Le leadership à saluer du Premier ministre
A l’issue du conseil des ministres du mercredi 26 octobre 2022, il a été annoncé, dans le cadre de l’exécution du Programme social du gouvernement (PSGouv2), l’apurement, en fin novembre 2022, des arriérés de pécule des enseignants contractuels intégrés à la fonction publique par décrets en juin et juillet 2022. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » se félicite de la prise de cette mesure sociale et salue le leadership du Premier ministre Patrick Achi qui a empêché la réédition de la honteuse situation des enseignants contractuels de la promotion 2013. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » salue particulièrement sa réactivité diligente et solidaire conforme à ses engagements en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des populations et des agents de l’Etat. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » l’encourage à maintenir cette ligne de l’efficacité qui caractérise son action à la tête du gouvernement.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » se réjouit de la mise en place de l’initiative gouvernementale dénommée « programme social du gouvernement ». Car à quoi sert-il d’avoir une économie dynamique pendant que le peuple peine à satisfaire à ses besoins les plus primaires ? Les économies robustes s’accompagnent toujours d’un niveau de développement humain satisfaisant. A ce niveau, la Côte d’Ivoire a encore des efforts à faire en matière de santé, d’éducation et de niveau de vie des populations. Le classement 2021 des pays africains selon l’indice de développement humain la place au 25e rang, derrière des pays comme le Ghana (12e), le Cameroun (19e) et la Mauritanie (24e). Alors que la Mauritanie à un PIB annuel de 8,228 milliards de dollars et un PIB par habitant de 1723,01 dollars, la qualité de vie moyenne de la population dans ce pays est, selon ce classement, supérieure à celle de la Côte d’Ivoire qui a 69,76 milliards de dollars de PIB annuel et un PIB par habitant de 2578,76 dollars. Cette comparaison montre que les améliorations sociales apportées à la société mauritanienne paraissent, aux yeux du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), plus significatives que les initiatives ivoiriennes.
Bien que ses données macro-économiques soient moins favorables que celles de la Côte d’Ivoire, la Mauritanie parvient à améliorer la qualité de vie de ses populations mieux que ne le fait la Côte d’Ivoire, pourtant, locomotive de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Le pouvoir ADO semble donc, au regard de ce tableau, plus favorable aux riches, agit plus dans l’intérêt des plus riches que dans celui des populations les plus pauvres. Au titre de l’année 2022 et pour le compte de l’année 2021, le programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a doublement sanctionné la politique sociale du Président Alassane Ouattara, dans ce rapport et dans celui paru en mars 2022 où il est clairement indiqué que, sous le Président Ouattara, les riches sont devenus plus riches et les pauvres, plus pauvres.
Chaque fois qu’un rapport international expose la mauvaise politique sociale du pouvoir RHDP, il sort sa rengaine de « la Côte d’Ivoire est le pays le plus riche d’Afrique de l’ouest » établie par la Banque mondiale à partir du niveau de vie, en oubliant que la richesse dont il se gargarise est une richesse appauvrissante et, une richesse appauvrissante est une pauvreté embellie. La Banque mondiale se garde bien d’établir son classement à partir du PIB annuel selon lequel des pays comme le Ghana et le Nigéria génèrent plus de richesse que la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi ils occupent les premier et deuxième rangs des pays les plus riches d’Afrique de l’ouest.
La pauvreté des pauvres provient, entre autres, de ce que des prêts sont contractés ; des infrastructures à durabilité limitée sont réalisées. Les ivoiriens sont, ensuite, saigné pour rembourser ces prêts et pour entretenir ces ouvrages. Au bout de deux ou trois ans, ils présentent un état de dégradation avancée. Le coût de revient explose. Il faut contracter de nouveaux prêts pour la réfection. Pendant que la population s’appauvrit, les grands groupes et des hommes d’affaires proches du pouvoir boivent du petit lait.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » exhorte le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour améliorer le classement de la Côte d’Ivoire lors des prochaines sessions du PNUD. En économie du développement, le facteur social est une donnée fondamentale. Une société collaborative et solidaire organisée autour du capital social gouvernemental et du capital social civil pour améliorer le bien-être économique et social des populations est un gage de développement durable plus que ne l’est une société divisée, en proie aux inégalités et aux violences politiques.
