Les secrets du succès du Popo Carnaval de Bonoua

Plusieurs événements culturels sont créés quasiment chaque année, avec pour ambition d’être pérennes. Mais, très peu d’entre eux arrivent réellement à survivre dans la durée. Le Popo Carnaval à Bonoua et l’Abissa à Grand-Bassam font partie de cette exception Toujours présents sur le calendrier des événements culturels annuels ivoiriens, ils revêtent à ce jour une dimension internationale. D’où tirent-ils leur force ?

Le Popo Carnaval serait venu de la découverte, avant les indépendances, de masques laids et hideux, par des populations Abouré de Bonoua, de passage au Ghana. Ces masques étaient portés par des colons britanniques qui créaient ainsi de la distraction, en effrayant les populations. Très intéressés par ces masques, certains Abouré en achetèrent. Une fois à Bonoua, ils les portaient et allaient vers leurs amis, en leur demandant à travers un jeu de devinette, de révéler le nom de celui qui se cachait derrière le masque. Plus tard, le Popo servira à effrayer les enfants récalcitrants, ou à fouetter le courage des paresseux parmi eux.

Créé, au cours des années 1970, par l’Association des cadres de Bonoua pour, disent-ils, « célébrer et pérenniser la culture et les traditions du peuple abouré », le Popo Carnaval s’appelait à l’origine « Popo », qui signifie masque en langue abouré. Le Popo Carnaval dure trois semaines.

Placée sous le thème : « Les langues maternelles : outil de diversité culturelle et instruments de paix », la 42e édition a pris fin le samedi 22 avril 2023. Le Festival débute par des activités telles que des matchs de football, des prestations théâtrales, des danses folkloriques et s’achève par le défilé carnavalesque.

Selon Jean Claude Kouassi, chargé de communication de cet événement, la force et la longévité de ce festival, réside dans l’attachement du peuple abouré à ses us et coutumes. « Quand bien même les politiques sont réticents pour la tenue de l’événement, nous nous unissons toujours pour organiser notre festival », dit-t-il.

300 millions de francs CFA chaque année

Pour l’organisation du Popo Carnaval, indique M. Kouassi, « ce sont près de 300 millions de francs CFA qui sont mobilisés chaque année, par les sponsors et partenaires de l’événement, à savoir le ministère de la Culture, Côte d’Ivoire Tourisme et l’Association régionale pour l’expansion économique de Bonoua en abrégé Areebo ».

Le Popo Ccarnaval de Bonoua génère, chaque année, plus d’un milliard de francs CFA au profit de tout le Sud-Comoé. Pendant la période du festival, les opérateurs économiques de cette région font de bonnes affaires. « Depuis l’ouverture du Popo Carnaval, nous sommes débordés par la clientèle, surtout les nuits », nous dit Odile Kossonou, une restauratrice avec qui nous avons échangé au village Popo, le jeudi 20 avril 2023. Rose Kablan est la patronne d’un hôtel de Bonoua. Elle dit également se frotter les mains. « Pendant le déroulement de la manifestation, nos recettes connaissent une hausse. Car nous recevons beaucoup de touristes européens », se réjouit-elle.

Impact économique et social

Même les petits commerçants y gagnent, à travers la vente de leurs produits. En plus de ces retombées économiques, plusieurs actions sociales ont été réalisées, grâce aux sponsors de l’événement .

« Grâce aux recettes de ce festival, nous avons pu réhabiliter le foyer des jeunes et plusieurs établissements scolaires de Bonoua. En plus de ces actions, des dons en matériels et médicaments, ont également été remis à l’Hôpital général de Bonoua », révèle M. Kouassi.

Les charges du Popo Carnaval tournent chaque année autour de 300 millions de francs CFA. « En réalité, nous ne faisons pas de bénéfices finalement, mais plutôt des dépenses avec les dons et subventions que nous recevons de nos partenaires, que sont la présidence de la République, le ministère de la culture, Côte d’Ivoire Tourisme, et l’Association régionale pour l’expansion économique de Bonoua », précise le responsable de la communication du Popo.

« Le Popo Carnaval est une grande fête. Il crée la ferveur et l’ambiance dans la ville. En plus, il contribue au renforcement de la cohésion sociale entre les communautés vivant à Bonoua », soutient Nabié Kouliga, chef de la communauté mossi. « Le Popo Carnaval en Côte d’Ivoire, est ce qu’est le Carnaval de Rio au Brésil. C’est un très beau festival qui rassemble tous les peuples et les cultures », estime Mamadou Sanogo, chef de la communauté malinké de Bonoua.

Boubakar Barry
Lebanco.net

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