Tunisie « Les subsahariens victimes de racisme » Peu de réactions et d’actions des gouvernements d’Afrique

Ce qui se passe en Tunisie a dépassé l’entendement humain. Des humains qui malmènent leurs semblables sur des considérations raciales.

Depuis le début du mois de février, des actes de racisme sont en vogue sans que les gouvernements subsahariens lèvent la moindre protestation au nom des intérêts mutuels des pays. Plusieurs témoignages affluent sur la maltraitance que font subir les tunisiens d’origine aux Africains noirs et Ivoiriens en particuliers. Ils sont arrêtés à la pelle, jetés dans des prisons, rançonnés pour certains.
Le discours du président tunisien Kaïs Saed ces derniers jours (21 février, lors d’une réunion du conseil de sécurité) est comme un adjuvant aux actes de racisme, du feu aux poudres.

« Il y a un montage criminel qui a été préparé depuis le début de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie et qu’il y a des partis qui ont reçu d’énormes sommes d’argent après 2011 afin d’installer des immigrants irréguliers d’Afrique subsaharienne en Tunisie. Ces vagues successives de migration
irrégulière ont pour but non déclaré de considérer la Tunisie comme un pays purement africain sans affiliation aux nations arabes et islamiques.
Le président de la République a déclaré que la Tunisie est fière de son appartenance à l’Afrique, car elle est l’un des pays fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine et a soutenu de nombreux peuples dans leur lutte pour la libération et l’indépendance. La Tunisie appelle également à ce que l’Afrique soit aux Africains afin que les guerres et les famines que les peuples africains ont subies pendant des décennies prennent fin.
Le président de la République a souligné la nécessité de mettre rapidement un terme à ce phénomène, d’autant plus que les hordes d’immigrants irréguliers en provenance d’Afrique subsaharienne continuent encore les violences, les crimes et les pratiques inacceptables », indique une note d’information qui a sanctionné le conseil de sécurité du 21 février 2023. Il agite à souhait la théorie du complot et de la tribu assiégée.

Cette position du président Saed encourage des tunisiens dans des actes de représailles. Plusieurs jeunes ivoiriens ont ainsi rapporté à Connectionivoirienne.net que des enfants d’immigrés ont été extraits des écoles, que des Africains ont été vidés de leurs maisons sans ménagement. Selon d’autres informations glanées, il serait désormais exigé un titre de séjour pour rester en Tunisie. Lequel titre est conditionné à une inscription dans une université ou à un certificat de travail dûment délivré. Obtenir ces papiers est vécu comme un chemin de croix. Les tunisiens qui font le jeu de leur gouvernement ne sont même plus prêts à louer leurs appartements aux Africains noirs.
C’est aujourd’hui la peur mêlée de psychose dans la communauté noire.

Face au drame, les gouvernements subsahariens semblent préoccupés par d’autres choses. Aucune déclaration fracassante pour interpeller la Tunisie sur sa responsabilité à protéger les autres Africains qui vivent sur son sol. Hormis quelques timides réactions du Cameroun ou quelques mesurettes d’ambassades africaines comme celle de la Côte d’Ivoire qui appelle ses ressortissants volontaires au retour à s’inscrire, la tendance est à l’inaction. Et Kaïs Saed et son gouvernement peuvent se croire fondés à mener cette guerre aux misérables subsahariens qui n’étaient déjà pas bien lotis en temps normal.

Face à de tels actes ignobles, pourquoi les gouvernements d’Afrique subsaharienne hésitent-ils à appliquer la réciprocité ? Tout comme les Africains noirs, les tunisiens aussi essaiment nos capitales et villes au sud du Sahara. Abidjan, Ouaga, Accra, Lagos, Durban… N’est-il pas temps de leur demander aussi de plier bagages et de retourner chez eux ?
Les textes et législations internationaux qui régissent l’établissement des personnes sur tel ou tel territoire du monde et dont est signataire la Tunisie ne sauraient s’appliquer en sens unique. Il faut arrêter la folie !

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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