Le problème électoral : le nœud gordien du problème ivoirien
Parce qu’il est admis qu’après le problème foncier, les élections, en Afrique, sont la seconde source de tensions et de fractures sociales et politiques, la Côte d’Ivoire, à ce niveau, détenant un triste record en Afrique de l’ouest, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » souhaite, avant les élections locales et générales de 2023 et 2025, la mise en place d’un compromis politique autour de l’organe électoral, à défaut d’une refonte de cet organe qui le rendrait totalement indépendant des pouvoirs politiques et étatiques. Le dialogue politique entre le pouvoir RHDP et l’opposition initié pendant deux mois et demi sous l’autorité du Premier ministre laissait penser ce compromis acquis. Apparemment, cela ne l’est pas puisque des points de friction existent.
Dans les prises de position du président de l’organe électoral, l’opinion publique a, parfois, du mal à distinguer le militant de l’homme à équidistant des chapelles politiques. Cela constitue une source d’inquiétude pour la sincérité des scrutins à venir, surtout du scrutin présidentiel qui cristallise toutes les passions et toutes les attentions. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » souhaite, pour plus de transparence et de crédibilité, l’audit de la liste électorale par des organes indépendants. Les élections locales passées, municipales et régionales, ont révélé, dans certaines localités et à l’insu des populations, des opérations informatiques de déplacements et de radiations d’électeurs que l’on pourrait assimiler à des erreurs humaines et qui semblent malheureusement avoir faussé la sincérité du scrutin en faveur d’un camp selon l’institut Jamawué.
Un audit du fichier électoral permettra d’apprécier l’ampleur nationale de ces erreurs humaines de manipulations informatiques, si elles existent, comme l’a fait remarquer l’audit réalisé par l’institut Jamawué dans la circonscription électorale d’Aboisso commune dont les résultats ont fait l’objet de publications dans la presse. La Guinée, le Niger, la République démocratique du Congo ont ainsi eu, par l’audit, des fichiers électoraux consolidés et acceptés par toutes les parties.
A titre d’exemple, l’audit réalisé par l’organisation internationale de la francophonie (OIF) en RD Congo a regroupé les experts de cette organisation, les représentants de l’organe électoral congolais et 23 autres experts désignés respectivement par la majorité présidentielle (5), l’opposition (5), la société civile (7), les organisations de défense et de promotion des droits des femmes (2) et la communauté internationale (Union africaine, SADC, MONUSCO et Union européenne). Un audit fait avec les seuls experts de l’organe électoral et d’un organisme comme OIF qui a une expertise avérée en la matière, c’est-à-dire en excluant les partis politiques et la société civile, ne saurait garantir des élections transparentes et crédibles. L’audit à réaliser doit être consensuel.
L’on ne comprend malheureusement pas pourquoi la Côte d’Ivoire refuse, depuis des années, malgré les demandes légitimes et incessantes de certains partis politiques de l’opposition, de faire auditer son fichier électoral là où d’autres pays l’ont fait sans que le ciel ne leur soit tombé sur la tête. A-t-on quelque chose à cacher ou à se reprocher ? Pourquoi craindre les audits si l’on ne se reproche honnêtement rien ? Quand on le dit, certains responsables de la commission électorale rétorquent que les élections ne se gagnent pas à la commission électorale.
Et pourtant, des faits de manipulations informatiques du fichier électoral peuvent exister pour fausser le vote. Il n’est donc nul besoin de pinailler sur cette question et de recourir à des arguties devant des exigences démocratiques qui, de surcroît, permettent de construire le consensus en amont du processus électoral. Tout refus de cette exigence démocratique reste suspect pour défaut d’impartialité. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » se constitue en partie demanderesse. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » insiste donc sur la nécessité de l’audit du fichier électoral parce qu’en cas de constat de violation de la sincérité du scrutin, la responsabilité du fait des choses incombe, suivant le corps des règles de la responsabilité civile, à l’organe électoral.
L’audit réalisé par l’institut Jamawué n’est limité qu’à la circonscription électorale d’Aboisso commune. Mais, s’il s’avère, à l’issue du scrutin présidentiel, que les situations identifiées en 2018 se multiplient à l’échelle nationale, les troubles qui en découleront pourraient conduire à un refus du résultat des urnes. C’est pourquoi le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » recommande à la Commission électorale indépendante de s’assurer, par une campagne médiatique appropriée et en impliquant les partis politiques, de l’effectivité de la vérification par chaque électeur de son inscription sur la liste électorale et du respect de ses choix. Elle le fait habituellement. Mais, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande l’amplification de la campagne médiatique pour que chaque électeur soit mis face à ses responsabilités.
