Côte d’Ivoire: Depuis la Nawa, Blé Goudé se pose en apôtre de la paix et de la réconciliation

En tournée politique dans la région de la Nawa (sud-ouest ivoirien), le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des Peuples (COJEP, opposition), Charles Blé Goudé, rentré fin novembre en Côte d’Ivoire après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), multiplie les appels à la réconciliation pour solder les divisions de la crise politique de 2002-2011 dont il a été un acteur clé.

Presque deux ans de cavale, plusieurs mois de détention à la DST assortis de sept autres années dans le froid glacial de la prison de Scheveningen à la Cour pénale internationale (CPI) donnent forcement le temps de méditer les erreurs du passé et les nouveaux défis d’une carrière politique.

Chef de file des “Jeunes patriotes’’ et fer de lance de la mobilisation populaire pro-Gbagbo sous l’ancien régime, “le général de la rue” semble s’être acquitté de ce nécessaire devoir d’introspection et de remise en cause depuis son acquittement par la CPI en mars 2021. Et mieux encore, depuis son retour en Côte d’Ivoire le 26 novembre, où ses premiers meetings politiques étaient attendus pour y déceler sa posture (soit de défiance soit d’apaisement) face au pouvoir en place.

Charles Blé Goudé a plutôt opté pour la seconde voie tant ses propos tranchent, par leur tonalité et contenu, d’avec les invectives virulentes et autres accents ultranationalistes d’il y a douze ans en arrière, du temps de sa toute puissance. Aujourd’hui, à 51 ans, l’homme a lissé son discours et abandonné son costume de syndicaliste intrépide pour celui du leader politique, davantage soucieux des intérêts de la Côte d’Ivoire que des siens.

Le président du COJEP pousse le changement jusqu’au niveau du style vestimentaire. Exit la casquette noire des années de braise, le jean et les baskets. Il leur préfère désormais les costumes impeccablement coupés, les lunettes de technocrates, ou pour être plus décontracté les bras de chemise à la Emmanuel Macron.

En tournée politique dans la région de la Nawa, en plein cœur du pays bété et considérée comme l’un des fiefs de l’ancien président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé qui se rêve désormais d’un destin présidentiel, s’est clairement posé en chantre de la paix et de la réconciliation.

“Quand je me promène et que je parle de paix, il y a des gens qui disent qu’il n’a rien à dire. Pourquoi il parle de paix seulement ? Pour qu’il y ait des routes, le travail, le développement, il y a une seule condition. C’est la paix’’, a-t-il introduit, lors de son meeting samedi à Soubré.

Accusé par les autorités ivoiriennes et la CPI d’avoir joué un rôle capital dans la crise armée post-électorale survenue en Côte d’Ivoire, ayant fait officiellement 3.000 morts, Charles Blé Goudé assure s’être désormais donné pour mission d’œuvrer pour la réconciliation..
“J’ai été à La Haye, ma responsabilité été située devant le monde entier. J’ai été acquitte. Mais quand je viens, je ne me couche pas à la maison. Parce que je suis un leader, je dois utiliser mon leadership pour apaiser les cœurs blessés, rassurer les populations. Voilà le travail que je me suis donné’’, a-t-il ajouté.

Malgré quelques réserves de certains de ses anciens partisans sur sa nouvelle posture et les accusations souterraines d’accointances avec le pouvoir, Charles Blé Goudé croit en sa nouvelle ligne d’actions et de communication.
“Je vais faire le tour de la CI (…) cette mission pour la paix en Côte d’Ivoire je vais l’accomplir normalement jusqu’au bout’’, a-t-il conclu.

Serge Alain KOFFI

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