Protection de l’environnement / Assahoré réactive le décret d’interdiction du plastique  – Bataille en perspective avec les cimentiers ?

Le ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, Assahoré Konan veut dépoussiérer un vieux dossier dans lequel la ministre Anne Oulotto avait lâché du lest en son temps en 2013. Celui de l’interdiction du plastique en Côte d’Ivoire. Alors qu’elle avait le soutien du président de la République qui avait pris le décret 2013-327 du 22 mai 2013 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation des sachets plastiques en Côte d’Ivoire, des actes contrariant son action avaient été entrepris par ses collègues. A titre d’exemple, l’autorisation par arrêté ministériel en 2019, des sacs en polypropylène pour l’emballage du ciment. Ceci alors que l’engagement pris par les industriels du plastique d’investir dans le recyclage des déchets plastiques n’a pas produit des résultats probants.   

Entre arrêtés contradictoires et nonchalance des acteurs,  notamment les industriels quant aux bonnes pratiques, l’état des lieux n’est guère reluisant. Sur la base du décret présidentiel ci-dessus cité, « des opérateurs économiques ont investi (seulement) une quinzaine de milliards de francs CFA dans le pays. Ils ont ainsi implanté en Côte d’Ivoire la plus grande usine de fabrication de sacs en papier Kraft d’Afrique de l’Ouest. L’usine a permis au pays d’atteindre l’autosuffisance en sacs pour l’ensachage du ciment, évitant ainsi la sortie de devises pour l’importation de papiers d’emballage de ciment. Selon les informations transmises aux autorités et aux services fiscaux, le chiffre d’affaires réalisé entre 2017 et 2023 s’élève à plus de 151  milliards de FCFA, dont plus de 106 milliards en produits d’exportation vers la sous-région », lit-on dans une note d’explication. Et c’est tout, le potentiel restant largement inexploité.

Côte d’Ivoire Normalisation (Codinorm), la structure en charge du contrôle des normes de qualité y a sa part de responsabilité. « En 2018, alors que les sacs de ciment étaient conditionnés dans du papier Kraft, Codinorm a permis l’utilisation de sacs en polypropylène (plastique) », indique la même note consultée par Connectionivoirienne.net.

Cette situation avait amené le ministère du commerce,  la même année, à prendre l’arrêté N°065MCIPPME/CAB du 14 décembre 2018, définissant les sacs en papier comme le seul type d’emballage autorisé pour le conditionnement du ciment. Une décision qui fera pschitt. En effet, le 14 mai 2019, le même ministère l’a abrogé avec l’arrêté N°318/MCIPPME/CAB du 4 mai 2019. Le même jour, un arrêté interministériel (N°319/MCIPPME/MINAS/MINEDD), signé conjointement par le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, le ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, le ministre de l’Environnement et du Développement Durable, et le Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, Chargé du Budget et du Portefeuille de l’État, autorisait les sacs en papier et en polypropylène pour le conditionnement du ciment.

C’est dans cet état des lieux délétère aux conséquences douloureuses pour notre environnement que le ministre Assahoré et le premier ministre Mambé ont rendez-vous ce mercredi 6 mars 2024 pour une réunion cruciale. Il faut relancer l’affaire pour faire respecter les engagements de la Côte d’Ivoire au plan extérieur. L’heure est grave, diraient certains. Aujourd’hui, ce sont au moins 200 millions de sachets plastiques qui sont déversés dans la nature sans grande possibilité de recyclage, le projet dans ce sens ayant montré ses limites. Mais pour nos autorités, la Côte d’Ivoire ne saurait durablement ramer à contre-courant de ses propres directives en matière d’interdiction du plastique. Ce d’autant plus que des pays comme le Ghana n’ont pas hésité à copier le modèle ivoirien en interdisant sur son territoire l’utilisation des sacs en polypropylène pour l’emballage du ciment.

Faire respecter le décret de 2013 est désormais un leitmotiv pour le gouvernement et principalement pour le ministère de l’environnement qui veut peser de tout son poids auprès du Premier ministre Mambé qui semble être sur la même longueur d’onde que son ministre.

Avec ce nouveau leadership fera-t-on plier définitivement les industriels du plastique et les cimentiers en vue du respect des engagements pris ? les résultats de la réunion de ce mercredi sont fortement attendus.

SD à Abidjan

syldebailly@gmail.com

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire