Après des jours de suspense, le choix du président Ouattara s’est finalement porté sur le très pieux et docile Robert Beugré Mambé, ingénieur génie civil de formation et précédemment ministre gouverneur du District d’Abidjan. Il se sépare donc de Patrick Achi qui venait d’être élu président du conseil régional de La Mé et dont le leadership aura permis de faire basculer l’électorat pro-opposition de cette région dans l’escarcelle du parti au pouvoir. Un challenge politique qui ne fut pas facile à réaliser tant le peuple Akyé dont il est devenu le chouchou et l’espoir ces dernières années, avait un attachement historique avec l’ancien président Laurent Gbagbo.
Tout compte fait, la primature reste au Sud dans une sorte de clause secrète de gouvernance à la nigériane où quand le président est du Nord, l’on s’arrange pour que l’autre tête de l’exécutif ‘(le vice-président) soit du sud. Ceci est une constance depuis ces quatre dernières années en Côte d’Ivoire après l’éviction de Guillaume Soro, le passage de Gon et l’intermède Hamed Bakayoko. A deux ans d’une présidentielle cruciale qui sonnera une révolution générationnelle, Alassane Ouattara veut conserver son monde qui le fait gagner jusque-là, sans chamboulement géopolitique en ce qui concerne la primature. Un Akyé sort pour que rentre un Atchan, deux peuples voisins et frères du sud de la Côte d’Ivoire. C’est un déplacement de curseur de moindre mal dans ce jeu de chaise musicale intervenu dans un contexte postélectoral où le président a gagné en légitimité et n’est plus tenu par une quelconque alliance sauf le maintien d’un certain équilibre entre ses hommes et ses partisans. Il a désormais toutes les cartes en main et libre d’agir sans grincements de dent.
En choisissant un artisan du développement infrastructurel disons un bétonnier, le message du président est simple. Rester le maître du jeu de la politique pendant que les ministres s’occupent de questions purement techniques. Ouattara ne voudrait pas s’accommoder d’un premier ministre dont l’envergure deviendrait gênante dans cette redistribution des cartes où l’opposition est certes en recul mais pas vaincue et peut toujours inquiéter. Mambé à la primature, Ouattara peut aisément préparer un quatrième mandat sans être contrarié. On attend ici, la composition complète de l’équipe Mambé 1 pour voir comment se redessine la carte géopolitique de la gouvernance et conclure sur cette conjecture du quatrième mandat. Sinon d’un point de vue purement politique, je ne dis pas administratif, Achi méritait bien de poursuivre à la primature ayant été le premier ministre qui a dopé la maison commune en personnel politique et en vivier d’électeurs de sa région.
L’on devine aisément que le réaménagement en cours n’épargnera pas le Rhdp qui constitue l’autre socle de la stratégie de maintien au pouvoir. Son homme du directoire Koné Kafana a déjà sa part dans la redistribution des rôles. Restent les Bacongo and co qui sont des pièces maîtresses de la stratégie en échafaudage.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Quel génie politique le PR Ouattara ! Il a pris à contre-pied tous les observateurs avertis de notre marigot politique. Il a en effet dribblé tout le monde et même fait un « cassa-moulé » comme le diraient au quartier les passionnés de babyfoot. Il mérite respect Ouattara qu’on le veuille ou pas. Merci PR… On avance… Je crois pour ma part que Achi a dans l’ensemble bien servi. Politiquement parlant, il a écrasé les microbes du ppaci du pays Akyé qui était jadis leur fief, et ça c’est pas rien. Merci, Achi… On avance comme toujours… Félicitations et bon courage au nouveau PM dont le pragmatisme et humilité ne sont plus à démontrer. La CIV avance…