Se délier des mauvaises habitudes

Lorsque les Éléphants encaissèrent 4 buts à 0 face à la Guinée équatoriale qui n’est pas connue comme une grande nation de football, le peuple ivoirien était triste et en colère parce que cette défaite était synonyme d’élimination. Les carottes étaient en quelque sorte cuites pour le Onze national. Celui-ci dépendait désormais du résultat du match entre le Maroc et la Zambie.

Deux jours plus tard, les Lions de l’Atlas battaient les Chipolopolos, permettant ainsi aux Éléphants de prendre part aux huitièmes de finale de la 34e CAN. Certains parlèrent alors de résurrection comme celle qui eut lieu jadis à Béthanie. Dans ce village, en effet, Jésus avait fait sortir du tombeau un certain Lazare, frère de Marthe et de Marie.
Je voudrais filer jusqu’au bout la métaphore de la résurrection en rappelant ceci: voyant que Lazare avait les mains et pieds entourés de bandes de lin et le visage recouvert d’un linge, Jésus dit aux gens qui étaient là:

”Déliez-le de ces bandes et laissez-le aller!” (Jean 11, 44)

De quoi notre équipe doit-elle être déliée et de quoi les joueurs eux-mêmes doivent-ils se délier?

La raison majeure pour laquelle notre équipe n’a remporté que deux fois la coupe alors qu’elle pouvait brandir quatre ou cinq fois le trophée, c’est que nous avons eu des dirigeants soucieux avant tout de s’enrichir. Pour cela, ils n’ont pas hésité à recruter des entraîneurs qui n’avaient pas le niveau ou à écarter les joueurs qui voulaient défendre les couleurs nationales sans entrer dans les magouilles. L’essentiel pour eux était de partager l’argent avec les coachs et les joueurs à qui on avait fait croire qu’être appelé dans l’équipe nationale était une faveur pour laquelle il fallait donner quelque chose en retour.

Si notre football veut se relever, il doit se délier de ces véreux affairistes, de ceux qui ont tendance à transférer les querelles politiques dans le sport, de certaines conneries comme notre victoire passe par une rencontre avec des prétendus sorciers d’Akradio. Ces derniers auraient le pouvoir de faire gagner un match de football alors que leur village n’a jamais participé au championnat national.

Dans notre pays, il est temps, au football et ailleurs, que l’on applique le mot de Thomas Jefferson :”the right person in the right place.”

Quant aux joueurs, ils doivent se délier de l’esprit minimaliste, de la propension à ne pas être concentrés sur chaque match, à faire la fête avant la fin de la compétition, à se décourager dès que l’équipe a encaissé un ou deux buts. Tout le monde reconnaît que nos beaux frères, les Lions indomptables, ne jettent l’éponge que quand l’arbitre a sifflé la fin du match.

Si les Éléphants se séparent de tous ces boulets qu’ils traînent depuis plusieurs années, si chaque joueur arrête de faire son petit numéro pour donner le ballon à celui qui est bien placé pour marquer le but, si tous sont capables de se surpasser, il n’est pas impossible qu’ils viennent à bout des Sénégalais qui jusqu’ici ont fait un parcours sans faute.

Jean-Claude Djéréké

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