Le Malien Salif Keita, ancienne gloire du football africain qui a joué à l’AS Saint-Etienne (ASSE) et Marseille dans les années 1970, est mort, samedi 2 septembre, à l’âge de 76 ans, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) le ministre des sports malien.
L’ancien joueur s’est éteint dans un hôpital privé de Bamako, a déclaré à l’AFP un responsable du football malien, Salaha Baby, sans préciser les causes de sa mort. Ses obsèques sont prévues le 6 septembre dans l’après-midi, dit un communiqué signé par le colonel Abdoulaye Maiga, le porte-parole du gouvernement malien dirigé par des militaires.
L’ancien attaquant avait été ministre délégué auprès du premier ministre chargé de l’initiative privée dans le gouvernement malien de transition (1991-1992). Il avait aussi dirigé la Fédération malienne de foot (Femafoot) dans les années 2000. « Salif Keita “Domingo” a tiré sa révérence. Le monde du sport au Mali et particulièrement celui du football tient à adresser ses condoléances à la famille de Salif Keïta mais aussi à la nation malienne », a écrit l’organisation sur X.
Surnommé « Domingo » par ses copains en référence à un nom vu sur le générique d’une affiche de cinéma alors qu’il avait 10 ans, Salif Keita, joueur élancé, à l’allure féline, doté d’une technique hors pair et d’un sens aiguisé du but, fut l’un des plus grands attaquants de sa génération.
En 1970, il fut le premier lauréat du Ballon d’or africain, créé cette année-là par France-Football pour compléter le Ballon d’or, réservé à cette époque aux joueurs européens.
Trois fois champion de France avec les Verts
Avant d’arriver en France, Salik Keita, né à Bamako le 12 décembre 1946 dans une famille de onze enfants, avait d’abord brillé en Afrique. A 16 ans, il jouait son premier match international avec les Aigles du Mali qu’il emmena, plus tard en 1972, en finale de la Coupe d’Afrique des nations. Il conduisit également le Stade malien en 1965 et l’AS Real Bamako en 1966 jusqu’en finale de la Coupe d’Afrique des champions.
De quoi susciter l’intérêt des recruteurs de Saint-Etienne qui l’invitèrent à venir faire un essai en France en 1967. Mais son voyage fut rocambolesque. Les autorités maliennes s’opposant à son départ, il dut passer clandestinement par le Libéria, où il se fit détrousser avant de prendre l’avion à Monrovia. Les dirigeants stéphanois l’attendaient au Bourget où l’appareil devait initialement se poser, mais il arriva en fait à Orly et rejoignit la Loire… en taxi, pour la somme astronomique à l’époque de 1 060 francs. L’ASSE n’a pas regretté la dépense puisque Keita mit sept minutes pour marquer dès son premier match officiel, contre Monaco.
Avec les Verts, il a été champion de France à trois reprises (1968, 1969, 1970) et deux fois vainqueur de la coupe de France (1968, 1970). Son passage à Saint-Etienne se termina par une fâcherie avec le président Roger Rocher. S’estimant exploité financièrement, Keita rejoignit Marseille, le grand rival, mais l’ASSE contesta la légalité du contrat du joueur, qui écopa de six mois de suspension.
« Dans un grand pays de football, il aurait été l’égal de Pelé »
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Il a ensuite joué à Valence (Espagne), puis au Sporting Portugal, avant de terminer sa carrière aux Etats-Unis, à Boston. C’est en Amérique qu’il commença, dans une banque, une reconversion qu’il avait préparée pendant sa carrière de joueur en obtenant un diplôme de droit en France puis un autre dans une université de Boston.
Il rentra ensuite au Mali où il investit dans l’hôtellerie avant de fonder le premier centre de formation de football de son pays, d’où sortirent des talents comme Mahamadou Diarra (Lyon, Real Madrid) et son neveu Seydou Keita (Lens, Barcelone). Il a aussi joué dans le film Le Ballon d’or, librement inspiré de son histoire.
« S’il était né dans un grand pays de football, il aurait été l’égal de Pelé », disait de lui Albert Batteux, son entraîneur stéphanois. Il eut d’ailleurs l’occasion d’affronter « le roi » lors d’un match amical entre Santos et une amicale « ASSE-OM » à Colombes en 1971.
Il fut désigné, à partir de 2013, ambassadeur à vie de l’AS Saint-Etienne avec lequel il s’était réconcilié. Il est décédé le jour où l’AS Saint-Etienne devait rendre hommage à une autre légende du club, George Bereta, disparu au début de l’été, à l’occasion du match de Ligue 2 ASSE-Valenciennes.
Le Monde avec AFP
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