En “vingt vingt-cinq” (2025) PAS si sûr que le chemin de Tidjane Thiam soit dégagé

Le 01 Août aux environs de 20h30, la chaîne française France 24 annonçait le décès du Président Bédié. L’information circulait déjà sur les réseaux sociaux, beaucoup l’avaient partagé sans forcément y croire. Elle fut rendue crédible quand France24 l’a annoncée. C’était l’incrédulité. Il n’était certes plus tout jeune, mais ses ennuis de santé n’ont jamais fait la une de la presse. Il paraissait toujours « tenir ». A la cérémonie de remise du Prix UNESCO Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix à Yamoussoukro en Février dernier, il fut le seul intervenant à prononcer son discours assis. Mais cela n’a pas vraiment attiré l’attention de l’opinion. C’était quelque chose de naturel vu le poids de l’âge (89 ans ). On le voyait tenir encore pour « un bon moment ».

Son parti a tenu un bureau politique le 14 Octobre dernier, il a été question de lui trouver un successeur à la tête du parti, avec en toile de fond le choix du candidat à la présidentielle de 2025. Sur la short-list de cinq personnes concernant ce dernier choix, Alla kouadio Reml, Niamien Ngoran, Thierry Tano, Jean Louis Billon, Tidjane Thiam, les trois derniers sortent du lot. Et parmi ces trois, le tout dernier nommé, Tidjane Thiam (TT), écrase la concurrence. C’est sûr, TT sera plébiscité en tant que « candidat naturel » du parti pour la future présidentielle, cela personne n’en doute, pas même ses rivaux potentiels. Déjà l’homme s’est déclaré candidat à la présidence du parti, le congrès électif est prévu pour le 16 Décembre prochain. Son élection s’annonce comme une formalité.

Mais une question centrale se pose quand on évoque une possible candidature de TT. Réunit-il toutes les conditions pour faire acte de candidature à la présidentielle ? Le problème pour l’homme reste sa double nationalité. Bien qu’on n’en fasse pas vraiment cas pour le moment, les choses risquent de coincer à ce niveau. Le fait de détenir à la fois la nationalité ivoirienne et française, en l’état, l’exclut de la présidentielle, la constitution est claire à ce sujet. Interrogé sur ce point en Septembre 2022 par un quotidien britanique, l’homme a annoncé son intention de « renoncer » à sa citoyenneté française.

Pourtant, même si ce renoncement venait à être effectif, n’est-il pas ’’un peu tard’’ ? La Constitution ivoirienne stipule que le requérant ne devra s’être jamais prévalu d’aucune nationalité en dehors de la nationalité ivoirienne. Le fait que TT renonce aujourd’hui à sa nationalité française pour les besoins de la présidentielle, n’annule pas le fait qu’il s’en est déjà prévalu. Tout le problème est là. Le fait d’avoir été citoyen français le disqualifie pour « à vie » pourrait-on dire. On peut faire le parallèle avec le football. Dès lors que vous jouez un seul match avec une sélection nationale, vous ne pouvez plus de votre vie appartenir à une autre sélection nationale.

TT a quitté le pays en 2000 pour y revenir en 2022. Il a circulé tout ce temps avec un passeport français. D’aucuns pensent que c’est l’une des raisons qui l’ont empêché de séjourner au pays, son passeport français aurait certainement créé la polémique. En 2022 il obtient un nouveau passeport à l’ambassade ivoirienne en France, sur ordre personnel du président de la république !! C’est avec ce passeport qu’il se rend depuis lors en Côte d’Ivoire, son passeport français lui servant pour ses voyages internationaux. Tout cela est fait dans la discrétion, pourtant ce sont des choses qui vont remonter à la surface quand la fièvre de la présidentielle va gagner le pays.

On l’a dit, avec sa vaste intelligence, sa notoriété internationale, et son carnet d’adresses, TT écrase la concurrence, tant dans son parti qu’au niveau national. On voit difficilement quelqu’un du camp présidentiel tenir cinq minutes contre lui dans un débat contradictoire sur des questions économiques. Pourtant le pouvoir a toujours paru serein sur la question. Aucune panique n’est signalée, alors que manifestement l’homme représente une menace de taille. La question de son éventuelle candidature n‘est jamais abordée, tout se passe comme si une consigne avait été donnée de ne pas l’évoquer parce qu’elle serait déjà ”réglée”. Le pouvoir tient-il pour acquis le fait que la candidature de l’homme sera rejetée du fait de sa double nationalité ?

Pourtant le régime prendrait un gros risque si la candidature de TT était rejetée, même conformément à la loi. En droit, on a coutume de séparer le texte du contexte, celui-ci influençant l’application du texte. L’aura internationale de TT est telle qu’un rejet de son éventuelle candidature, quelles qu’en soient les raisons, entraînera certainement des pressions de toutes parts. Il faudra également tenir compte de la réaction du PDCI, si son champion était mis sur la touche. Les militants vont très probablement investir la rue. On risque alors d’assister au même feuilleton que celui causé par la candidature d’un certain ……Alassane Dramane Ouattara dans les années 90 et 2000, qu’on disait aussi s’être prévalu d’une autre nationalité. “Les peuples qui ne tirent pas les leçons de leur histoire sont condamnés à la revivre” dit le dicton .

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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1 réflexion au sujet de « En “vingt vingt-cinq” (2025) PAS si sûr que le chemin de Tidjane Thiam soit dégagé »

  1. C’est bien dit tout cela mais encore faut-il qu’il passe le test de la présidence du PDCI. Bon, c’est vrai que le président du parti, en théorie, n’est pas automatiquement le candidat du parti mais ce serait improbable que quiconque élu président du parti ne lorgne pas l’onction du parti pour les présidentielles. De deux, en tant qu’observateur, je ne vois pas comment des cadres de sérail comme Billon par exemple prendraient cela de voir un parachuté providentiel, si intelligent soit-il, là où eux était au four et au moulin pendant que ce dernier vivait la belle vie à l’international. Je l’ai dit tantôt TT devrait déjà avoir arrêté ces aller-retours intempestifs et s’installer définitivement en CIV car ça donne l’image d’un opportuniste qui n’est là que quand ça l’arrange. De trois, la constitution de notre pays a une obligation de résidence de 5 ans pour le candidat avant les échéances. Cette obligation faut-il le préciser cependant ne s’applique à des “fonctionnaires internationaux” entre autres. Ma question en tant qu’observateur est alors de savoir si TT satisfait la définition de fonctionnaire international. Il était un employé, si CEO soit-il, d’une entreprise privée ou d’entreprises privées. Je pourrais bien me tromper mais à ce que je sache, une structure privée comme Prudential ou Credit Swiss n’est pas une organisation internationale pour garantir de facto ou de jure la qualification de fonctionnaire international. Violente question comme le dirait Nguess Bon Sens ! Vivra qui verra donc ! Juste un observateur de passage….

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