Moossou / Selon ses adversaires Kanga Assoumou est un roi déchu qui s’accroche au palais sous protection policière

Les ‘’péchés’’ du souverain aux 33 véhicules de luxe et 153 litiges fonciers qui ont suscité sa contestation Ce qu’Aka Aouélé a fait Palais portes closes. Haute surveillance de policiers et de gendarmes postés aux principales entrées du palais royal et à la résidence de la reine-mère, armes au poing. C’est l’ambiance qui règne encore dans le royaume de Moossou chez les Abouré Ehè, peuple majoritaire de Grand Bassam, la première capitale ivoirienne. Le petit royaume qui borde le fleuve Comoé, coincé entre Bingerville, le royaume de Bonoua et celui des N’zima Kotoko n’est plus le havre de paix qu’il était. Depuis quelques semaines, le royaume est secoué par des convulsions sur fond de contestation de l’autorité de Nanan Kanga Assoumou, au pouvoir depuis 32 ans. Pour ses détracteurs issus des générations Blossoué et Noudjou qui comprend la classe guerrière, il n’est plus le roi de Moossou. S’il est encore reclus au palais et qu’il croit encore exercer une autorité, c’est en raison d’une ceinture de sécurité autour de l’édifice, assurée par des policiers et gendarmes appelés à la rescousse depuis les émeutes du 15 juillet 2023, date à laquelle le chef de la génération Bloussoué avait fait irruption à la paroisse Saint Antoine de Padoue pour lui ôter sa chaussure royale. Un acte qui vaut destitution dans ce royaume organisé en classes d’âge comme chez les voisins Ebrié. Que reproche-t-on à Nanan Kanga Assoumou ? « Il a vendu toutes les terres du royaume et a proféré des malédictions ‘’fia fia fia’’ à la génération Bloussoué », Fernand Bosso, chef de la génération Bloussoué est formel et considère que c’est un acte impardonnable qui vaut destitution. Entendu que dans cette monarchie de tradition Akan, les rois peuvent être déchus en cas de fautes graves, notamment l’adultère, le vol aggravé, le détournement des biens de la communauté. « A Moossou, le roi règne mais ne gouverne pas. Ce sont les générations qui gouvernent », précise M. Bosso qui reproche à Nanan Kanga Assoumou d’avoir transgressé ce principe sacrosaint du royaume en régnant et en gouvernant à la fois. Tout serait parti en 2022 de l’« affaire Scaf » du nom d’une scierie bassamoise installée depuis des lustres et que ses premiers propriétaires français ont cédé à un richissime ivoiro-libanais Fadoul. Les vrais problèmes ont commencé le jour quand Fadoul, muni d’un titre de propriété a mis en demeure tout un domaine du village en vue d’un déguerpissement des occupants. Des occupants devenant ainsi étrangers sur leurs propres terres. « Un matin Scaf a assigné le quartier Bégnéry en déguerpissement y compris notre cimetière. Scaf revendique à elle seule, 553 ha de terre », témoigne un autre membre de la génération Bloussoué. Passé l’onde de choc de cette nouvelle, les villageois demandent à rencontrer leur roi qui dit-on, répondra par du mépris en leur demandant s’ils ne savaient pas que Fadoul était devenu le propriétaire de Scaf. En plus, il aurait refusé de les soutenir devant le tribunal dans le cadre de cette affaire. Des courriers d’information sont envoyés à la présidence de la République, à la primature, au ministère de l’intérieur, au préfet de Bassam, au Conseil régional. Le tout pour alerter et contester cette expropriation en cours. Les contestataires finissent  par gagner le procès contre Fadoul au grand dam du roi. Cette affaire et bien d’autres litiges fonciers dans lesquels le souverain a donné caution par sa signature ont fini par enrhumer ses relations avec ses administrés. Ils sont nombreux dans le royaume qui lui reprochent sa mauvaise gouvernance du royaume et surtout son air hautain laissant peu de place à la courtoisie et au respect des autres qu’il traiterait souvent de pauvres. Ses mauvaises relations avec sa communauté et l’inflexibilité des opposants au gré des litiges fonciers l’auraient même conduit à prononcer des malédictions à l’encontre de la génération Bloussoué qui aurait opposé une fin de non-recevoir à son projet de construction d’un complexe hôtelier sur une parcelle arrachée de haute lutte par les jeunes du royaume. Autant de faits qui ont déclenché la révolte le 15 juillet et le 26 juillet 2023. Préoccupés par la situation du royaume, plusieurs cadres de la région dont Aka Aouélé, président du Conseil régional était à Moossou le dimanche 30 juillet. Il a eu de longs échanges avec les parties au conflit. Son intervention, avons-nous appris, visait à ramener le calme mais surtout à s’inscrire en faux contre des rumeurs qui l’accusaient d’avoir donné l’ordre aux forces de sécurité de mâter les auteurs des troubles qui auront occasionné au moins six blessés. « Aka Aouélé a apporté sa compassion aux blessés ! il n’a pas été question de revenir sur la décision de destitution du roi qui se maintient au palais entouré de gendarmes », précise une source qui a participé à la réunion. Contacté pour avoir une version auprès de la royauté, un interlocuteur nous a demandé de nous en tenir pour le moment au communiqué officiel du porte-parole du roi.  « La Cour royale de Moossou tient à informer l’opinion nationale et internationale que sa Majesté Nanan Kanga Assoumou reste et demeure le Roi des Abouré êhê de Moossou. La Cour Royale de Moossou et sa notabilité remercient la génération au pouvoir (LES NOUDJOU), les N’Nowé, les différents chefs des sept familles pour leur soutien et leur loyauté en faveur des institutions du village », indique ce communiqué sans insister sur les accusations portées contre le roi. Dans sa guerre contre les insurgés, Kanga Assoumou, dit-on, peut pour l’instant compter sur le soutien du royaume voisin de Bonoua. Le royaume d’Ebra a, quant à lui, envoyé des émissaires pour conduire les négociations en vue d’une sortie de crise. Selon nos informations, ceux-ci ne seraient pas sur la même longueur d’onde que Kanga Assoumou. Nous vous relaterons d’autres épisodes de ce coup d’état en cours dans le royaume de Moossou et qui conforte à n’en point douter le grand rival, Nanan Tanoé, le roi des N’zima sur son trône. SD à Abidjan sdebailly@yahoo.fr

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