La sempiternelle marche à reculons de la classe politique ivoirienne
Pour les élections générales à venir de 2025, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » souhaite un jeu électoral inclusif, ouvert et sans violence. Malheureusement, l’on constate comme des préparatifs d’une réédition des violences électorales de 2020, 2010, 2000 et 1995, comme si la classe politique ivoirienne était marquée par un signe étrange qui a rendu prisonnière sa volonté et la pousse inlassablement à créer les conditions pour la perpétuation d’un cycle funeste.
Les militants du parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) disent avoir pour candidat naturel le président Laurent Gbagbo blanchi par la Cour pénale internationale pendant que le Président Alassane Ouattara, pour ne pas leur faciliter la tâche, lui a accordé la grâce présidentielle en lieu et place de l’amnistie attendue comme ce fut le cas avec madame Simone Gbagbo. Le ministre Charles Blé Goudé reste condamné pour 20 ans malgré son retour annoncé pour participer à la réconciliation nationale. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, reste, lui aussi, condamné à la prison à vie et obligé de vivre en exil et dans une quasi clandestinité pour éviter de faire l’objet d’arrestation surprise sur injonction des services ivoiriens. Les actes posés par les uns et les autres laissent présager une période électorale orageuse en 2023 et en 2025 comme si les ivoiriens n’avaient retenu aucune leçon des violences pré- et post-électorales précédentes qui les auraient incités à tout faire pour éviter leur répétition.
Quelques déterminants du pouvoir RHDP
Au niveau des infrastructures, le pouvoir RHDP a fait beaucoup d’efforts, s’est montré keynésien et les a utilisées comme moteur de la croissance et multiplicateur budgétaire. Mais cette intervention structurelle est anéantie par la faible qualité des ouvrages réalisés, créant chez les populations une impression de gâchis et de corruption endémique. Au niveau politique, le RHDP peine à créer les conditions d’une compétition ouverte et à la loyale (découpage électoral, composition de la commission électorale, etc.) et d’une vie politique saine.
A la différence de l’opposition qu’il a menée sous les pouvoirs Bédié et Gbagbo, le RHDP a en face de lui une opposition réactive. Les leviers du pouvoir qu’il détient lui permettent d’être encore plus préactif et proactif que par le passé lorsqu’il était Rassemblement des républicains (RDR). C’est lui qui est le maître de l’horloge politique en Côte d’Ivoire depuis 2011. Il l’accélère ou la ralentit selon ses objectifs stratégiques. Il guide l’agenda politique et impose le tempo ; les autres partis ne faisant que subir et réagir après coup.
C’est le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix qui n’a pas permis aux accords signés avec l’opposition depuis le cadre permanent de dialogue mis en place sous l’autorité du Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio d’avoir un sort heureux. Il les a appliqués à moitié et à son rythme. Les derniers accords en date risquent, d’ailleurs, de connaître le même sort que le CPD. S’il y a donc rupture du compromis politique en Côte d’Ivoire, la responsabilité première incombe au pouvoir RHDP qui cherche toujours à gagner du temps ou à reprendre de la main gauche ce qu’il donne de la main droite. Ses gestes d’apaisement et de décrispation ne vont jamais jusqu’au bout de leur logique puisqu’ils sont suivis, ensuite, par des manœuvres qui crispent l’atmosphère politique. Pour le RHDP, un geste d’apaisement se monnaie en indolence politique. L’attitude contraire conduit à la réactivité pour instaurer une indolence contrainte ou une nuisance qui ne remet pas en cause son statut hégémonique dont il est très jaloux. La tactique politique du RHDP consiste à ramener toujours les brebis dans la bergerie par des voies appropriées.
Une situation aux frontières inquiétante et une situation intérieure préoccupante
Pendant que le RHDP manœuvre pour s’assurer une opposition soumise et conserver le pouvoir d’Etat pour les cinquante ans de règne qu’il s’est promis de faire selon les propres termes de feu Amadou Soumahoro, la situation à nos frontières interpelle parce que le terrorisme djihadiste gagne du terrain. Il est bon de contrôler les faits et gestes de l’opposition mais il serait encore mieux de s’assurer que le feu qui s’est transformé en incendie chez nos voisins du nord ne gagne pas la case ivoire.
