Hadj 2023: De nombreux candidats recalés grognent contre les organisateurs

De nombreux recalés pour le Hadj 2023, parce que le quota de 10 000 pèlerins imposé à la Côte d’Ivoire par l’Arabie Saoudite est atteint. Mais beaucoup d’entre eux mettent aussi en cause l’organisation du Hadj.

« J’ai deux personnes proches qui devaient effectuer le pèlerinage à la Mecque cette année », nous a confié Lama Bamba, ex-sélectionneur des Eléphants de Côte d’Ivoire. Mais ses candidates au Hadj ont été recalées. Et l’homme est désagréablement surpris des conditions dans lesquelles ses proches n’ont pas pu faire partie de la liste définitive des pèlerins. En effet, explique-t-il, « après les examens médicaux qui se sont bien déroulés le lundi 4 mars 2023, mes deux futurs pèlerines devaient recevoir l’autorisation de paiement des frais de pèlerinage. Le mardi, nous avons été informés que les numéros avec lesquels on recevait les autorisations étaient déjà prêts et que le mercredi, on allait pouvoir obtenir lesdits documents. Toutes mes deux pèlerines avaient leur numéro. Elles sont arrivées sur le site de l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs) aux environs de 3 heures du matin le mercredi 8 mars 2023, afin de recevoir leur autorisation de paiement ». Elles étaient donc parmi les premières personnes à arriver sur le site, où une liste a été établie pour que tout se passe dans l’ordre.

« Blocage dans le système » ?

Mais quand le chef du centre arrive, il fait comprendre qu’il n’y a pas lieu de faire de liste. « Et ils ont commencé à délivrer les autorisations de paiement à partir de 10 heures. Avant 12 heures, on nous fait savoir qu’il y a blocage dans le système. Et on nous fait croire que c’était la faute au Trésor public, où s’effectue le paiement des frais du voyage à la Mecque. Finalement on ne savait plus quoi faire. Et puis à 12 heures, on vient nous dire que l’opération est arrêtée. Ils n’ont pas eu une heure franche de travail. Je me demande si à l’Injs, plus de 25 personnes ont reçu l’autorisation de paiement. Si réellement, il y a plus de 25 personnes, alors il y a quelque chose qui cloche », poursuit-il.

Aujourd’hui, Lama Bamba se demande ce qui a pu bien se passer, puisque, dans d’autres centres comme à Bondoukou, il y a eu ce même souci selon les informations qu’il a reçues de la part d’autres futurs pèlerins. Et on leur a dit aussitôt que le quota était atteint. Il ne croit pas que les choses se soient passées correctement en un temps record. « C’est inadmissible. Moi j’avais l’argent de mes deux candidates en poche. Si l’autorisation avait été obtenue, j’allais directement au Trésor pour payer », dit-il, visiblement déçu de l’organisation. Pour lui, en principe, dès lors que le candidat est apte, il a droit à l’autorisation de paiement. Tous ceux qui ont reçu le numéro en question devaient pouvoir donc obtenir l’autorisation de paiement.

Une impression de magouille

Dame Koné S., candidate recalée au Hadj 2023, est une autre victime du système. Elle était parmi les premières personnes à se rendre sur le site pour l’obtention de l’autorisation de paiement. Une centaine de personnes étaient censées l’obtenir. Mais dans le même temps, il s’est trouvé que d’autres personnes avaient des numéros au-delà de 100. Quelque temps après, on leur a dit qu’il y avait des problèmes. Et que l’opération de délivrance desdites autorisations ne pouvait se poursuivre. On leur demande de laisser leurs contacts tout en promettant de les rappeler. Mais depuis ce jour, elle n’a pas reçu d’appel. Alors qu’elle a déjà rempli toutes les formalités. Et c’était le premier jour de l’opération. Ainsi, elle n’a pas pu faire partie des pèlerins de cette année. Des faits et gestes qui selon elle, sentent la magouille autour de l’organisation du hadj.

« Mon oncle s’est également inscrit pour le hadj 2023. Il a rempli toutes les formalités. Mais on lui a dit que le quota était atteint », confie également M. Drissa qui pense qu’il y a eu un problème d’organisation. Ce dernier aussi ne fera pas partie du contingent étatique pour le Hadj 2023.

Demande supérieure à l’offre

Le quota de pèlerin consenti à la Côte d’Ivoire est de 10 000 personnes dont 3 000 pour les opérateurs privés. Il reste donc à l’Etat 7 000 pèlerins parmi lesquels sont inscrits de facto les 2 610 pèlerins recalés des années antérieures. Quand ceux-ci sont pris en compte, sur les 7 000, finalement il ne reste de la place que pour 4 390 personnes pour le Hadj de cette année. « Les autorisations de paiement ne sont données qu’en fonction des places disponibles. Sachant que la demande est largement supérieure à l’offre, il va de soi que tous ceux qui voulaient aller à la Mecque cette année, avec le contingent étatique, ne pourraient avoir satisfaction », s’est défendu M. Bakayoko, chargé de communication du commissariat du hadj.

Aux candidats recalés qui pensent qu’il y aurait eu magouille car l’opération de délivrance de l’autorisation de paiement n’a pas duré longtemps, M. Bakayoko répond qu’ils ont près de 40 sites interconnectés par le biais de la plate-forme numérique. Et certains sites sont allés plus vite que d’autres pour différentes raisons. « En tout état de cause, près de 40 sites qui enregistrent au même moment pour environ 4 000 places, ça va assez vite », a-t-il précisé.

Que deviennent les candidats recalés ?

Nombre de candidats recalés au Hadj s’interrogent sur la conduite à tenir, surtout pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’inscrire chez les opérateurs privés. Pour M. Bakayoko, s’ils ne peuvent se tourner vers les structures privées, ils peuvent attendre l’an prochain.

La première option n’est pas donnée à tout le monde car les privés sont relativement plus chers. Mais le chargé de communication a expliqué que ce n’est pas la vocation de l’Etat d’organiser des voyages de pèlerinage pour une confession religieuse. C’est de façon transitoire que l’Etat appuie le commissariat du Hadj. A terme, le Hadj sera entièrement une organisation privée des acteurs de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire.

Pour sa part, Lama Bamba souhaite que l’Etat prenne toujours l’organisation du Hadj en main. Il propose que, dès maintenant, l’enregistrement des candidats pour le Hadj 2024 commence. Afin de parer à toute situation désagréable dans l’organisation de ce voyage qui, faut-il le rappeler, représente le cinquième pilier de l’islam. Il souhaite également que le Président de la République joue de tout son poids, afin que la Côte d’Ivoire ait encore plus de places, pour éviter que ce qui s’est passé cette année ne se reproduise l’année prochaine. « Cette année, c’est vraiment frustrant, avec l’effort que les gens ont fourni pour pouvoir aller à la Mecque. Et on se rend compte qu’ils sont restés sur le carreau. C’est vraiment regrettable ».

Les uns et les autres espèrent que l’an prochain le quota réservé à la Côte d’Ivoire sera plus élevé pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’effectuer sereinement le Hadj. Car visiblement, toutes ces difficultés dans l’organisation du Hadj de ces dernières années partent de cette histoire de quota à respecter.

Diomandé Karamoko
Lebanco.net

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