Côte-d’Ivoire 2023 année de la jeunesse/Et si on commençait par la gratuité des concours ?

L’année 2023 est dédiée à la jeunesse ivoirienne. C’est le chef de l’Etat dans son discours de fin d’année 2022 qui l’a annoncé. Mieux dans son discours sur l’état de la nation fait devant le congrès (sénat et assemblée nationale réunis), début avril, il chiffrait les actions à mener à 361 milliards de nos francs soit 1 milliard de Fcfa par jour. Ce message n’est pas passé inaperçu et est commenté différemment. Entre assurance et ironie de ceux qui ne veulent pas y croire.

Depuis lors, pour donner du contenu à l’idée du président de la république le ministre de la Jeunesse multiplie les sorties pour dire à l’opinion que la parole présidentielle n’est pas une vue de l’esprit et qu’elle est bien réalisable. Mercredi 17 mai 2023 à l’auditorium de la Cnps, au Plateau, Touré Mamadou a ébauché ce qu’il convient d’appeler le « programme jeunesse du gouvernement ». Il en a défini trois axes prioritaires assortis de projets chiffrés. Ils vont de la construction d’infrastructures dédiées à la jeunesse aux programmes de sensibilisation en passant par les formations. En fait rien de nouveau par rapport à ce qui se faisait jusqu’ici. Octroi de financement pour des projets, insertion professionnelle en lien avec les niches d’emplois dans certains ministères, service civique…
Des milliards et des millions accompagneront ces programmes et l’on sera bien curieux de voir l’impact de tout cela en fin d’année 2023, à l’heure du bilan.

A notre sens, aider la jeunesse c’est donner la chance à chacun d’entreprendre ce qu’il veut faire. Il est clair qu’à passer le temps à financer des microprojets ne fera pas de tous des entrepreneurs, chacun ayant sa vocation dans la vie. Aujourd’hui s’il y a un bassin d’emplois qui attire de plus en plus de jeunes, c’est celui des concours de la fonction publique. On a tendance à faire croire que tout le monde ne peut devenir fonctionnaire mais chaque année les postulants se chiffrent par millions pour des places très limitées. Souvent moins de 20 mille. Tout le monde ne peut être fonctionnaire. Certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut multiplier les barrières aux emplois de la fonction publique et en faire la chasse gardée de certains privilégiés proches des barons du régime ou autres parrains. L’une des barrières à ces emplois, c’est bien la discrimination par le portefeuille. Sans argent aucun jeune ne peut prétendre à un concours de la fonction publique encore moins le réussir. Cette discrimination qui dure des années et qui a privé des milliers de jeunes d’un droit, celui de l’égalité des chances devant les emplois devrait maintenant prendre fin. Et l’année de la jeunesse devrait y aider.
On peut utiliser une partie de ces milliards envisagés pour rendre ces concours là gratuits. Ce serait rendre largement service aux jeunes que de supprimer ou de ramener à des proportions raisonnables les frais exorbitants de concours.

Est-il normal qu’il faille débourser plus de 100 mille Fcfa dans un concours de police, de gendarmerie, d’élève infirmier ? Est-il concevable que pour s’inscrire à l’Injs, ou à l’Infas après admission, l’étudiant débourse près de 200 mille Fcfa pour les frais de rentrée repartis entre l’inscription et des gadgets ? Que vaut Aujourd’hui encore une visite médicale pour un candidat à tout concours là où elle a été supprimée pour la fonction suprême, celle de président de la république ? La visite médicale constitue un frein pour des milliers de jeunes recalés pour telle ou telle pathologie en même temps qu’elle constitue une source d’enrichissement pour des réseaux proches d’organisateurs desdits concours. Il faut supprimer la visite médicale ou la rendre entièrement gratuite si elle s’avère encore nécessaire. Dans des pays moins nantis comme le nôtre, le candidat au concours débourse au plus 5000 Fcfa (exemple du Burkina Faso).

On ne peut pas continuer à exclure des jeunes, enfants de pauvres en multipliant les facteurs de discrimination négative.

A l’occasion de l’année de la jeunesse, le gouvernement devrait être sensible à cette question. Les milliards pour la formation, les infrastructures et autres programmes c’est bien. Mais commençons par ce qui est facile. Il suffit juste d’un petit décret et hop !

Chers gouvernants, les jeunes de Côte d’Ivoire vous regardent !

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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