La situation à Bouna, au nord du pays, réclame aussi une extrême attention. Le mode opératoire adopté par le commando invisible qui y sévit rappelle les techniques de la terre brûlée adoptées par les groupuscules djihadistes qui pullulent dans la corne de l’Afrique et en Afrique de l’ouest et du centre. C’est dans cette ambiance sécuritaire électrique qu’intervient la crise des 46 militaires ivoiriens arrêtés au Mali. La présence française forte de 300 hommes fraichement débarqués par le navire Tonnerre en rajoute aussi à la psychose générale. Tout cela fait penser aux analystes politiques avertis que quelque chose cloche en la Côte d’Ivoire.
Sur le navire Tonnerre, cette base aérienne flottante des forces armées françaises, le dictionnaire en ligne wikipedia révèle que, même s’il a participé à des opérations contre le trafic illicite de stupéfiants au large de Monrovia (Libéria) et de Conakry en Guinée, il a aussi participé, du 6 au 17 octobre 2008, avec 72 véhicules et 300 hommes de l’infanterie de marine, à un exercice militaire dénommé « Joint Warrior » au nord de l’Ecosse. « A forte dominante amphibie, la manœuvre a consisté à projeter des forces depuis la mer vers la terre, dans un contexte de gestion d’une crise armée dans une région sous menace terroriste » dit le dictionnaire en ligne. La présence en Côte d’Ivoire de ce bâtiment de guerre en rajoute à la psychose, surtout que la crise avec le Mali à propos des 46 soldats ivoiriens ne fait que s’aggraver et laisse craindre un affrontement entre les deux pays voisins.
Quoiqu’elle bande les muscles et se montre frileuse devant le recours à d’autres partenariats par les pays africains, la France n’a pas de solution au problème du terrorisme en Afrique. L’Afrique subsaharienne n’est pas en Europe. Quand l’on voit l’activisme déployé en très peu de temps pour aider militairement, financièrement et en renseignements l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, l’on comprend que la mollesse de l’aide occidentale à la résolution du problème du terrorisme en Afrique de l’ouest est liée à une absence de volonté.
Et puis, il ne faut pas s’empêcher de le dire : le terrorisme djihadiste rencontre bien la vision géopolitique de l’Occident qui préfère laisser la situation sécuritaire en Afrique aller au pourrissement afin de justifier des interventions ou des aides à ses conditions qui enchaîneront davantage les pays africains. N’est-ce pas le joli cadeau que l’occident a fait à l’Afrique à travers son intervention discutable en Libye ? Malgré la frilosité de l’ex-puissance coloniale, alors que ses forces peinent tout autant que les armées africaines à faire face à la guerre asymétrique de haute intensité imposée par les terroristes djihadistes, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande au gouvernement de Côte d’Ivoire de ne pas se priver d’exploiter les expertises avérées en matière de lutte contre le terrorisme djihadiste. L’Algérie et la Turquie qui ont connu le phénomène du terrorisme intérieur sont des voies à explorer. Le secret de la Mauritanie est aussi à questionner. La synthèse de ces approches permettra de mettre en place une stratégie nationale efficace, anticipée et pérenne de lutte contre le terrorisme.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » se réjouit de toutes les initiatives prises par le gouvernement pour renforcer les capacités opérationnelles de notre armée mais souhaite que des efforts soient aussi faits pour amoindrir les contradictions politiques internes. Il revient donc aux gouvernants de prendre toutes les mesures pouvant contribuer à la décrispation réelle de l’atmosphère politique car, pour ne rien arranger, la Côte d’Ivoire se trouve cernée, dans ses frontières nord et ouest, par des situations politiques instables, volatiles. Quand l’on a pris la pleine mesure de cette situation, l’on ne se promène pas, de quelque bord que l’on soit, avec des barils de kérosène à la main, comme stylo, et à la bouche, comme paroles, dans les prises de décisions, dans les discours et les actes posés. Les engagements ne sont pas non plus à sens uniques. Les deux pôles de l’unité dialectique que forment le pouvoir et l’opposition son concernés mais avec une responsabilité plus grande pour le pouvoir.
