Tension entre la Côte d’Ivoire et le Burkina après l’incursion de plusieurs soldats burkinabés à la frontière
L’incident, le troisième en sept mois, aurait donné lieu à un échange de tirs impliquant un hélicoptère de l’armée ivoirienne.
Par Marine Jeannin (Abidjan, correspondance)
La frontière entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso a été le théâtre d’un nouvel incident, aux contours encore flous, entre soldats des deux pays. Selon plusieurs sources sécuritaires ivoiriennes, deux militaires burkinabés ont franchi la frontière, mercredi 27 mars en début d’après-midi, et seraient entrés, armés de fusils d’assaut AK-47, dans le marché de Dantou, dans le département de Téhini (nord-est), à 3 km du Burkina Faso. L’affaire inquiète alors que les tensions entre les deux pays n’ont cessé de croître depuis l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré à Ouagadougou, en septembre 2022. Le putschiste au pouvoir au Burkina Faso a décidé, comme ses homologues du Mali et du Niger, de rompre avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’organisation régionale, dont la Côte d’Ivoire est un poids lourd.
Rapidement interpellés par l’armée ivoirienne, le soldat de première classe et un supplétif des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont « rien n’indiquait qu’ils sont militaires », selon un officier dans la zone, ont été acheminés vers la base la plus proche, à Togolokaye, avant d’être conduits à la gendarmerie de Bouna, où ils se trouvent toujours.
Alerté par l’arrestation de leurs collègues, un groupe de soldats burkinabés a alors fait à son tour incursion en territoire ivoirien. Pour le repousser, les forces de sécurité ivoiriennes basées à Togolokaye auraient demandé l’appui aérien d’un hélicoptère MI-24. Des échanges de tirs auraient eu lieu à Dantou aux alentours de 15 heures. L’hélicoptère aurait essuyé des tirs, selon une source militaire ivoirienne, et riposté avant de se replier. Plusieurs autres sources au sein de l’armée démentent tout affrontement. Aucune victime n’est à déplorer, et la situation est redevenue calme.
« Nous avons tenté d’entrer en contact avec les officiers de l’autre côté de la frontière pour régler cette affaire, mais tous ceux que nous connaissions ont été relevés. Maintenant, le dossier est au niveau des chefs d’état-major des deux pays », explique l’officier précédemment cité, qui minimise l’incident, considérant que les deux Burkinabés « ne savaient pas qu’ils étaient en territoire ivoirien. Ils ont été sûrement victimes du fait de l’absence de délimitation de nos frontières ».
« Agacement »
Ce genre d’incident est récurrent dans ces zones où la séparation entre les deux pays est mal délimitée. Le 19 septembre 2023, deux gendarmes de Bouna avaient été arrêtés en territoire burkinabé, près du site d’orpaillage clandestin du village de Kwamé Yar. Ils sont détenus depuis six mois à Ouagadougou, la capitale. Le 23 février encore, deux journalistes de la télévision publique burkinabée ont été brièvement interpellés en Côte d’Ivoire, alors qu’ils filmaient sans autorisation dans la zone frontalière.
Jeudi, une note militaire ivoirienne rapportait que « la population de Dantou, apeurée, se trouve à présent à 25 % à Parabou et au campement dit du Vieux Karim [sic], situé à 5 km de Dantou. Il faut aussi noter que la population de Dantou est composée à 80 % de Burkinabés et à 20 % de Lorons », une ethnie ivoirienne originaire de la sous-préfecture de Téhini.
Ces incidents « illustrent les tensions entre les deux pays », estime Arthur Banga, politologue spécialiste des questions sécuritaires. Le chercheur évoque « de l’agacement et une volonté de montrer sa présence » du côté ivoirien, tandis que le Burkina Faso entretient de son côté « une logique de méfiance envers la Côte d’Ivoire ».
