«L’Afrique n’est pas contre l’Ukraine», selon Macky Sall (UA)  » mais le continent réclame sa place au Conseil de sécurité et au G20″

« L’Afrique n’est pas contre l’Ukraine », assure Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine
Le chef de l’Etat sénégalais a expliqué le refus de nombreux pays africains de prendre parti dans la crise comme une réaction à l’indifférence internationale face aux agressions visant le continent.

Le président de l’Union africaine (UA), Macky Sall, a assuré, lundi 24 octobre, que l’Afrique n’était « pas contre l’Ukraine », pays « agressé », mais a expliqué le refus de nombreux pays africains de prendre parti dans la crise comme une réaction à l’indifférence internationale face aux agressions visant le continent.

« L’Afrique n’est pas contre l’Ukraine, il ne faut pas qu’on ait l’impression que les Africains sont insensibles à la situation de l’Ukraine. Ce n’est pas ça du tout », a déclaré le chef de l’Etat sénégalais lors de la huitième édition du Forum international de Dakar, une conférence de dirigeants et d’experts sur la sécurité en Afrique. « Mais les Africains disent qu’au même moment où l’Ukraine est en guerre, est envahie, est agressée, l’Afrique est en permanence agressée par le terrorisme », a-t-il dit. Il a aussi cité l’absence de solidarité internationale face à la crise économique qui éprouve le continent et face aux maladies.

« Nous sommes en 2022, nous ne sommes plus pendant l’ère coloniale. Nous sommes en 2022, donc les pays, même s’ils sont pauvres, sont d’égale dignité. Il faut qu’on traite leurs problèmes avec le même respect », a-t-il renchéri. Il a renouvelé son appel à une meilleure représentation africaine au sein des organisations internationales comme le Conseil de sécurité de l’ONU ou le G20.

L’emploi du mot « agressée » pour l’Ukraine est significatif de la part du président de l’UA. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a divisé les pays africains, ainsi que l’ont montré plusieurs votes aux Nations unies depuis février. Près de la moitié d’entre eux se sont encore abstenus ou n’ont pas pris part au vote, le 12 octobre, quand l’Assemblée générale de l’ONU a condamné l’annexion par la Russie de territoires ukrainiens.

Une « menace existentielle »
Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris, le 2 mars, en s’abstenant lors d’un vote de l’Assemblée générale en faveur d’une résolution qui exigeait que « la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». Le Sénégal avait en revanche voté, le 24 mars, une seconde résolution exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre. Il a aussi voté, le 12 octobre, pour la condamnation de l’annexion.

Macky Sall a plaidé pour l’ouverture de négociations entre les protagonistes de la crise ukrainienne. « Nous devons être capables d’arrêter cette guerre qui est en train de détruire le monde », a-t-il dit. Peu auparavant, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat française auprès du ministère des affaires étrangères, avait plaidé pour la « solidarité » du continent avec les Européens face à l’offensive russe. Celle-ci représente une « menace existentielle pour la stabilité et l’intégrité de notre continent », a-t-elle dit.

« Tous les Européens le vivent ainsi. C’est pourquoi nous exprimons une attente de solidarité à l’égard de l’Afrique », a ajouté Chrysoula Zacharopoulou en présence du président sénégalais, de deux autres chefs d’Etat africains et d’un certain nombre de ministres des affaires étrangères : « Nous ne le dirons jamais assez : la Russie et la seule responsable de cette crise économique, énergétique et alimentaire. » L’Afrique a été durement affectée par les effets de la crise ukrainienne et son impact sur les prix et les approvisionnements, en céréales par exemple.

Face aux critiques qui trouvent un large écho en Afrique contre une propension de la France ou de pays occidentaux à vouloir dicter leur loi à leurs partenaires africains, la responsable française a assuré que la France, quand elle déploie des missions comme la force antidjihadiste « Barkhane » au Sahel, n’intervenait pas « en substitution » aux armées nationales, mais « en appui ».

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Le Monde avec AFP

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