Denco nous parle

Denco nous parle

Je l’ai écouté pour la première fois en septembre 2002. Avec Yodé, Pat Sako, Soum Bill et d’autres, il faisait partie du collectif zouglou qui avait produit la très belle chanson “Libérez mon pays”.
Quand vint son tour de dire quelque chose dans ce morceau patriotique, Petit Denis fit remarquer que, si notre hospitalité nous impose l’amour des étrangers, nous devons toutefois nous méfier des gens étranges, de ceux qui “prennent notre pays-là comme sole na placali domou“.
En novembre 2004, le pays était à deux doigts d’être libéré par les Fds lorsque la France fit bombarder son propre camp militaire. Le bombardement, qui ôta la vie à 9 soldats français, fut imputé aux militaires ivoiriens. Maître Jean Balan, avocat des familles des militaires tués, révélera plus tard que c’était un coup monté par le gouvernement français pour renverser le président Laurent Gbagbo et remettre en selle une rébellion presque défaite et en fuite (cf. “Crimes sans châtiment. Affaire Bouaké”, Paris, Max Milo, 2021).
En agissant de la sorte, Paris n’a pas enterré mais simplement retardé la libération de la Côte d’Ivoire car cette libération est inéluctable et il n’y a pas de raison qu’Abidjan n’emboîte pas le pas à Bamako, Ouaga et Niamey qui ont réussi à chasser l’ancienne puissance colonisatrice.
Je reviens à Denco qui était sur NCI le 3 octobre 2023. Quand on lui demande pourquoi il n’est pas resté en France où il pourrait soigner son addiction à la drogue, iI donne le proverbe suivant :”La nourriture de tes parents que tu n’as pas pu manger, ce n’est pas ta marâtre qui va te la donner.“ Signification: Si ton propre pays ne peut pas te mettre à l’aise, ce n’est pas la France qui le fera.
On peut gagner beaucoup d’argent en Occident, y posséder maisons et voitures, y jouir de toutes sortes de facilités mais y être à l’aise, y être respecté est une autre paire de manche.
Que font nos gouvernants pour que les Africains se sentent à l’aise dans leurs pays? Que pouvons-nous faire pour que certains d’entre nous n’éprouvent pas le besoin d’aller vivre et travailler dans un prétendu eldorado?
Celui qui remporta le Kora Awards 2004 prouve une fois de plus qu’il est non seulement talentueux mais profond. Puisse son message être entendu!

Jean-Claude DJEREKE

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