Les sélectionneurs du continent sont majoritaires pour la deuxième fois consécutive dans le tournoi. Une petite révolution pas que sportive.
Ce n’est pas un effet de mode, mais « une tendance lourde » qui se confirme de compétition en compétition, comme l’observe le Comorien Amir Abdou, sélectionneur de la Mauritanie.
Pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui débute le 13 janvier en Côte d’Ivoire, quatorze des vingt-quatre équipes en lice sont dirigées par des sélectionneurs africains ou binationaux.
Ainsi, outre Amir Abdou, la Tunisie est conduite par le Tunisien Jalel Kadri, la Guinée par le Guinéen Kaba Diawara, le Maroc par le Marocain Walid Regragui, la Tanzanie par l’Algérien Adel Amrouche ou encore le Sénégal par le Sénégalais Aliou Cissé. Les dix autres pays qualifiés sont entraînés par des Européens (neuf dont trois Français) et un Israélien (Avram Grant, Zambie).
La CAN en Côte d’Ivoire a aussi un côté inédit, pour ne pas dire historique : les coachs africains sont pour la deuxième fois consécutive majoritaires dans le tournoi. Lors de la précédente édition au Cameroun, ils étaient déjà quinze, alors qu’en 2017, au Gabon, quatre seulement occupaient les bancs de touche face à dix Européens, un Argentin et un Israélien (cette CAN se jouait encore à seize nations).
« La fin du “mythe des sorciers blancs” »
Les deux dernières éditions du tournoi ont « inversé la tendance et c’était inéluctable », souligne Joseph-Antoine Bell, 69 ans, légendaire gardien des Lions indomptables (Cameroun), et observateur attentif du football continental. «
Aujourd’hui, sur un plan philosophique, il y a des dirigeants qui n’ont pas connu l’époque des indépendances [dans les années 1960] et qui sont moins complexés, raconte l’ancien portier de l’Olympique de Marseille. Ces dernières décennies, quand un local échouait à la tête d’une sélection, on avait l’impression que c’était tous les Africains qui échouaient. Beaucoup de techniciens qui avaient des compétences n’ont jamais eu leur chance. De nos jours, si l’un d’eux connaît un revers, il ne condamne plus tous ses frères. Ça avance. C’est aussi la fin du “mythe des sorciers blancs”. »
Sa chance, Amir Abdou, 51 ans, l’a trouvée sur la terre natale de ses parents. Né à Marseille, ville considérée comme « la cinquième île » des Comores en raison du nombre important de Comoriens qui y vivent, il est nommé, en 2014, sélectionneur de cet archipel alors qu’il a encore peu d’expérience. Mais le Franco-Comorien innove : il donne « un cadre » à cette sélection, professionnalise son staff et s’appuie davantage sur la diaspora, comme l’a fait avec succès l’Algérie.
« Effectivement, un entraîneur binational, ça permet aussi de comprendre la mentalité des joueurs et la jeune génération », souligne-t-il.
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Lemonde.fr
Merci pour cet article. Il n’y a absolument pas de complexe à se faire quant à la qualité de nos sélectionneurs Africains et nationaux. Il faut être ravi de voir que de plus en plus les Africains sortent du carcan de ce complexe. Pour parler avec évidence claire, rappelons-nous à toutes fins utiles que le pays le plus incontestablement titré du continent, j’ai nommé l’Égypte, l’a fait avec des sélectionneurs locaux. Alors ?
Les mentalités et perceptions évoluent vite et bien. D’ici deux à trois CAN, les sélectionneurs Européens devront aller chercher du boulot en Europe car au moins 90% de nos sélectionneurs Africains seront Africains. On observe…