Depuis l’arrivée au pouvoir à Ouagadougou du capitaine Ibrahim Traoré, le lien n’a cessé de s’effilocher entre les deux voisins. Si Abidjan avait livré au début de 2023 des armes à l’armée du jeune putschiste pour l’appuyer dans la lutte antidjihadiste, les relations sont aujourd’hui glaciales et plusieurs sources expliquent que la coopération en matière militaire et de renseignement est à l’arrêt. La Côte d’Ivoire s’inquiète d’un afflux de réfugiés consécutif à la politique guerrière du régime militaire burkinabé, quand ce dernier soupçonne son voisin méridional de travailler à la déstabilisation de son pouvoir.
Marine Jeannin (Abidjan, correspondance)
Lemondeafrique
Comme je le disais tantôt, l’administration Ouattara doit envoyer un message clair sans ambages de fermeté. Ces Burkinabè avec à leur tête cet arrogant putschiste IB doivent comprendre que désormais nous allons aussi fermement défendre notre souveraineté face à des miséreux comme lui. Qu’il n’oublie pas que des millions de Burkinabè vivent chez nous pour clairement fuir cette misère dans leur pays. Nous sommes hospitaliers mais il faut nous respecter et faire attention pour ne pas prendre notregénérositéet hospitalitécomme faiblesses. Juste un observateur de passage…
Avec l’arrestation d’un militaire et un VDP burkinabés sur le territoire ivoirien par les FACI, la logique serait que les autorités ivoiriennes ne relâchent pas dans la précipitation ces deux militaires burkinabés. Parce que depuis septembre 2023 (plus de 6 mois), le putschiste Ibrahim Traoré maintient injustement en détention deux gendarmes ivoiriens qui avaient franchi par inadvertance la frontière pour se retrouver en territoire burkinabé. Et apparemment, la voie du dialogue privilégiée par la Côte d’Ivoire pour leur libération ne semble pas marcher, et tombe dans des oreilles de sourd. Face à cette situation de prise d’otage et d’acte de brigandage du putschiste Ibrahim Traoré, ces deux militaires burkinabés arrêtés devraient servir de pièce de rechange pour les deux gendarmes arrêtés par le Burkina. Le PRADO devrait envoyer des signes d’agacement face à ce putschiste Ibrahim Traoré en maintenant la fermeté. La détention des militaires burkinabé devrait amener le putschiste Ibrahim Traoré à la table du dialogue afin de trouver une solution. Le PRADO devrait se souvenir en 1965 que le père de la nation, l’apôtre de la paix Félix Houphouët-Boigny avait choisi la carte de la fermeté face au dictateur Sékou Touré de la Guinée dans l’affaire Kamano (DG de la CNPS) qui avait été arrêté injustement en Guinée. Au début de cette crise, Houphouët privilégia le dialogue avec la Guinée pour obtenir la libération de Kamano. Pendant presque deux ans, Sékou Touré fit la sourde oreille en maintenant en détention Mr Kamano. Agacé, Houphouët en représailles, décida aussi de jouer la carte de la fermeté en prenant aussi en otage le Ministre des Affaires Etrangères de la Guinée, Mr Béavogui. Et ceci, en détournant l’avion de Béavogui de la compagnie KLM de la Hollande à se poser sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan Port-Bouet. Face à l’arrestation de son Ministre, Sékou Touré a été forcé de libérer Mr Kamano en échange de la libération de Mr Béavogui. Ce rappel est important pour le PRADO. Une libération précipitée des militaires burkinabés sans la libération des deux gendarmes emprisonnés à Ouaga peut non seulement démoraliser les FACI et les mettre en colère contre le PRADO, mais aussi montrer la faiblesse et la frilosité de la Côte d’Ivoire face à un Burkina qui n’arrive pas à la cheville de la Côte d’Ivoire sur tous les indices de développement. La Côte d’Ivoire doit se faire respecter. A bon entendeur, salut ! Merci