Le cas Soro Guillaume
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » réitère aussi son appel à la décrispation des rapports entre le Président Alassane Ouattara et l’ancien président de l’Assemblée nationale Soro Guillaume. Le parcours politique du président Ouattara montre, s’il en est besoin, que la fixation sur un opposant politique s’est toujours révélée contre-productive pour son auteur. Au lieu de le détruire, elle construit plutôt la personnalité combattive et résiliente de ce dernier, lui attire la sympathie populaire et ne l’empêche nullement d’accéder au pouvoir. Elle ne fait juste qu’en retarder l’échéance, le temps que ce dernier achève son parcours initiatique qui conduit à la fonction présidentielle en Côte d’Ivoire. Il en a été ainsi d’Houphouët-Boigny sous le colon et de Laurent Gbagbo sous le régime PDCI. Le président Alassane Ouattara lui-même n’a pas échappé à cette logique initiatique inconsciemment sacralisée dans sa gouvernance par le personnel politique ivoirien au pouvoir. Pourtant, l’on peut bien se passer de ce chemin en instaurant un jeu politique ouvert et égalitaire.
La génération des Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara est en train de passer et passera. La passation de pouvoir avec la génération des Jean-Louis Billon, Soro Guillaume, Blé Goudé, Koné Katinan, Damana Pickass, Touré Mamadou, etc. doit se faire sans heurt et dans le respect des us politiques qui préservent la dignité humaine et autour desquels s’est construit, depuis Houphouët-Boigny, le compromis pour une action politique relativement sereine en Côte d’Ivoire. Briser ces us et codes politiques dans le but de conserver durablement le pouvoir ou d’éloigner de la compétition politique un adversaire dangereux est le meilleur moyen de construire un avenir incertain pour ses propres partisans parce que la loi de Lavoisier s’applique à toute dynamique sociale. Quand l’on veut se préserver des attaques, de la polémique et de la compétition, l’on recherche le consensus. Le consensus neutralise et vassalise les opposants grâce au jeu des rétributions politiques qui le nourrissent. Il élargit aussi les soutiens et renforce la cohésion sociale. Quand tout le monde est satisfait des conditions d’élection, il ne peut y avoir de violence.
Félix Houphouët-Boigny a emprisonné de nombreux opposants et partisans à travers, parfois, ce qui a été qualifié par les historiens de « faux complots ». Mais, il s’est toujours gardé de les humilier au-delà d’un certain seuil et en a même profité pour réhabiliter certains de ses anciens prisonniers qui sont devenus de grands serviteurs de l’Etat. La Côte d’Ivoire de l’après Houphouët-Boigny devrait demeurer dans la continuité des us par-delà les changements politiques non partisans. Et, le personnel politique, surtout le parti au pouvoir, devrait mettre ses actions politiques en perspective, dans la temporalité des cinquante années avant sa prise de pouvoir. Celles-ci doivent sortir de la spirale des représailles politiques qu’alimente la peur de l’alternance politique.
La parole « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils fassent pour toi » reformulée en « Traite les autres comme tu aimerais être traité » devrait être une maxime appliquée avec bienveillance dans le terrain politique ivoirien. Le président Alassane Ouattara a été frappé en 1999 par un mandat d’arrêt international. Mais il est rentré en Côte d’Ivoire, au cours de la même année, grâce à un concours de circonstances auquel ne s’étaient pas préparés ceux qui avaient lancé contre lui cette fatwa et aucune suite n’a été donnée à cela. Il avait été dit de lui qu’il ne serait jamais président dans ce pays. Mais il l’a été et continue de l’être. L’histoire nous parle.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » a joint sa voix à bien d’autres demandant le retour du président Laurent Gbagbo. Cela a été fait. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » a milité pour le retour du ministre Charles Blé Goudé. Cela est en cours de réalisation. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » milite aussi pour le retour sécurisé de l’ancien président de l’Assemblée nationale Soro Guillaume. Ce retour sécurisé se décline en ces points suivants :
– suspension des poursuites judiciaires contre Soro Guillaume et ses partisans par la prise d’une amnistie ;
– libération des personnalités proches de Soro Guillaume emprisonnées ;
– cessation des hostilités sur toutes les plateformes numériques par les partisans de Soro Guillaume et établissement d’un pacte de non-agression ;
– restitution des biens confisqués et vendus aux enchères de Soro Guillaume ;
– engagement de Soro Guillaume et de ses partisans à ne participer à aucune manœuvre de déstabilisation que ce soit de la Côte d’Ivoire et de ses institutions ;
– excuses publiques de Soro Guillaume au Président Alassane Ouattara ;
– réhabilitation de Soro Guillaume dans ses droits civiques et politiques ;
Tous les points d’accord qui seront obtenus à l’issue des négociations devraient, pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », faire l’objet d’un engagement écrit signé par toutes les parties. L’opinion publique nationale et internationale sera prise à témoin à cause de la versatilité légendaire du personnel politique ivoirien.
