulement et les différentes couches de fondations de base, pour que le tronçon soit utilisé », a-t-il noté.
De Lima Soro
Source: Lebanco.net
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