Vent de corruption au parlement de l’UE: 4 personnes écrouées dont une vice-présidente

Séisme au Parlement européen – Une enquête portant sur une possible opération d’influence d’un pays arabe a conduit à plusieurs interpellations, dont celle de la vice-présidente grecque du Parlement Eva Kaili, prise dit-on «en flagrant délit».

Par Anne Rovan

Une vingtaine de perquisitions, six interpellations à Bruxelles, deux de plus en Italie. Le Parlement européen est depuis vendredi au cœur d’une affaire de corruption. D’un côté, le très riche Qatar qui accueille actuellement la Coupe du monde de football. De l’autre, des eurodéputés, collaborateurs et responsables d’organisations. L’émirat est soupçonné par la justice belge, qui veille à ne pas citer son nom, d’avoir voulu « influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants ».

Dimanche, quatre des six personnes interpellées vendredi à Bruxelles étaient inculpées et écrouées « pour appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption ». Parmi elles, l’eurodéputée grecque Eva Kaili, également vice-présidente de l’institution et membre du groupe des sociaux-démocrates. Cette ex-présentatrice de télévision de 44 ans n’a pu bénéficier de l’immunité auquel son statut lui donne droit puisque l’infraction a été constatée en flagrant délit. D’importantes quantités d’argent liquide ont été trouvées à son domicile, lors d’une perquisition vendredi soir. Son père avait été interpellé le matin même, sortant d’un hôtel bruxellois en possession d’une valise remplie de billets.

Dossiers passés au scanner
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a pris samedi soir une première sanction contre l’élue, lui retirant toutes les tâches qu’elle lui avait déléguées, notamment celle de la représenter au Moyen-Orient. À la demande du groupe Renew, tous les dossiers dans lesquels cette vice-présidente était impliquée seront bientôt passés au scanner. Des membres du Parlement européen, dont le chef de file des Verts, Philippe Lamberts, réclament sa démission. La procédure devrait être lancée ce lundi.

Francesco Giorgi, compagnon de l’eurodéputée et conseiller pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au Parlement européen, est aussi écroué. Tout comme l’ex-député européen Pier-Antonio Panzeri, devenu en 2019 le fondateur et le président de Fight Impunity, une association dédiée à « la lutte contre l’impunité pour de sérieuses violations des droits humains ». Il y avait chez lui des sacs contenant 600.000 euros en liquide. Sa femme et sa fille ont été interpellées en Italie. En revanche, le père d’Eva Kaili a été libéré. Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale depuis novembre dernier et ancien patron de la Confédération européenne des syndicats a été laissé en liberté sous conditions, selon Le Soir. Une perquisition a été effectuée samedi au domicile d’un autre eurodéputé, le Belge Marc Tarabella selon Le Soir et l’hebdomadaire belge Knack.

Un séisme
Cette affaire est un séisme pour le Parlement européen. Elle met en grande difficulté le groupe des sociaux-démocrates, le seul à ce stade à avoir été rattrapé par l’affaire. Désormais, beaucoup se repassent le film des dernières semaines. Fin novembre, alors que l’institution devait voter une résolution consacrée à la situation des droits de l’homme dans le contexte de la Coupe du monde de la Fifa au Qatar, des sociaux-démocrates s’étaient opposés au principe de cette résolution avant de tenter de l’édulcorer. Lors du vote qui a finalement eu lieu, Eva Kaili avait présenté le Qatar comme « un chef de file en matière de droits du travail » et déploré que les Européens fassent « la leçon » à cet émirat.

Fin de l’article sur le Figaro.fr

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