Chaque fois qu’un opposant au régime du Président Alassane Ouattara rentre en Côte d’Ivoire et participe au débat politique et à la construction de la cohésion nationale, c’est la démocratie ivoirienne qui se porte mieux et se renforce. Mais si tout le monde rentre en Côte d’Ivoire et que le président Soro Guillaume et ses amis restent les seuls condamnés à un exil forcé, la Côte d’Ivoire sera loin d’être démocratique aux yeux de leurs partisans. La situation de Soro Guillaume ressemble étrangement à celle des 46 militaires ivoiriens retenus au Mali. On y perd son latin et on ne sait plus quoi en dire encore sinon tout juste souhaiter que ce qui est soit. La formule consacrée est : « ce qui est sera ».
Un pays parrain du prix international pour la recherche de la paix de l’UNESCO qui a développé une curieuse belligérance atavique
Le présent appartient au père mais l’avenir appartient aux fils. En politique, le père ne peut hypothéquer l’avenir de ses fils par des manœuvres punitives qui n’auront plus de sens ni de valeur après lui parce que la vie politique au sommet est constitutionnellement à durabilité limitée. En politique, la vérité d’aujourd’hui finit toujours par devenir le mensonge de demain. Tout pouvoir politique s’adapte aux contradictions du moment et, les contradictions des pères ne sont jamais celles des fils et des successeurs ; les adversaires d’hier pouvant devenir les partenaires d’aujourd’hui. Rien n’est définitif en politique.
La belligérance perpétuelle n’apporte rien de bon dans l’édification des nations et dans la construction de la cohésion nationale qui est une source de richesse, un bien immatériel, en économie du développement. Il est aussi inutile de superposer les mœurs politiques occidentales aux réalités africaines. La judiciarisation de l’espace politique, comme les appels à l’insurrection populaire, est une boite de pandore qu’il faut se garder d’ouvrir en politique africaine parce que la démocratie est encore balbutiante et malmenée par moments. Et, nul ne sort gagnant en Afrique d’une logique politique de judiciarisation à cause du possible effet boomerang qu’elle peut engendrer. La victoire qu’on en tire ne dure qu’un temps. Elle est même une victoire à la Pyrrhus. Un seul commence et les autres poursuivent, dans des vendettas interminables pour tenir chaque génération d’opposants en laisse.
« Le renard passe passe … chacun son tour » dit la comptine. L’étendard de la toute-puissance, en politique, passe d’une main à une autre et, cette capacité qui divinise le pouvoir politique doit être manipulée avec circonspection. Les effets collatéraux de la longue stigmatisation subie par un camp sont là aujourd’hui, palpables et, chacun goûte à ses fruits amers et apprécie s’il a fait, bien fait pour son pays ce qu’il devait. Cela devrait inciter à ne plus tenter l’aventure.
En politique africaine, si le père ne fait pas la paix avec ses enfants de son vivant, à sa mort, les enfants feront la paix entre eux et le une seconde fois en lui faisant porter le fardeau de toutes les fautes suivant la logique du bouc-émissaire. L’arène politique est une société qui a ses mœurs et chaque pouvoir et chaque opposition, dans notre continent si instable, si fragile mais aux pouvoirs si forts, doivent faire l’effort de préserver les bonnes mœurs politiques parce que tout passe un jour et les jours ne se ressemblent pas.
Les grandes démocraties occidentales reposent sur des compromis parfois multiséculaires qui sont les régulateurs de leur vie politique. Il est donc plus que nécessaire de respecter les accords tacites des compromis politiques sans lesquels il n’y a pas de vie politique dans un pays. Mais, dans le fond, la démocratie, elle-même, est compromis et s’édifie par le compromis. Si les pays africains renforcent leur ancrage dans la démocratie, les choses iront d’elles-mêmes. Là où il n’y a pas de compromis, il n’y a pas de démocratie.
Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » trouve paradoxal qu’un pays qui est le parrain du prix Félix Houphouët-Boigny de l’UNESCO pour la recherche de la paix entretienne si fortement une belligérance quasi permanente et atavique. Les uns et les autres ont-ils conscience des implications et des enjeux politiques, diplomatiques et sociétaux de ces symboles que sont le prix de l’UNESCO et la présence de la Basilique Notre Dame de la paix de Yamoussoukro ? Ces symboles qui font partie de la richesse immatérielle de la Côte d’Ivoire ne sont appréciés et rentabilisés politiquement à leur juste valeur.
Et pourtant, ils peuvent servir de levain à la diplomatie ivoirienne pour un engagement pour la paix dans le monde. Le jour où les ivoiriens trouveront ce qui a motivé la présence de ces symboles dans leur vie, ils comprendront l’esprit de Félix Houphouët-Boigny. On se gargarise de ce nom. Mais y a-t-il en Côte d’Ivoire des houphouétistes dignes de ce nom ou a-t-on préféré choisir l’Houphouët-Boigny des premières décennies des indépendances qui avait besoin de consolider son pouvoir tout en lançant une politique de grands travaux au lieu du sage et bélier de Yamoussoukro qui avait, au soir de sa vie, compris que « la paix n’est pas un vain mot mais un comportement » ? Un homme de paix pose des actes de paix et respecte ses engagements en faveur de l’apaisement.
Les ivoiriens doivent prendre d’Houphouët-Boigny le meilleur, l’homme des grands travaux, certes, qui a su, avec intelligence, transformer des broussailles en villes, à Abidjan mais aussi et, surtout, l’homme de paix et l’homme du vivre-ensemble harmonieux dont le rêve était de réunir des peuples différents en une nation unie, solidaire, travailleuse et prospère et qui a eu besoin de la main laborieuse des voisins pour réaliser ce grand rêve national. Telles sont les origines profondes de la Côte d’Ivoire sur lesquelles doivent s’élever les murs du développement participatif et solidaire. Il ne faut pas laisser la plongée dans l’abîme du ressentiment détruire notre contribution si précieuse à l’édification d’une Côte d’Ivoire unie dans sa diversité et en paix avec elle-même. Le ressentiment, érigé en stratégie de conquête ou de conservation du pouvoir, est un mauvais conseiller. Ses voies sont sans issue.
L’âme de la nation ivoirienne qui guide toutes les initiatives politiques en interne comme à l’extérieur, des indépendances à nos jours, est marquée par trois concepts, trois piliers fondamentaux mis en place depuis le discours de Félix Houphouët-Boigny au stade Géo-André le 7 septembre 1958 : le compromis, le consensus et la recherche de la paix par toutes les voies possibles. Ces concepts sont quasi mystiques pour l’homme politique ivoirien de premier plan.
Tout pays a son ADN qui explique les rapports entre les acteurs du corps social et ses relations avec le reste du monde. La Côte d’Ivoire ne doit pas perdre son âme. Elle doit sortir de la méfiance et de la belligérance permanente qui s’est installée entre ses hommes politiques et revenir à elle-même pour une vie politique élégante, saine et fructueuse pour la nation. La dialectique est consubstantielle à la politique mais elle n’est pas belliciste. Pendant que les contradictions se multiplient sur la scène internationale, il n’est pas bon de laisser les contradictions à l’échelle nationale prendre de l’ampleur et ruiner tous les efforts de reconstruction post-crise effectués jusque-là. Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », ceci n’aura lieu que dans le meilleur des mondes.
Mais le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » est conscient que nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes et la lutte pour le pouvoir a engendré beaucoup trop de frustrations et de crocs-en-jambe en Côte d’Ivoire. Les ressentiments demeurent vifs mais refoulés et attendent le moment propice pour exploser en violences. C’est notre faiblesse commune que l’ennemi, qu’il soit terroriste ou non, n’hésitera pas à exploiter. Les filles et fils de la Côte d’Ivoire peuvent, cependant, transformer cette faiblesse en force pour construire la nation. Le dialogue, la concertation permanente, la compréhension des attentes des uns et des autres, le compromis ainsi que le respect de la parole donnée et de la signature sont les matériaux de cet ouvrage collectif.
Fait à Abidjan, le 8 novembre 2022.
Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
Le Président
Pr. Séraphin Prao
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