Wilfried Singo, défenseur de l’AS Monaco et grand espoir des « Éléphants » en défense avant une Coupe d’Afrique à domicile, retrace pour l’AFP son parcours, d’un concours de jeune footballeur au Cameroun à Monaco, en passant par la deuxième division ivoirienne et le Torino. Sa sélection affronte l’équipe de Guinée Bissau ce samedi (21h) lors du match d’ouverture de la CAN 2024.
Wilfried Singo a déjà hâte. Pour lui, la CAN, « c’est une compétition qu’on regardait à la TV, la jouer chez nous, c’est une chance », lance dans un grand sourire un des patrons de la défense à trois de l’ASM, qui croule sous les demandes de places pour le match d’ouverture contre la Guinée-Bissau, samedi. « Chaque joueur reçoit six billets par matches, après il y a ceux que j’achète », rigole-t-il. « Je ne peux pas compter, mais ça fait beaucoup! Il y a les ‘frères’ et les ‘cousins’, tout le quartier va venir! »
Si cet enfant né le jour de Noël 2000 a grandi en province, à la SOGB (il prononce Sogébé), la grande entreprise d’exploitation de caoutchouc située entre la station balnéaire de Grand Béréby et Tabou, il a vite rejoint la métropole et le quartier de Yopougon, pour jouer au Maman Clotilde FC, l’école de foot fondée par la mère de Didier Drogba, aujourd’hui fermée. C’est là que les scouts de l’AS Denguélé, alors en deuxième division, ont déniché Wilfried Singo.
« Quel abattage ! »
« On l’a testé et trouvé très bon, il jouait alors milieu défensif », explique le président de l’ASD, Abdoulaye Koné. « Le Petit a enchaîné des matches extraordinaires et le coach de l’équipe Olympique, Soualiho Haïdara, l’a repéré », poursuit le dirigeant. Le technicien des quarts de finaliste des Jeux de Tokyo a tout de suite été « fasciné ». « Il y avait beaucoup de choses à corriger sur le plan tactique, mais quel abattage! »
A l’AS Denguélé, un autre oeil avait vu le talent de Singo. L’agent camerounais « Maxime Mana, qui est un ami, a assisté à un match de Denguélé et m’a dit: ‘Président, le Petit là est très bon' », raconte le dirigeant. En octobre 2018, l’agent paie même le billet d’avion à Singo pour aller gagner le concours de jeune footballeur G8 à Yaoundé. Quelques années auparavant, André Zambo-Anguissa avait aussi remporté le G8 avant de percer.
Mana réussit à placer le jeune espoir au Torino. « Faire venir d’Afrique un jeune en première division italienne sans test, en plein Covid, et qui prend une place d’extra-communautaire, c’était un sacré pari, mais Maxime a été persuasif », poursuit le président Koné.
J’ai beaucoup appris tactiquement
« Même si c’était un peu fou, que tout le monde était contre, j’ai choisi de faire confiance à Maxime, qui croyait aveuglément en Singo », a écrit le président du « Toro » Urbano Cairo sur Instagram, cet été, quand son joueur a rejoint Monaco. Singo est « un garçon extraordinaire, appliqué, humble, généreux et parfaitement éduqué », salue le dirigeant italien.
Au Torino (109 matches, 7 buts), « j’ai beaucoup appris tactiquement, reconnaît Singo. Quand je suis arrivé, je pensais que je savais défendre, mais je ne savais pas, en fait (rires) ! J’ai appris la concentration, l’aspect tactique, pour alterner les phases offensives et défensives. Avant les matches, on faisait beaucoup de séances vidéo, c’est la marque du calcio ».
Il y a aussi découvert un nouveau poste. C’est l’entraîneur de la réserve du Toro, Federico Coppitelli, qui l’avait décalé arrière droit. Cette polyvalence devrait l’aider à la CAN. Singo (10 sélections) « est idéalement placé si (le coach) Jean-Louis Gasset joue à trois centraux, comme Wilfried le fait à Monaco », juge coach Haïdara. « Sinon il est en concurrence avec Serge Aurier, mais il faut reconnaître que le capitaine tire sur sa fin. Il faut déjà préparer la relève, et Singo est le successeur idéal »
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« Aujourd’hui, pour moi, il est plus fort que Serge Aurier », assure le président Koné, qui n’attend plus que l’explosion définitive du « Petit ».
Guillaume Maillard-Pacini
Source: Eurosport
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